La doctrine sociale de l’Eglise catholique, ferment communautariste

mardi 7 août 2007.
 

La Doctrine Sociale de l’Eglise catholique fait l’objet d’une confusion souvent entretenue par ceux qui s’en réclament et qui n’en retiennent que ce qui les arrange. Or, considérer comme subordonnés les « droits humains de chacun » revient à les considérer comme secondaires par rapport à l’appartenance communautaire. Pourtant, le combat contre la dictature de l’argent et de ses serviteurs, visibles ou moins visibles, reste bien le premier combat à mener.

La Doctrine Sociale de l’Eglise catholique fait l’objet d’une confusion souvent entretenue par ceux qui s’en réclament et qui n’en retiennent que ce qui les arrange. Contrairement à une idée reçue, cette doctrine n’est pas une technique permettant de résoudre les problèmes sociaux, ce que Léon XIII appelait la « question ouvrière ». Car l’adjectif social de l’expression doctrine sociale signifie relative à l’organisation de l’ensemble de la société, la question sociale proprement dite n’y jouant qu’un rôle secondaire. Ce caractère global de la doctrine est souligné par tous les Papes, en particulier dans les nombreuses Encycliques commémorant un anniversaire de Rerum novarum, la dernière en date étant Centissimus annus de Jean-Paul II de 1991, l’Encyclique du centenaire. Ce qui fait qu’on ne peut dissocier clairement le politique et le social d’avec le religieux qui les surplombe.

Qu’y avait-il avant Léon XIII, que l’on présente comme le grand réformateur de l’Eglise ? Il y avait le refus catégorique de poser la question sociale, comme d’ailleurs la question politique. Certes il se trouvait des catholiques qui pensaient que du message évangélique découlait la nécessité de prendre en compte le sort des misérables : le journal de Lamennais, L’avenir, qui militait dans ce sens a été nettement désavoué par le Pape Grégoire XVI qui a rédigé une Encyclique spécialement dans ce but, Mirari vos, en 1832. C’est dans ce contexte historique qu’il faut replacer Rerum Novarum qui est de 1891, alors que le Manifeste de Marx et Engels est de 1848 : l’église finit par reconnaître qu’il existe une question ouvrière liée à la révolution industrielle lorsqu’elle ne peut faire autrement sous peine de sortir de l’histoire, et surtout lorsqu’elle voit grandir la menace socialiste que Léon XIII dénonce avec force.

Car la Doctrine Sociale de l’Eglise reste ancrée à la formule « hors de l’Eglise point de salut ». Dès le 21 novembre 1893 Jaurès dénonce à l’Assemblée, en réponse à la déclaration du cabinet Dupuy, le caractère rétrograde de la doctrine sociale de l’Eglise : « Le socialisme sortait de la République ; vous ne pouvez détruire la République, mais vous y introduisez ses ennemis d’hier en gouvernants et en maîtres, pour en chasser plus, sûrement les militants qui l’ont faite et qui ont versé leur sang pour elle. Vous ne pouvez pas détruire ouvertement, officiellement votre ½uvre de laïcité, mais vous mettez votre République sous le patronage de la papauté... Oui, c’est la politique de Léon XIII qui vous dirige ».

Jean XXIII comme Jean-Paul II reprennent en ch½ur cette idée qui souligne le caractère dogmatique de la doctrine : l’Eglise catholique est la seule habilitée à interpréter les Ecritures et à dire quel est l’ordre naturel, voulu par Dieu, auquel doivent se conformer l’homme et la société. Car cet ordre, qui découle de la Révélation, est hors d’atteinte de la raison, à moins qu’elle ne reçoive la lumière de la foi, auquel cas la raison est dite « correcte » (recta ratio). Dans l’Encyclique Aeterni Patris de 1879, Léon XIII précise que « la foi délivre de l’erreur la raison », ce que ne cessera de répéter Jean-Paul II qui, comme le Syllabus, refuse la souveraineté populaire qui exprime « la volonté arbitraire des hommes » (Laborem exercens, 1981). Ratzinger, devenu Benoît XVI, va encore plus loin dans sa récente encyclique en considérant que la foi « délivre la raison de ses aveuglements ». Cet ordre naturel que l’Eglise décode, c’est une société hiérarchisé en classes sociales : remettre en cause cet ordre au nom de la lutte des classes est donc une atteinte à la volonté divine car, disait Pie XI, « les travailleurs doivent rester à la place que la Providence leur a assignée ». C’est pourquoi les Papes condamnent unanimement le socialisme comme « intrinsèquement pervers », selon l’expression de Pie XI dans Divini Redemptoris du 19 mars 1937.

