Un collectif de personnalités, dont Annie Ernaux, Danièle Sallenave, Alice Zeniter, Etienne Balibar, Robert Guédiguian et Thomas Piketty, lancent un appel à s’associer aux mouvements « jaune, vert, rouge, noir ou arc-en-ciel ».
Face aux offensives d’un gouvernement néolibéral et autoritaire, nous estimons qu’il est de notre responsabilité d’affirmer que notre présent et notre avenir émergeront des luttes sociales et politiques.
Nombreux sont les mouvements populaires qui traversent notre société et notre monde : ils s’érigent face aux dogmes d’une économie financiarisée qui incite et invite à la consommation déraisonnée ; ils inventent des alternatives aux inégalités sociales, raciales et genrées trop souvent considérées comme des paramètres indépassables ; ils affrontent les semeurs de haine et de peur qui veulent fracturer notre société.
Dans la rue, sur les ronds-points, au sein des associations, des syndicats, des partis, dans les quartiers populaires, dans les villes et dans les campagnes, en famille ou entre amis, les possibles s’échafaudent et se multiplient, les expériences réellement démocratiques se dessinent, les solidarités se font rapports de force.
L’écologie populaire se dote d’une colonne vertébrale idéologique et pragmatique ; les mouvements sociaux embrassent l’ensemble de la société. Aussi, nous devons le réaffirmer aujourd’hui : malgré l’intimidation constante et l’extrême répression devenue système, la démocratie ne doit plus avoir peur du peuple.
La liberté et l’égalité, l’écologie et la justice, tous les fondements essentiels de notre République ne peuvent plus être de vains concepts. Ils doivent alimenter une pensée et une action sans cesse renouvelées, sans cesse débordées, de la France que nous voulons : le partage des richesses, des pouvoirs, des savoirs et des temps que nos services publics réinventés doivent assurer ; la protection professionnelle et sociale pour toutes et tous, tout au long de la vie ; l’égalité politique et sociale des minorités ; l’écologie populaire, seul futur envisageable pour la survie de nos écosystèmes.
« Les mouvements sociaux actuels ne sont une crise que pour la politique gouvernementale », disait déjà l’appel des intellectuels publié dans les colonnes du Monde en décembre 1995.
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