Coronavirus : le temps du répit ?

mardi 7 avril 2020.
 

La bataille fait rage en première ligne pour les soignants, et ceux qui continuent de faire tourner la machine des activités essentielles : caissières, livreurs, facteurs, ouvriers sollicités pour produire en quantité le matériel médical, etc. Exposés, dénués de protection ou presque, à un virus qui a déjà fait 50 000 morts dans le monde, dont les deux tiers en Europe, et plus de 5 000 en France.

Mais une fois retombées le brouhaha de l’urgence et de la communication politique, le constat est celui du silence. Le chant des oiseaux qui reprend le dessus sur le fracas de la croissance à tout prix. Pour limiter la propagation du virus, la machine infernale mondiale s’est arrêtée, du moins ralentie. Confinement, quarantaine, fermeture des frontières, chômage partiel. Usines et transports au ralenti. Et donc moins de pollutions chimiques, atmosphériques, visuelles, sonores, mentales. Des villes silencieuses, l’air et l’eau moins pollués, la nature qui reprend ses droits. En 40 ans, on n’avait pas vu d’amélioration aussi forte de la qualité de l’air sur l’agglomération parisienne. Selon un chercheur de Stanford, « la réduction de la pollution en Chine a probablement sauvé 20 fois plus de vies que celles qui ont été perdues en raison du virus ».

En bref, les écosystèmes respirent. Les humains aussi. Mais pas tous. Ce ralentissement forcé est un révélateur d’inégalités. Ceux qui étaient précaires le sont d’autant plus : le temps du répit n’existe pas pour les mal-logés, les réfugiés, les sans-logis, les prisonniers. Face au virus, le confinement et les conditions dégradées d’hébergement sont une double-peine. 3,9 millions de salariés sont au chômage partiel, ceux au-dessus du SMIC avec une réduction de leur salaire. D’autres ont dû fermer boutique, disparu leur chiffre d’affaire. Pour ceux qui triment en première ligne, le gouvernement a déjà décidé la possibilité du travail le dimanche, de la semaine à 60h et des congés payés imposés pendant le confinement.

Les plus chanceux profitent des bienfaits du repos. Mais la relance économique qui pourrait suivre pourrait s’avérer particulièrement polluante, comme en 2008 au sortir de la crise financière. Vaincre le virus est une première bataille. Mais l’urgence écologique est une menace plus grande encore. A nous de tirer les leçons du moment pour transformer le répit temporaire et subit en une bifurcation écologique qui offre un droit à la tranquillité choisi, organisé et durable à la nature comme à tous les êtres humains.

Manon Dervin


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