Mais dans le même temps Pie XI, pas plus que ses successeurs, n’a été gêné par les fascismes et leur conception corporatiste concernant l’organisation des travailleurs. Dans l’Encyclique Non abbiamo bisogno de 1931, même s’il trouve que le fascisme italien ne fait pas assez de place à l’Eglise catholique, il proteste de sa loyauté au régime et au parti et de la fidélité des catholiques à leur égard. Dans l’encyclique Mit brennender Sorge du 14 mars 1937, il proteste également contre la place insuffisante que le régime nazi accorde à l’Eglise catholique, mais il approuve le « projet ethnique » de la nation allemande : aucune allusion aux autres problèmes que pose l’Allemagne nazie. A cette complaisance répond une condamnation sans réserve de la République espagnole, et le Pape n’a pas un mot pour dénoncer les massacres de prolétaires par les troupes franquistes qui indignent le pourtant très catholique Bernanos dans Les grands cimetières sous la lune. Et le même Pape ne cessait de dire son inquiétude devant la politique française de Front Populaire qui ne correspondait pas à l’ordre naturel. S’il n’a pas produit de texte de condamnation, ses dévoués serviteurs s’en sont chargés : c’est ainsi que le très catholique député Robert Schuman, père putatif de l’union européenne, s’est opposé au Front Populaire, avant de voter les pleins pouvoirs au Maréchal.

A ces faits historiques, la bien-pensance du jour oppose le fait que les choses auraient bien changé depuis Vatican II, et que tout ça, les repentances à répétition aidant, appartient désormais au passé. C’est faux, archi-faux.

La Doctrine Sociale de l’Eglise est toujours aussi dogmatique. Voici ce que déclarait Jean XXIII, réputé être le premier Pape moderne, dans Mater et magistra de 1961 : « Dès que la hiérarchie ecclésiastique s’est prononcée sur un sujet, les catholiques sont tenus à se conformer à ses directives puisque appartiennent à l’Eglise le droit et le devoir non seulement de défendre les principes d’ordre moral et religieux, mais aussi d’intervenir d’autorité dans l’ordre temporel lorsqu’il s’agit de juger de l’application de ces principes à des cas concrets ».

C’est au nom d’une telle conception que Benoît XVI, alors cardinal Ratzinger, a mené avec Jean-Paul II un combat acharné contre la théologie de la libération. On connaît bien aujourd’hui les arrière-plans de ce combat, présenté à l’époque comme une controverse de théologiens. On sait aujourd’hui que Ronald Reagan et Jean-Paul II ont mené ensemble le combat contre les luttes sociales en Amérique latine et contre le communisme en Pologne, combats dont le résultat est la victoire de la forme de capitalisme qui domine le monde actuel.

Pour ce qui est du premier point, le programme politique et social de Ronald Reagan, élu en en 1980, s’exprime dans un document qu’on appelle le document de Santa Fe (de 1980 également). Dans ce document, la théologie de la libération est désignée nommément comme un ennemi politique. C’est que les tenants de cette théologie, confrontés à des dictatures militaires, pensent qu’il est conforme au message évangélique et à la figure de Jésus de prendre le parti des opprimés en s’engageant concrètement dans l’action contre la dictature et l’oppression économique : il n’en faut pas plus pour que les conservateurs américains considèrent cette théologie comme tête de pont du communisme en Amérique latine. Dans le même temps deux documents de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, signés Ratzinger, condamnent cette théologie comme incompatible avec la Doctrine de l’Eglise. Il lui reproche en effet de s’inspirer de la lutte des classes, concept intrinsèquement pervers, et rappelle que l’Eglise interdit tout changement par la violence comme contraire à l’ordre naturel voulu par Dieu : car la vraie libération, précise-t-il, n’est pas d’ordre terrestre, mais surnaturel. Il s’indigne que des tenants de ce courant refusent de communier aux côtés des bourreaux, car chaque personne humaine est créé par Dieu à son image et ainsi dépositaire de la même dignité. Les actes venant à l’appui du discours, de nombreux théologiens et responsables catholiques sont sanctionnés et progressivement remplacés par des conservateurs complaisants pour les dictateurs. Vingt ans après, Ratzinger devenu Benoît XVI persiste et signe en condamnant explicitement « les idéologies de l’amélioration du monde », expression que les admirateurs de son Encyclique ont oublié de commenter, à droite comme à gauche.

