Les jeunes, grands oubliés de Macron

mercredi 15 juillet 2020.
 

La jeunesse mobilisée ce printemps

Après s’être mobilisée contre le changement climatique, la jeunesse s’est dernièrement levée avec force et détermination pour porter haut sa voix contre les injustices sociales liées aux violences policières. Plusieurs grands rassemblements réunissent des jeunes de toutes les couleurs, de toute sensibilité pour dénoncer ces violences inqualifiables.

Les jeunes se sont également mobilisés pour le climat, avec l’organisation des marches pour le climat. Par exemple la marche mondiale étudiante du vendredi 20 septembre 2019 ainsi que la marche du 08 décembre 2019 pour inciter la COP25 à prendre des décisions contraignante, ou les blocages d’industries polluantes tels que les actions de Youth For Climate Angers (YFC) et Justice Climatique Angers (JCA) qui ont bloqué la cimenterie Lafarge à l’occasion de la Journée contre la ré-intoxication du monde le 17 juin 2020 à Saint-Barthélemy d’Anjou et bien d’autres actions qui ne perdront pas de leur vigueur.

La crise sanitaire devenue sociale et économique touche particulièrement les jeunes. Ils sont abandonnés par un gouvernement totalement dépassé, aveuglé par son idéologie libérale. Résultat, de nombreux jeunes ne tiennent très souvent que par la solidarité familiale. J’ai pu participer à une distribution alimentaire organisée par le Secours Populaire à Paris VIII. Plus de 250 étudiants ont ainsi été aidés.

La santé montre un des facteurs les plus effrayants du délaissement de la jeunesse. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale a récemment publié une actualisation des résultats de l’enquête I-Share, qui suit la santé de 30 000 étudiants pendant une dizaine d’années et ceux-ci sont inquiétants : en mars 2020, sur 16 022 étudiants, 23% d’entre eux ont eu des pensées suicidaires au cours de leur année universitaire. Personne n’a oublié Anas, jeune étudiant de 22 ans qui s’est immolé par le feu en novembre 2019 devant le Crous de Lyon pour mettre en avant la paupérisation des étudiants, ou encore le jeune étudiant d’HEC âgé de 23 ans qui se trouvait dans une situation qui l’a mené à se suicider pendant le confinement de 2020.

Pour que tous les jeunes aient des conditions de vie dignes

Cette crise sanitaire a prouvé l’incapacité du gouvernement à gérer les problèmes causés par le Covid-19. La seule mesure qui a été prise en faveur des jeunes est le versement d’une aide de 200 €, uniquement réservé aux jeunes ayant perdu une rémunération liée à un travail étudiant, un stage ou une promesse d’embauche.

Cette mesure est très insuffisante : une aide ponctuelle de 200 € quand on perd l’équivalent de 2 mois de salaire ne répond en aucun cas aux difficultés de milliers de jeunes qui ont un loyer à payer, des courses à faire, des charges fixes, et qui prenaient auparavant déjà difficilement leur autonomie.

La précarité est un problème qui touche de nombreux jeunes. Beaucoup de jeunes se retrouvent sans domicile fixe, obligés de dormir à même le sol ou hébergés dans des centres d’urgences pour des durées temporaires, hébergés chez des tiers. D’autres se voient obligés de retourner dans leurs familles qui sont, elles-aussi, dans des situations précaires. Elles doivent donc assumer à nouveau des charges supplémentaires mais cette fois-ci sans aides sociales telles que les allocations familiales qui sont destinées aux parents d’enfants mineurs.

Cette mesure ne résout donc aucun problème pour les étudiants et les jeunes qui s’attendent à pouvoir compter sur leur bourse ou leurs emplois pour subsister. Il est désolant de constater que le gouvernement met des milliards sur la table pour des industries polluantes, sans aucunes conditions. Ceux qui sont en études, même avec une bourse, sont nombreux à avoir du mal à joindre les deux bouts.

Pour une allocation d’autonomie pour les jeunes

Pour mettre un terme à la précarisation grandissante des jeunes, notamment par rapport à leurs conditions de vie et leurs études, nous proposons une allocation d’autonomie d’un montant de 800 € par mois pour les jeunes de 18 à 25 ans, d’une durée de trois ans, sous réserve d’une formation qualifiante et sous conditions de ressources.

Cela permettra à certains étudiants de financer une partie de leurs études, d’être plus à l’aise financièrement à la fin du mois, et protégera les jeunes des galères du salariat pendant leurs études auxquels ils pourront pleinement se consacrer. Le gouvernement, qui pourtant mise sur l’engagement des jeunes, devrait leur donner les moyens de s’engager, et d’y consacrer leur temps libre, au lieu de le consacrer à travailler pour financer leurs études.

