Pesticides : Macron, les maires et l’écologie

mardi 17 septembre 2019.
 

C’est une contagion partie de Langouët en Ille-et-Vilaine. Elle a atteint Audincourt, Val-de-Reuil, Boussières, Aubenas-les-Alpes… et se propage à bien d’autres communes encore. Philippe Laurent, secrétaire général de l’Association des maires de France est allé jusqu’à créditer de plus de 90% le soutien apporté par la population à une interdiction de l’utilisation de produits phytosanitaires à proximité des lieux de vie. Il souhaite en conséquence que la question fasse l’objet d’un débat public.

L’arrêté anti-pesticides pris par Daniel Cueff, le maire de Langouët, le 18 mai de cette année a pourtant été retoqué le 22 août par le juge des référés du tribunal administratif de Rennes au motif que cette décision relevait des compétences seules de l’État. Il pointait néanmoins un problème de santé publique essentiel et proscrivait l’usage des produits phytosanitaires à moins de 150 mètres de « bâtiments d’habitation ou professionnel ». Le maire breton, qui revendique 150.000 soutiens n’a pas désarmé et a fait appel de la décision tout en demandant aux maires d’imiter son exemple. Appel manifestement entendu. Même par Macron mais bien sûr à sa façon. Il a déclaré comprendre le maire de Langouët « dans ses intentions » et en même temps comprendre les préfets chargés de faire respecter les lois. Il en a conclu, retrouvant les accents de son livre programme de 2017, Révolution, que « la solution n’est pas de prendre un arrêté pas conforme à la loi » mais plutôt de « changer la loi ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. La ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne a révélé qu’un projet était à l’étude pour définir une « zone minimale entre les épandages et les habitations ». Vraiment minimale puisque Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a estimé qu’elle devrait s’étendre de 2 à 5 mètres autour des habitations…

À la vérité, il semble bien que sur ce sujet, Emmanuel Macron cherche avant tout à séduire les maires de France qui avaient peu goûté le mépris dont il avait fait preuve à l’égard des finances et compétences municipales dans l’acte 1 de son quinquennat. Mais aussi, tout en les concurrençant, les écologistes, dont il veut apparaître comme le champion, ce que montre sa polémique avec Jair Bolsonaro, manière de faire oublier sa pitoyable gestion de la Guyane, partie française de l’Amazonie, toujours livrée aux lobbies miniers et si peu soucieuse des droits de ses premiers habitants, les Amérindiens. Ou comment, en même temps, on ne change rien…

Jean-Luc Bertet


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