Clearstream : Six années de révélations et de rumeurs

samedi 28 juillet 2007.
 

Depuis février 2001, l’affaire Clearstream a mis en cause Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy, l’ancien chef de l’Etat Jacques Chirac et des responsables de l’UMP et de l’opposition.

Dominique de Villepin, a été mis en examen vendredi matin dans l’affaire Clearstream. Retour sur six années tumultueuses :

• Février 2001 : Le journaliste Denis Robert publie un livre, Révélations, qui prétend que la société financière luxembourgeoise Clearstream a des activités suspectes.

• 2002 : A la suite du livre, Florian Bourges, un consultant qui réalise un audit Arthur Andersen sur Clearstream, s’intéresse à des listings authentiques de comptes bancaires sans noms, qu’il remet à Denis Robert.

• Mars 2003 : Denis Robert remet ces vrais listings de comptes Clearstream à Imad Lahoud, un informaticien Franco-Libanais intéressé par l’affaire.

•Juillet 2003 : Imad Lahoud est recruté à EADS, le groupe d’aéronautique et de défense, par son vice-président Jean-Louis Gergorin, ami personnel de Dominique de Villepin.

• Fin 2003 : Jean-Louis Gergorin entre en possession d’une nouvelle version des listings, comportant cette fois des noms (on sait aujourd’hui qu’il s’agit de faux, imputés à Lahoud). Il en informe le cabinet de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, qui mandate le général Philippe Rondot pour des vérifications limitées aux fonctionnaires en cause.

• Mai-juin 2004 : le juge Renaud van Ruymbeke reçoit des courriers anonymes et des listings bancaires accusant des personnalités, dont Nicolas Sarkozy, de détenir des comptes dans la société Clearstream. Les commissions occultes de la vente des frégates de Taïwan en 1991 auraient transité sur ces comptes.

• 3 septembre 2004 : une instruction est ouverte pour « dénonciation calomnieuse ».

• Janvier 2006 : Nicolas Sarkozy porte plainte et se constitue partie civile dans l’enquête des juges d’Huy et Pons.

• 28 avril - 4 mai 2006 : Le général Philippe Rondot, conseiller spécial du ministre de la Défense jusqu’en 2005, déclare que le nom de Nicolas Sarkozy a été mentionné en sa présence lors d’une réunion du 9 janvier 2004, entre Jean-Louis Gergorin, ex-vice-président d’EADS jusqu’en mai 2006, Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, qui l’a chargé de mener des « vérifications » sur les listings de Clearstream.

• 11 mai 2006 : Le Monde publie des notes de Rondot « impliquant directement » le président Jacques Chirac et Villepin. Qui démentent.

• 2 juin 2006 : Gergorin reconnaît être l’expéditeur des lettres anonymes.

• 27 juillet 2006 : Rondot affirme ne pas avoir reçu l’ordre de « cibler » Sarkozy.

• 2 octobre 2006 : Villepin nie avoir détruit en septembre 2004, au ministère de l’Intérieur, un rapport de la DST désignant Gergorin comme corbeau.

• 21 décembre 2006 : Villepin est entendu pendant 17 heures par les juges d’Huy et Pons.

• 22 mai, 11, 22 et 26 juin 2007 : le général Rondot explique aux juges que Villepin lui avait fait part en 2004 d’« instructions » qu’il aurait lui-même reçues de l’ex-président de la République, Jacques Chirac. Il dit s’être ainsi senti investi d’une « mission présidentielle ».

• 22 juin : Chirac refuse d’être entendu sur des « faits accomplis ou connus durant son mandat ». Il « dément catégoriquement avoir demandé la moindre enquête visant des personnalités politiques. »

• Juillet : l’enquête se resserre autour de Villepin.

Le 4, l’expertise de l’ordinateur de Rondot démontre que Villepin a eu l’idée des rencontres secrètes entre Gergorin et le juge van Ruymbeke en 2004, avant que le juge ne reçoive les listings, qui s’avèreront falsifiés.

Les 5 et 6 : perquisitions au domicile et au bureau de Villepin qui dénonce « des accusations infondées » et demande à être témoin assisté pour se défendre. Il dément « formellement » toute initiative en direction de van Ruymbeke. Le 10 : L’ancien Premier ministre annonce sa convocation par les juges, qui « envisagent de le mettre en examen », le 27 juillet .

Le 19 : Gergorin confirme les notes de Rondot en précisant qu’au moment où Villepin a demandé au général le 9 janvier 2004, sur ordre de Chirac, d’enquêter sur ces listes, il était convaincu, comme lui-même, de leur véracité.

Le 27 : Villepin est mis en examen.


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