Marseille : Un an après le 5 novembre

mardi 19 novembre 2019.
 

Le 5 novembre 2018, deux immeubles rue d’Aubagne, à Marseille, s’effondraient. Huit personnes perdaient la vie. Le 63, vide, appartenait à Marseille Habitat, organisme municipal en charge des opérations urbaines. Le 65 avait été évacué le 18 octobre 2018. Le soir-même, les experts avaient autorisé la réintégration des logements. Ce drame est le résultat d’un système totalement inopérant.

Le 5 novembre 2018, le système devient fou. En quelques jours, des centaines de personnes sont sorties de chez elles, mises dans des hôtels. Elles deviennent des milliers. On avance le chiffre de 4 000 « délogés » en un an. Ces délogés sont principalement des habitants du centre-ville qui, derrière la vitrine pour les touristes, reste très populaire avec des immeubles dégradés et insalubres. Les délogés ne sont pas la caricature des pauvres qui découvriraient les croissants à l’hôtel, offert par la mairie. Nous sommes à l’image de ce centre-ville de Marseille, mélangé et populaire.

La réponse politique est en deçà du cataclysme que vit la ville. Le Collectif du 5 novembre, Noailles en colère, obtiendra un guichet unique pour accompagner les délogés, dans une désorganisation dramatique. Il obtiendra une charte du relogement avec un minimum de droits. Mais tout se fait au prix d’une mobilisation sans précédent. Le collectif du 5 novembre assume simultanément la solidarité qui afflue massivement, l’accompagnement des délogés, avec un réseau d’avocats et une analyse juridique, la riposte politique à l’échelle de la ville. Des milliers de personnes descendent dans la rue au cri de « Gaudin démission ». Le mépris affiché par l’équipe en place qui, le soir-même du drame était à une « soirée chocolat », ulcère Marseille.

Les associations et collectifs de la ville s’organisent autour d’un texte Marseille vivant et populaire qui aboutit à une démarche : les « États généraux de Marseille accueillante, vivante et populaire » en juin 2019 qui réunit plus de 60 structures pour renforcer un contre-pouvoir citoyen perdurant après les élections de 2020. Une méthode est proposée : faire en sorte que les collectifs et associations se renforcent mutuellement, à la fois en travaillant avec les institutions et dans les mobilisations populaires. La semaine du 5 novembre 2019 a été l’occasion de commémorer. Marseille une nouvelle fois, s’est retrouvée à Noailles pour pleurer ses morts et dénoncer la politique meurtrière du maire LR.

Marie Batoux


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