Hongkong : des centaines de milliers de manifestants à Hongkong, pour marquer les six mois de la contestation

mercredi 11 décembre 2019.
 

Sous un ciel hivernal radieux, ils défilaient à nouveau, dimanche 8, afin de laisser une « dernière chance » aux autorités locales, et à la Chine, de répondre à leurs revendications.

Six mois après la première grande manifestation du 9 juin, des centaines de milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues de Hongkong dimanche 8 décembre pour protester contre les répressions policières et réclamer des réformes démocratiques. Les organisateurs du Front civique des droits de l’homme (CHRF, pour Civil Human Rights Front, en anglais) ont dénombré 800 000 participants. La police, 183 000.

De fait, les Hongkongais se sont à nouveau mobilisés mais ils étaient moins nombreux que les 9 et 16 juin, lorsque les manifestations avaient rassemblé respectivement 1 million et près de 2 millions de participants, et il est peu probable que cette journée du 8 décembre change fondamentalement la donne.

Les opposants à Carrie Lam, la chef de l’exécutif, et à Pékin ont à nouveau prouvé qu’ils étaient capables de mobiliser la population. Mais personne n’en doutait vraiment, surtout depuis leur écrasante victoire aux élections locales du 24 novembre où les prodémocrates ont gagné 17 des 18 districts. La manifestation avait d’ailleurs été autorisée par la police. Une première depuis la mi-août.

Quelle suite pour le mouvement ?

Si elle s’est dans l’ensemble déroulée dans le calme, des échauffourées ont eu lieu en fin de journée.

Quelques heures avant le début de la manifestation, la police avait présenté des armes, notamment un pistolet et des couteaux, saisis dans la nuit à l’issue d’une opération au cours de laquelle onze personnes ont été arrêtées.

Vendredi 6 décembre, Jimmy Sham, un des responsables du CHRF, avait évoqué « la dernière chance donnée par le peuple à Mme Lam ». Mais si celle-ci affirme régulièrement avoir entendu les messages envoyés par la population, elle n’a pas fait la moindre concession depuis le 4 septembre, date à laquelle elle a officiellement renoncé à faire passer une loi autorisant les extraditions vers la Chine.

Mais depuis, l’essentiel des revendications portent sur la création d’une commission d’enquête indépendante sur les violences policières. Depuis six mois, 5 800 personnes ont été arrêtées et environ 10 000 gaz lacrymogènes ont été tirés par les forces de l’ordre. Or les autorités locales refusent catégoriquement une telle commission.

Beaucoup, à Hongkong, s’interrogent sur les suites à donner au mouvement.

Certains militants appellent les Hongkongais à adhérer à une organisation syndicale afin de préparer une grève générale.

La visite de Xi Jinping à Macao le 20 décembre sera également observée de près.

Le président chinois va se rendre dans l’autre région administrative spéciale pour commémorer les 20 ans de la rétrocession de l’ancienne colonie portugaise à la Chine survenue le 20 décembre 1999. Celui-ci devrait à nouveau faire l’éloge du principe « un pays, deux systèmes » qui régit les relations entre Macao, Hongkong et la Chine continentale.

Si les habitants de Macao ne remettent pas ce principe en question, il n’en est plus de même des habitants de Hongkong.

Le discours de Xi Jinping sera donc suivi de près à Hongkong, mais aussi à Washington, où Donald Trump vient, au grand dam de Pékin, de ratifier une loi prévoyant que, désormais le Congrès américain étudie chaque année la situation des droits de l’homme à Hongkong, ainsi que l’autonomie réelle de cette île par rapport à Pékin avant de continuer à lui accorder un traitement économique plus favorable.


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