Le droit de grève

jeudi 19 juillet 2007.
 

Cet après midi la séance au Sénat sur le service minimum a commencé à 15 heures. L’ambiance était particulièrement tendue en raison des déclarations du Premier Ministre, hier soir sur TF1, à propos de l’idée d’étendre ce service minimum à l’éducation nationale. Pour tout le monde sur place on peut dire que cette déclaration a fonctionné comme un aveu. Cela peut paraitre étonnant. Mais le ministre s’en tenait, jusque là, à une ligne d’expression très modérée selon laquelle cette loi ne ferait que traiter techniquement un problème de gène des usagers du transport ferroviaire.....

C’est donc bien une visée globale sur le droit de grève dans le service public que porte le texte. Par conséquent, la séance a repris sur des interpellations du gouvernement par les groupes d’opposition. La tactique de la droite a consisté à faire le dos rond. Ses orateurs, ministre en tête, en sont restés au thème minimaliste « ici on ne s’occupe que du transport terrestre de service public et rien d’autre ». C’est assez étrange car l’objectif politique est tout a fait évident dans cette affaire. C’est d’ailleurs ce qu’attendent les mandataires de droite du gouvernement. J’en ai fait le thème de mon intervention. Il s’agit bien pour la droite de transformer sa victoire politique aux élections en une victoire sociale. C’est une même chose que le paquet fiscal d’un côté et les restrictions au droit d’action pour les travailleurs de l’autre. Mais il faut aussi prendre en compte un élément important. Cette loi fonctionne comme une préparation de l’avenir. Car le dispositif anti grève va mettre en place un nouveau fond de scène juridique juste avant la grande bataille que le gouvernement et la droite vont engager contre les régimes spéciaux de retraites et principalement contre celui des cheminots. Je ne suis loin de penser que l’idée du service minimum dans l’éducation est aussi une préparation pour le choc qu’on peut imaginer quand les 17000 suppressions de postes dans l’Education Nationale vont être concrétisées. Je pense que les syndicats sont mis au pied du mur d’une certaine façon. Ils jouent gros sur ces questions. Et nous tous à gauche. Il s’agit d’une liberté fondamentale. Pensez y !

Souvenez vous de tout ce qui a été rabâché pendant la campagne électorale contre Mai 1968. Pour ma part, je me souviens très bien des minauderies des belles personnes contre le prétendu slogan "central" de Mai 1968 "il est interdit d’interdire". Et aussi des pintades social bobocrates des éditorialistes cacochymes du Nouvel Observateur qui applaudissaient des deux mains chaque fois qu’il était question de "retour de l’autorité". Bien sur qu’il n’était pas question de ce que croient les petits blancs. Il s’agissait bien d’autre chose qu’un certain nombre d’entre nous ont pointé à l’époque.

1968 c’est surtout la grève générale de dix millions de travailleurs occupant leurs lieux de travail. C’est la sainte trouille du patronat qui lâcha 30 % d’augmentation du SMIG en une nuit. Et surtout, 1968, c’est la reconnaissance du droit de créer des sections syndicales dans l’entreprise. Quand on a entendu tout ce tintamarre contre 1968 il aurait fallu prendre conscience que certains ont une mémoire longue de l’histoire et la patience de la revanche. Il aurait fallu faire campagne en montrant le caractère particulier de cette droite là qui veut régler tous ses comptes en même temps. Au fond, nommer Fillon Premier Ministre, l’homme de la réforme des retraites, n’est-ce pas déjà un signal éclatant ? Nous y voila aujourd’hui. Cette loi sur le service minimum dans les transports ouvre la voie (sans jeu de mots) à une remise en cause générale du droit de grève en élargissant le champ de la criminalisation de l’action revendicative.

Demain je mettrai en ligne les interventions que j’ai faites dans l’hémicycle cet après midi. Elle peuvent aider mes lecteurs à disposer d’un argumentaire.


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