Écoutes : les juges taclent les méthodes de "délinquant chevronné" de Sarkozy

jeudi 25 juin 2020.
 

Le Parquet national financier (PNF) ne mâche pas ses mots contre Nicolas Sarkozy. Ses magistrats ont demandé la semaine dernière son renvoi devant le tribunal correctionnel pour l’affaire des écoutes dans lequel l’ancien président de la République est mis en examen.

Selon le réquisitoire du PNF contre Nicolas Sarkozy, publié le 4 octobre et auquel Le Monde a pu avoir accès, l’ancien chef de l’État et son avocat Thierry Herzog, ou tout du moins leurs méthodes, sont comparées à celles de « délinquants chevronnés ».

Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir tenté d’obtenir, par le biais de Thierry Herzog, des informations confidentielles auprès du magistrat de la Cour de cassation Gilbert Azibert, au sujet des agendas de l’ancien président de la République, saisis par la justice dans le cadre de l’affaire Bettencourt et dont l’ancien président demandait la restitution. Au vu de ces conversations interceptées par les enquêteurs, Nicolas Sarkozy avait été mis en examen en 2014 pour « corruption active », « trafic d’influence », et « recel de violation du secret professionnel ».

Une première ligne secrète

Dans le document consulté par Le Monde, le PNF retrace chaque étape de l’affaire ayant conduit à cette mise en examen. Elle remonte à la découverte de communications entre Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog via des téléphones portables secrets, acquis sous l’identité d’un certain Paul Bismuth, et mises sur écoutes dès lors par la justice. Ces lignes « occultes », écrit le PNF, sont apparues aux yeux des autorités alors qu’une enquête était en cours sur l’affaire du financement supposé de la campagne de Nicolas Sarkozy par le régime libyen de Muammar Kadhafi. « Les deux téléphones, achetés en janvier 2014 sous l’identité de Paul Bismuth, puis utilisés selon un mode opératoire le plus souvent utilisé par des délinquants chevronnés cherchant à déjouer les surveillances judiciaires, n’étaient pas les premiers », écrit le PNF. Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog avaient par la suite appris que ces deux téléphones avaient été placés sur écoutes.

Dans son réquisitoire, l’institution judiciaire confirme par ailleurs une information publiée mercredi par Le Canard enchaîné selon laquelle, Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog avaient ouvert une première ligne « occulte » avant l’activation de la ligne Paul Bismuth. Ils avaient alors utilisé l’identité de Gilda Atlan. Le document consulté par Le Monde fait état d’un premier téléphone « clandestin », principalement utilisé par l’ancien chef de l’État « pour converser en toute sécurité avec Thierry Herzog, des appels en direction du Qatar, des États-Unis et d’autres en France [qui] ont été identifiés par les enquêteurs ».


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