Dans cette affaire, Jean-Paul II a agi comme un allié de Reagan, et dans le sens des intérêts américains et du néolibéralisme qui les favorise. C’est la même alliance qui se noue au moment des grèves de Solidarnosc en Pologne. On sait aujourd’hui comment ces grèves ont été financées : capitaux américains transitant par une antenne offshore située à Nassau de la banque Ambrogianno, aboutissant en Pologne via le Vatican sous la bénédiction de Mgr Marcinkus avec le concours de la mafia. Quoi que l’on pense de Jaruzelski et de son gouvernement, les faits sont là et l’alliance Reagan-Jean-Paul II indubitable. Certains admirateurs sincères de Solidarnosc ont été surpris de voir Lech Walesa se muer en homme politique de droite s’appuyant sur l’Eglise la plus réactionnaire d’Europe : le scénario était pourtant écrit dès le début. Beaucoup l’ignoraient, certains le savaient.

Jean-Paul II s’est ainsi révélé un agent sûr et efficace de la progression du néolibéralisme. Pourtant, soulignent les défenseurs de la Doctrine Sociale de l’Eglise, il a fermement condamné les excès du capitalisme. Alors ?

Capitalisme, fond et forme Alors, la réponse est incluse dans la question. Si le socialisme est intrinsèquement pervers, le capitalisme n’est pervers que dans ses excès : il suffit donc de corriger ses excès pour qu’il devienne tout à fait acceptable. On se contentera de lui ajouter une dose d’éthique pour que se réalise l’ordre naturel voulu par Dieu et que s’éloigne le spectre de la lutte des classes. C’est ce que confirmait en 2003 le cardinal Sodano, le même qui, lorsqu’il était Nonce au Chili sous Pinochet, avait déclaré à propos du régime : « Même les chef d’½uvre peuvent avoir des taches ; je vous invite à ne pas vous arrêter aux taches du tableau, mais à regarder l’ensemble, qui est merveilleux », lorsque, promu Secrétaire d’Etat de sa Sainteté, il écrivait à Michel Camdessus : « Dans l’économie, il est nécessaire de mettre en permanence un supplément d’humanité ». Car le capitalisme éthique permettrait de respecter la dignité de chaque personne humaine, du détenteur de capitaux comme du travailleur, remède à l’exploitation du travailleur dont Jean-Paul II nous avertit, dans Veritatis splendor de 1993, qu’elle est une infamie. Mais à cette exploitation qu’elle juge infâme l’Eglise n’oppose guère que des considérations morales. Certes, le message est plus sophistiqué que celui de Léon XIII qui promettait aux riches un châtiment dans l’autre monde s’ils manquaient au devoir de charité, mais il est du même ordre. La solution ne saurait être la régulation étatique, jugée dangereuse (Jean-Paul II condamne nettement ce qu’il appelle l’Etat de l’assistance). Elle viendra des corps intermédiaires (Pie XI a déjà fait l’éloge du corporatisme mussolinien) et du comportement chrétien des intéressés. C’est ce qu’affirmait Jean XXIII pour qui « la vie en société doit être considérée avant tout comme une réalité d’ordre spirituel » : sous ses airs de généralité philosophico-théologique, cette affirmation a une portée politique et sociale évidente ; Jean-Paul II va plus loin en déclarant dans Centesimus annus que « dans la société occidentale l’exploitation a été surmontée, du moins sous la forme analysée et décrite par Karl Marx », et il fait dans Laborem exercens l’éloge du corporatisme sans prononcer le mot lorsqu’il précise que « chaque genre de travail, chaque profession a une spécificité propre qui devrait se refléter de manière particulière dans ces organisations », tout en rappelant la nécessaire union entre le capital et le travail. Le problème est donc résolu sans qu’on ait besoin de le poser.

