Clémentine Autain, Big bang, maxi flop

mercredi 17 juillet 2019.
 

L’appel "Pour un big bang de la gauche" lancé par Clémentine Autain

Clémentine Autain réunit son « big bang » pour régénérer la gauche

Je viens de lire l’appel à un « big bang » de gauche lancé par Clémentine Autain et quelques autres. Je ne l’avais pas fait avant par manque de temps et d’envie pour un texte dont je devinais qu’il serait la énième édition des appels du genre « chantiers de l’espoir », « rallumer les étoiles » et autres « faire bouger les pétards mouillés » connus dans le passé. Je n’ai pas été déçu : c’est exactement ce dont il s’agit.

Je dois dire que j’ai dû me forcer un peu pour lire en entier tant j’ai du mal à supporter ce style amphigourique consistant à mettre n’importe quel adjectif derrière n’importe quel mot pour se donner des airs de philosophe. Genre (c’est vraiment dans le texte) : « pluralisme authentique », « cohérences partagées » ou « proposition politique propulsive » (la fameuse PPP, à ne pas confondre avec les partenariats publics-privés, qui sont encore autre chose, mais qui existent sous des gouvernement de droite et de gauche).

Passons. J’ai lu, donc, et j’ai essayé de comprendre. Mais j’ai vraiment du mal. Je comprends qu’on nous dit qu’il faudrait un projet de société fédérateur pour porter des idées comme « une nouvelle République », « le partage des richesses » et la rupture « avec le productivisme et le consumérisme qui nous mènent au chaos climatique » . Je n’ose suggérer que c’est ce que propose le programme « L’Avenir en commun », soutenu par plus de 7 millions de personnes à l’élection présidentielle. Mais pour le savoir, encore faut-il l’avoir lu. Ça éviterait d’en découvrir le contenu avec des questions de Jean-Michel Aphatie à des moments inopportuns.

Bon. Donc il faut un programme du genre de « L’Avenir en commun ». Je suis d’accord. D’ailleurs j’ai voté pour ça à l’élection présidentielle. Mais il faut une stratégie aussi. Le « Big Bang » nous en propose une. Mais comme aux origines du monde, c’est un sacré bordel. J’ai compris de ce texte qu’il fallait essayer de rassembler la « gauche » comprise comme les « insoumis, communistes, anticapitalistes, socialistes et écologistes décidés à rompre avec le néolibéralisme », tout ça pour se fixer « l’objectif d’être majoritaire ». Il reste à certains à faire des mathématiques quand le total des quatre premières listes clairement identifiées de « droite » (je souligne « clairement identifiées », parce qu’il y en a qui sont libérales mais avec des étiquettes « de gauche ») arrivées en tête à l’élection dépassent déjà les 60% (des votants !) à elles seules.

Mais attention, on nous dit aussi (« et en même temps ») que ce n’est pas DU TOUT de ça dont il s’agit. Il est écrit que les « micro-accords de sommet et de circonstances » ne sont pas la solution, pas plus « que l’appel à une improbable “union de la gauche” à l’ancienne ». Il faut donc faire autre chose, comme fédérer les luttes (on n’est pas loin de « fédérer le peuple », mais le mot « peuple » est rigoureusement absent du texte). Et il est notamment fait mention des gilets jaunes, ce qui est un bon changement de pied pour Clémentine Autain qui écrivait, le 4 novembre 2018 sur Facebook : « Je ne serai pas le 17 dans les blocages parce que je ne me vois pas défiler à l’appel de Minute et avec Marine Le Pen ». On ne peut que saluer tant de clairvoyance politique.

Au total, donc, le « big bang » consiste à faire « L’Avenir en commun » avec une stratégie à la « et en même temps » peu claire qui mêle des éléments incompatibles. On verra ce que ça donne. Je doute que quoi que ce soit de ce genre puisse produire autre chose qu’un maxi flop, comme tous les appels du même type qui l’ont précédé. J’ajoute enfin que je trouve dommage que ceux qui demandent des discussions dans le « respect » et la « tolérance » ne s’appliquent pas la consigne, comme le rédacteur en chef de « Regards », la revue de Clémentine Autain, qui n’a pas hésité à traiter Jean-Luc Mélenchon de « matrice de rouge brun ». J’ose espérer que les près de 10 000 tweets qui ont émergé spontanément mercredi dernier pour soutenir Jean-Luc Mélenchon feront un peu réfléchir les gens comme lui qui ont l’insulte facile.

Pour ma part, je me repère sur l’élection présidentielle de 2017 où la participation au vote de près de 80% (donc d’une large part des catégories populaires) me semble pouvoir donner des enseignements sérieux pour ceux qui veulent se battre du côté du peuple contre la petite caste politique, économique et médiatique qui verrouille notre société. Dans cette élection, nous avions un candidat et un programme qui nous ont porté à près de 20% des suffrages et 7 millions de voix. Nous y avons parlé de la 6e République, du partage des richesses, de la planification écologique et de la paix. Mais aussi du rôle de la France en Europe et dans le monde. Nous avons mis tout ça dans un programme clair et cohérent qui s’appelle « L’Avenir en commun ». Nous y avons adopté une stratégie de conflictualité avec le pouvoir « de gauche » en place qui, quoique « de gauche » a fait la loi El Khomri par 49.3 et essayé, heureusement sans succès, de faire la déchéance de nationalité. Bref : nous avons appliqué dans l’élection présidentielle de 2017 la stratégie qui correspondait au programme de rupture – de « Révolution citoyenne » – qu’est « L’Avenir en commun ». Avec le succès qu’on sait : la marche du deuxième tour et la prise du pouvoir étaient à portée de main. Il me semble que c’est de cela dont il faut s’inspirer pour ceux qui, comme moi, se fixent l’objectif « d’être majoritaire ». C’était qui, déjà, notre candidat ?


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