Coronavirus et confinement : le gouvernement à la ramasse

lundi 6 avril 2020.
 

Faute de masques et de tests en quantités suffisantes, le gouvernement ne sait pas comment organiser la sortie du confinement. Il envisage de procéder par paliers. Mais lesquels ?

Jusqu’à quand allons nous rester confinés ? Le gouvernement a prolongé la réclusion du pays jusqu‘au 15 avril. Mais il y a fort à parier que celle-ci aille bien au-delà de cette date.

La stratégie du gouvernement est illisible. Les derniers sondages le confirment : que ce soit l’IFOP ou Elabe, la confiance envers Édouard Philippe et Emmanuel Macron pour affronter la pandémie dégringole. Plus de 10 points perdus en une semaine. Un vrai Trafalgar.

À vrai dire, l’exécutif navigue à vue. Écoutez Édouard Philippe mardi à l’Assemblée.

« Les conditions dans lesquelles nous allons pouvoir déconfiner sont encore à l’étude et dépendent très largement de l’efficacité du confinement, de la capacité d’accueil dans les services de réanimation puisque je renvoie à la stratégie globale qui est la nôtre : nous voulons veiller à ce que le virus ne circule pas à un rythme tel qu’il déborderait les capacités nationales d’accueil dans les services de réanimation. »

Entendu hier soir par la mission d’information que l’Assemblée a mise sur pied, le Premier ministre a évoqué une sortie progressive :

« Nous ne nous acheminons pas vers un déconfinement qui serait général et absolu, en une fois, partout et pour tout le monde. »

Trois scénarios sont envisagés par Édouard Philippe :

« Nous avons demandé à plusieurs équipes de travailler sur cette question du déconfinement en étudiant l’opportunité, la faisabilité d’un déconfinement qui serait régionalisé, ou d’un déconfinement qui serait sujet à une politique de test, et si oui laquelle ? Ou un déconfinement qui serait en fonction, qui sait, de classes d’âge. »

Le chef du gouvernement évoque une politique de tests. Mais la France est-elle en mesure de tester l’ensemble de sa population ?

Le pays compte 67 millions d’habitants. Au mieux, les autorités sanitaires pourront tester 150 000 personnes par jour. À ce rythme, il faudrait plus d’un an pour tester tout le monde. C’est irréaliste.

Dès lors, à quoi vont vraiment servir ces tests ? C’est la question que la députée communiste Elsa Faucillon a posée au ministre de la Santé.

« Attendez-vous d’avoir le nombre de tests de dépistage nécessaires pour entamer la stratégie à la sortie du confinement ? Votre objectif est-il encore d’atteindre le seuil de l’immunité de groupe en vous assurant d’ici là de minimiser le nombre de victimes ? »

La réflexion d’Elsa Faucillon est pertinente. Car le gouvernement, sans vraiment le dire et faute de mieux, a opté pour une stratégie d’immunité collective. En gros, l’épidémie s’éteint lorsque 60% d’une population donnée, en contact avec le virus, a développé une résistance à celui-ci.

Mais comment déterminer si l’on a atteint cette barre des 60% ? Les tests actuels ne sont d’aucun secours. Ils nous renseignent sur l’état du patient à l’instant T. Négatif aujourd’hui, ce dernier sera peut-être positif dans une semaine, après avoir croisé un porteur de virus.

Bref, ces tests ne disent pas si l’individu considéré a développé une réponse immunitaire contre la maladie. Il n’y a qu’une sérologie, c’est-à-dire un examen sanguin qui puisse l’établir.

Et justement, de ce côté-là, il y a une bonne nouvelle.

La société bretonne NG Biotech propose depuis mardi un test sanguin rapide permettant de détecter la présence d’anticorps capables de neutraliser le coronavirus.

Ce test a été validé dans plusieurs hôpitaux de la région parisienne.

NG Biotech annonce la fabrication de 120 000 tests pour le mois d’avril. La société serait en mesure de livrer 6 millions d’unités en six mois.

Les professionnels de santé seront les premiers servis.

Une première commande publique, d’un montant de 500 000 euros, a été passée. Elle doit permettre de qualifier définitivement le test. Pour la suite, le ministre de la santé se dit preneur de toute la production de NG Biotech.

Mais, pour être efficace, le dépistage doit être pratiqué sur les 2/3 de la population, au moins. Il faudra, par conséquent, trouver des tests équivalents ailleurs.

Sur un marché où la demande est extrêmement forte, ce n’est pas gagné.

Voilà pourquoi l’option d’une sortie graduelle du confinement est retenue.

La pénurie de masques nous a conduits au confinement. La pénurie de tests va, à présent, nous y maintenir.


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