La société civile Pour faire passer ce message dans la société, l’Eglise recourt à des experts qualifiés, plus ou moins proches de l’Opus Dei : Michel Camdessus, ancien directeur du FMI, et animateur des Semaines Sociales de France, en est le meilleur exemple puisqu’il est membre du conseil Pontifical Justice et paix. Que dans l’exercice de ses fonctions de directeur du FMI Camdessus ait réduit à la famine des millions de paysans du Tiers-Monde importe peu : le discours moralisateur masque la dure réalité - et même, plus la réalité est dure, plus l’exhortation morale se fait grandiloquente. D’ailleurs pour Michel Camdessus, qui a bien appris la leçon de l’évangile selon laquelle le Royaume est à la fois à venir et déjà là, le capitalisme éthique est au futur, mais il est aussi déjà là. Voici ce qu’il déclarait en conclusion des Semaines Sociales de France de 2003 : « Les chefs d’entreprise responsables n’abdiquent pas devant leur direction financière...Le souci de l’harmonie très fragile de la communauté humaine qu’ils forment avec les salariés, les clients, les actionnaires et tout leur environnement passe avant la maximisation immédiate du profit ». C’est une belle image de piété, mais que la réalité ne confirme pas. Notre expert en libéralisme ajoute tout de suite après : « Il n’y a pas d’acquis qui puisse être sanctuarisé...car une société de fraternité ne se construit pas sur le seul sacrifice de surplus des riches ». Jean-Baptiste de Foucauld, autre fidèle des Semaines Sociales, précisait de son côté en 2000 qu’ « un équilibre doit être trouvé entre l’inconditionnalité et la conditionnalité des aides », et ce par le moyen d’un « renouvellement du contrat social et de la négociation sociale ». La remise en cause des droits sociaux est explicite ; c’est le concept même de droits sociaux qui se trouve remis en question, et le droit du travail avec.

Un riche = un pauvre : c’est ce que disait Jean-Paul II dans la lettre apostolique Novo millenio ineunte de janvier 2001 : il faut « gérer avec décision les processus de la mondialisation économique en fonction de la solidarité et du respect dû à chaque « personne humaine » », formule habituelle du refus du concept de classes sociales. D’autres animateurs des très catholiques Semaines Sociales ont tracé les contours du même type de projet. En janvier 2001, Jean Boissonnat, traçant l’ébauche d’un statut du travailleur, définissait les droits et les devoirs des travailleurs en s’inspirant du workfare qui finirait peut-être, je cite, par effacer le concept même du chômage pour lui substituer celui de travailleur en transition ou de travailleur en restructuration : voilà donc résolu le problème du chômage par la grâce de la DSE et de la méthode Tony Blair, qui ne manque pas d’admirateurs et d’admiratrices en France ! C’est que, selon un rapport à la Comece sur la gouvernance, « la justice sociale est, pour l’essentiel, la participation à la société ». L’essentiel est donc que les travailleurs participent, même s’ils sont au-dessous du seuil de pauvreté.

J’ai décrit, en partant du haut, les deux premiers étages de la construction : la première est le décodage de la volonté divine et de son ordre naturel ; la deuxième le mariage de celle-ci avec les théories néolibérales. Reste le troisième : la mise en pratique sur le terrain du capitalisme éthique.

Les fonds de placement éthique, d’inspiration religieuse à l’origine, sont en progression réelle de puis quelques années. Présentés comme l’outil moderne de régulation du capitalisme, sont-ils autre chose qu’un simple alibi destiné à faire passer la pilule ? Pas de suspense. Déjà on peut distinguer les fonds de partage des fonds éthiques : les premiers impliquent qu’une partie des bénéfices est reversée à des associations : ces fonds battent de l’aile, alors que les fonds dits « éthiques » progressent.

