Comptes de campagne : ces 8 millions venus des Emirats arabes qui ont sauvé le FN en 2017

dimanche 13 octobre 2019.
 

Comme le révèle Mediapart ce vendredi 4 octobre, le Front national a pu boucler ses comptes de campagne en 2017 grâce à un prêt de 8 millions d’euros de l’homme d’affaires Laurent Foucher. L’argent a transité par les Émirats arabes unis.

Après la Russie, les Émirats arabes unis. Bien souvent en délicatesse avec les banques, le Front national – rebaptisé depuis Rassemblement national -, a été sauvé de la banqueroute, après la campagne présidentielle de 2017, par un prêt de 8 millions d’euros consenti, nous apprend Mediapart ce vendredi 4 octobre, par l’homme d’affaires français Laurent Foucher, via une banque émiratie.

Le contrat, signé à Bangui (République centrafricaine) fin juin 2017, a permis au parti d’extrême droite de ne pas déposer des comptes en déficit, ce qui aurait provoqué l’invalidation et donc le non-remboursement des dépenses de campagne de Marine Le Pen. Alors que les comptes du FN étaient à ce moment-là déficitaire de "5 à 6 millions d’euros", selon Mediapart, les fonds ont été transférés depuis la société de gestion d’actifs Noor Capital, basée à Abou Dhabi (Émirats arabes unis), en direction de la Société générale, alors banquière du FN.

"Une bonne opération"

Les intérêts de Laurent Foucher se concentrent surtout en Afrique, dans les secteurs du pétrole et de la mine. Il dirige également l’opérateur de téléphonie Telecel Group, implanté dans 26 pays. "Je ne l’ai pas fait pour des raisons idéologiques, ni à la place de quelqu’un d’autre", assure-t-il au média en ligne. "J’avais ces 8 millions. Ils m’ont dit que c’était une question de vie ou de mort, je l’aurais fait pour n’importe qui. (…) Avec ce prêt rémunéré à 6 % sur huit mois, je réalisais une bonne opération." L’argent avancé par Laurent Foucher a été remboursé en mars 2018 par le Rassemblement national, après que celui-ci eut reçu le remboursement des frais de campagne par l’État.

On peut, au regard des déclarations passées de plusieurs cadres du Front national à l’encontre des pays du Golfe persique, s’étonner de la présence d’une banque émiratie dans cette transaction. En 2016, l’eurodéputé Bernard Monot, alors conseiller stratégie et économie de Marine Le Pen, expliquait ainsi à Mediapart avoir mis son "veto" à un financement en provenance du Moyen-Orient. "Si on acceptait, on ne serait plus crédibles", déclare alors celui qui rejoindra Debout la France en 2018. Et Bernard Monot d’ajouter : "On ne peut pas dénoncer madame Merkel et le Qatar qui possède 10 % de la Deutsche Bank et qui pourrait encore la renflouer, et de l’autre faire la même chose." Il faut croire que nécessité fait loi.


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