Réforme catastrophique des retraites en Allemagne

mercredi 25 mars 2020.
 

16/03/2020 |

Sur la chaîne Public Sénat, l’euro-députée allemande Evelyne Gebhardt (SPD) déclarait le 22 janvier dernier : « Faites attention en France de ne pas aller dans la même situation qu’en Allemagne, parce que c’est une catastrophe pour les personnes âgées ». La pauvreté des personnes âgées (Altersarmut, littéralement « pauvreté de l’âge ») est effectivement une véritable calamité, grosse d’enseignements de ce côté-ci du Rhin, à l’heure où Macron s’en prend à nos retraites

Cela fait maintenant pratiquement quinze ans que l’Allemagne a mis en place un système à trois niveaux :

1) une retraite publique obligatoire par répartition avec un système à points, en sachant que la valeur du point peut évoluer en fonction de critères économiques et démographiques et qu’elle est fondée sur la croissance moyenne des salaires ;

2) une retraite d’entreprise, financée par capitalisation et facultative ;

3) une retraite-épargne individuelle.

Résultat : selon une étude de la Fondation Bertelsmann et de l’institut économique berlinois DIW, le taux de pauvreté des retraités allemands pourrait passer de 16,8 à 21,6 % d’ici 2039, alors qu’il se situe aux alentours de 7,5 % pour leurs homologues français. Qui seraient les plus touchés ? Sans surprise, les Ossis (Allemands de l’ex-RDA) et... les femmes ! C’est-à-dire tous celles et ceux qui ont eu une carrière heurtée – les premiers ayant souvent perdu leur travail après la chute du Mur. Tout cela se combine avec les réformes néo-libérales du travail – les fameuses lois Harz votées sous Schröder –, ainsi qu’avec l’augmentation des loyers.

La GroKo à la peine

Mais la pilule ne passe pas. Pour preuve, le 22 novembre 2019, des retraités manifestaient à Leipzig avec une banderole où on pouvait lire : « Nous sommes nombreux, nous sommes bruyants parce qu’on nous taxe nos retraites ».

Devant ces résistances, le SPD et la CDU/CSU, les deux partenaires de la GroKo, se sont entendus sur une « Grundrente » (retraite de base). Elle devrait être effective en 2021, mais, selon Die Zeit du 19 février, c’est encore loin d’être fait. Entre 1,2 et 1,5 million de personnes devraient être concernées ; cela a par conséquent un coût. Le SPD voudrait le financer en taxant les transactions financières, ce qui fait évidemment hurler l’aile libérale de la CDU.

Pour illustrer cette réforme, le ministère du Travail prend l’exemple d’une coiffeuse ayant cotisé quarante ans au niveau du salaire minimum, qui pourrait ainsi voir sa retraite passer de 512 à 960 euros par mois. Ça n’a visiblement jamais gêné personne jusqu’ici que quelqu’un, qui a travaillé quarante ans, puisse avoir actuellement 512 euros de retraite ! Affaire à suivre et, surtout, exemple à ne pas suivre !

Dominique Batoux


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