Macron nous saoule – Quatrième bavardage après la venue de la Covid-19

vendredi 26 juin 2020.
 

Encore ! Pour la quatrième fois depuis la crise sanitaire le président de la République nous parle. La dernière fois, c’était pour nous vendre des voitures. Cette fois-ci peut-être allait-il annoncer une tournée dans les bistrots et restaus réouverts à fond les ballons. Mais rien. Juste un collage soporifique de grands mots empruntés à toutes les familles politiques et débités comme on enfile des perles. Le président a parlé de tout mais n’a rien dit.

On verra en juillet, a-t-il promis. Mais alors pourquoi avoir parlé cette fois-ci ? Un véritable feuilleton de bavardages nous est infligé. Mais, admettons-le : en juillet les macronistes auront besoin d’effacer très vite leur bilan des municipales. On doit donc s’attendre à voir l’annonce du nouveau dispositif présidentiel. Une fois déployé il formera la base de la campagne macroniste pour 2022. C’est utile de le comprendre.

Avant de spéculer sur cette hypothétique remise en ordre macroniste, il faut pourtant étudier de près le flot de ses mots. Car il faut vaille que vaille trouver les réponses apportées aux grandes questions soulevées par le moment que nous vivons. Même s’il ne s’agit de rien de précis, nous connaitrons au moins la pente prise par l’esprit du président.

D’abord à propos de la stratégie de sortie du confinement économique. Le propos présidentiel se résume à peu de choses : « il va falloir travailler plus ». La stratégie macroniste se résume à cette seule indication concrète. Tout le reste est fait de vœux pieux et de généralités. Bien sûr, nous connaissons déjà ce qui a été décidé au fil des jours, sans vision d’ensemble ni de cohérence. Ainsi a-t-il été attribué 7 milliards à l’industrie automobile alors que 17 % seulement des véhicules vendus en France sont produit sur place et 83% sont importées. 15 milliards ont été attribués a l’industrie aéronautique. Mais Air France passe une commande de 4 milliards à Bombardier qui produit au Canada. On en passe et des meilleures. Toutes vont dans le sens d’une absence de stratégie globale. Où sont là-dedans les objectifs d’indépendance et de souveraineté ? Où est la relocalisation ? Et la reconstruction écologique ? Il n’y a aucune contrepartie d’exigée par l’État auprès des bénéficiaires de ces aides. Donc « travailler plus ». Pour quoi faire ? Ce qui s’annonce, c’est une contraction générale de l’activité. Comment l’empêcher ? Augmenter le temps de travail est absurde. Si l’on veut jouer sur le temps de travail comme paramètre de lutte contre le chômage il faut alors baisser le temps de travail individuel et augmenter la masse de travail totale. Il faut donc travailler moins chacun pour travailler tous et produire davantage. La seule idée concrète de Macron est donc une sottise. Quel que soit l’objectif politique poursuivi, la réanimation du tissu économique passe par l’existence d’une consommation populaire solvable. Les gens doivent gagner mieux et être assuré de leur lendemains. C’est la demande qui fait tourner la machine, pas l’offre de produits sans acheteur !!!!!!!!

Ensuite il y a le sujet de violences policières et du racisme dans la police. L’intervention du chef de l’État venait au bout de la séquence de la manif à République. Un paroxysme crucial. Tout l’énergie de l’officialité médiatique a consisté a transformer la crise de la police en dénonciation du communautarisme, voir du racisme anti-blanc. Du coup le président a limité son propos dans des conditions plus que discutables. Il a assigné à résidence « séparatiste » tous les manifestants anti-racistes. Pas un mot pour la volonté de vivre ensemble manifestée par l’énorme Marseillaise chantée sur la place de la République ni pour les paroles sages et fortes d’Assa Traoré après le grotesque pseudo incident « antisémite » gonflé par la préfecture de police. Une honte qui montre le jeu dangereux auquel joue le président depuis qu’il a trouvé ce mot de « séparatiste » pour faire diversion, déjà, en pleine crise de la réforme des retraites. On le voit construire avec des mots un apartheid de fait. Le séparatisme, ce serait les musulmans et les populations des quartiers pauvres et pas celui des riches qui font sécession par l’exil fiscal et la construction de quartiers forteresses.

Après cela, le plus stupéfiant reste quand même les silences sur tous les sujets qui ont pourtant occupé des heures de débats dans la période précédente. Où est passé l’abandon de la retraite par points, ou celle de l’assurance-chômage ? Et la volonté affichée naguère d’arrêter les accords de libre-échange et de relocaliser la production. Et la fin de l’état d’urgence ? Pourquoi maintenir les interdictions de rassemblement en dépit de la décision du conseil d’État ? Qu’est devenu le fameux mea culpa du 12 mars dernier : « Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer à d’autres notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond, est une folie. » Et ainsi de suite car la liste est bien longue.


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