Car les promoteurs de ces derniers nous disent bien que ces fonds doivent avant tout être rentables. C’est ce qu’affirme une figure emblématique de ces fonds, S½ur Nicole Reille, à qui le Vatican a décerné le prix « Femme d’Eglise et Finances ». Elle énumère les critères de sélection de ces fonds, et si, après la rentabilité, elle insiste sur la politique sociale de l’entreprise concernée, elle exige que l’entreprise dispose de « plans sociaux », mais n’a aucune exigence en matière de salaire.

Pour donner de la cohérence au système sont apparues des agences de notation qui fournissent aux entreprises une justification morale. La plus connue est Vigeo, dirigée par Nicole Notat, qui compte parmi ses actionnaires Total, connu pour son respect des droits de l’homme et son sens de l’environnement, le Crédit Lyonnais, dont nous avons apprécié la gestion, le groupe Accor qui méprise son personnel comme l’a montré l’affaire d’Arcade. Pour cautionner tous ces braves gens, une centrale syndicale parmi les actionnaires, celle de Nicole Notat évidemment, qui fut le soutien sans faille du plan Juppé de 1995.

Il existe même un traker éthique, c’est-à-dire un fond qui n’a d’éthique que l’étiquette puisqu’il s’aligne simplement sur des indices boursiers qui n’ont pas cette prétention. Le capitalisme actionnarial ne change pas de nature en devenant capitalisme confessionnal !

Cette fusée de 3 étages a des allures de subsidiarité, mais on s’aperçoit que l’Eglise n’entend pas la même chose lorsqu’il s’agit de ses rapports avec l’Etat et lorsqu’il s’agit de ses rapports avec les organisations qui lui sont subsidiaires. Suivant la formule de Pie XI, elle exige que l’Etat n’intervienne pas dans les niveaux inférieurs, c’est-à-dire qu’il laisse le champ libre à l’Eglise et à ses associations. Par contre lorsqu’il s’agit d’associations qui se réclament de ses valeurs, l’Eglise leur interdit toute autonomie, comme au temps de l’Encyclique qui condamnait le Sillon de Marc Sangnier. C’est ainsi que Jean-Paul II déclarait dans Novo millennio ineunte, parlant de la mise en ½uvre pratique de la DSE : « Ce sont surtout les laïcs qui seront présents dans ces tâches, sans jamais céder à la tentation de réduire les communautés chrétiennes à des services sociaux. En particulier, les relations avec la société civile devront être réalisées selon les enseignements proposés par la doctrine sociale de l’Eglise ».

Comment ne pas voir la parenté entre la Doctrine Sociale de l’Eglise et la philosophie de l’Union Européenne, qui met hors d’atteinte de la souveraineté populaire tout ce qui concerne l’économie ? C’est le même type d’argumentation. René Char disait dans ses poèmes de Résistance qu’il voyait se dérouler en France l’éternel combat entre Révolution et Contre-révolution. La pensée républicaine affirme la liberté de l’homme et du travailleur et en lui reconnaissant le droit de faire sa propre histoire ; la Doctrine Sociale de l’Eglise fait de l’homme et du travailleur un exécutant de consignes qui le dépassent définitivement, ce que Jean-Paul II énonce clairement dans Centissimus annus : « la doctrine sociale a par elle-même la valeur d’un instrument d’évangélisation : en tant que telle, à tout homme elle annonce Dieu et le mystère du salut dans le Christ et, pour la même raison, elle révèle l’homme à lui-même. Sous cet éclairage, et seulement sous cet éclairage, elle s’occupe du reste : les droits humains de chacun et en particulier du « prolétariat »... »

Considérer comme subordonnés les « droits humains de chacun » revient à les considérer comme secondaires par rapport à l’appartenance communautaire. Pourtant le combat contre la dictature de l’argent et de ses serviteurs, visibles ou moins visibles, reste bien le premier combat à mener.

par René Andrau

Auteur de Dieu, l’Europe et les politiques, René Andrau, éditions Bruno Leprince, 2002


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