En somme, l’allocation d’autonomie que nous voulons mettre en place a pour but de permettre aux jeunes de prendre directement en main leurs affaires quotidiennes et de ne pas avoir à se reposer sur leurs familles. Cela est impératif pour les plus modestes, sans quoi ils ne peuvent faire d’études.

Les jeunes sont les grands oubliés de cette crise sanitaire Le marasme économique rend la situation encore plus difficile pour de nombreux jeunes, qui trouvent plus difficilement un emploi faute d’expérience. Depuis le début de la crise sanitaire, ils sont fortement concernés par le chômage : stages interrompus ou impossibles à trouver, travails étudiants interrompus, impossibilité de trouver un travail au printemps ou pour l’été, etc.

Les jeunes ont été totalement absents du discours d’Emmanuel Macron et plus généralement de l’action du gouvernement. Pourtant, comme chaque année, 700 000 jeunes commencent à chercher du travail à la rentrée. Dans le même temps, Pôle Emploi publie ses derniers chiffres : 660 000 demandeurs d’emplois sont des jeunes de moins de 25 ans.

La situation économique du pays n’incite pas les entreprises à embaucher, et les mesures du gouvernement visant à les « rassurer » inquiètent. En période de crise sanitaire, il y a un non-renouvellement massif des contrats d’intérim et des contrats en CDD. La crise économique qui s’annonce très rude pour la France, qui n’échappe pas à la récession mondiale qui s’annonce. Or, les jeunes sont les premiers concernés par ces contrats, l’impact de cette crise se révèle alors encore plus dévastatrice pour eux.

Il y a également beaucoup de jeunes qui ne trouvent pas de travail d’été du fait que les secteurs qui emploient le plus de jeunes durant l’été ont été durement impactés par la crise du Covid-19. La restauration, le domaine du prêt-à-porter, les emplois saisonniers touristiques, ont tous souffert du confinement et d’une grande incertitude sur leurs possibilités de rouvrir. Ils ont diminué drastiquement leurs effectifs et réduit dans le même temps le nombre de recrutements concernant la période estivale. Il y a donc moins d’emplois disponibles dans le secteur, et plus de personnes en recherche d’emploi, dont les jeunes.

Pour beaucoup de jeunes, ces emplois-là sont vitaux. Pour certains d’entre eux, notamment pour les nouveaux entrants dans la vie universitaire, ces revenus sont le moyen d’assumer leurs premiers loyers. Pour les jeunes déjà étudiants, qui doivent payer leurs loyers pendant les vacances d’été, travailler pendant l’été est une nécessité absolue : les aides perçues pendant l’année cessent.

Il n’y a donc pour l’instant aucune réponse apportée par le gouvernement : il préfère d’abord augmenter le temps de travail des français et réduire leur temps personnel. Cela aura pour conséquence de diminuer le nombre d’emplois disponibles, donc d’empêcher des personnes de trouver du travail mais les conséquences peuvent aussi être dévastatrices pour l’esprit humain. La ligne entre le temps de travail et le temps personnel étant brisée, la multiplication de possibles épuisements professionnels, dits « burn out » peut met en plus en danger les salariés.

L’Etat doit prendre à bras le corps le problème de ces jeunes qui vont chercher à trouver un premier travail dans les prochains mois. Trouver du travail pour tous ces jeunes permettra d’ailleurs à l’économie réelle d’être relancée. Les jeunes font partie des catégories sociales qui dépensent la plus grande part de leurs salaires du fait de leur pouvoir d’achat très bas. De ce fait, s’ils ont du travail, ils percevront des revenus qui seront pour la plupart destinés directement à la consommation alimentaire prioritairement. Ainsi, cet argent gagné par les jeunes sera directement réinjecté dans l’économie réelle et ne sera donc pas une spéculation des marchés financiers. Ainsi, les entreprises, en ayant des clients, pourront redresser leurs comptes et envisager de se développer.

En tant que 6ème puissance économique mondiale, la France se doit d’être à la hauteur des enjeux qui l’attendent, elle se doit de donner des solutions à la jeunesse qui réclame aujourd’hui des réponses claires, rapides et concrètes. Comment un pays aussi riche que la France peut-il précariser autant sa jeunesse, ne lui laissant que très peu de perspective d’avenir ?

Nous proposons un plan pour la jeunesse

Ce que nous proposons, c’est le grand retour des emplois aidés qui sont des contrats de travail pour lequel l’employeur reçoit une aide financière qui réduit considérablement le coût du travail. Ces contrats favorisent une meilleure formation et insertion dans le monde du travail pour les personnes ayant des difficultés liées à l’emploi. En 2017, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail indiquait qu’« à court terme, les contrats aidés, permettent de soutenir efficacement l’emploi. De plus le coût annuel d’un emploi aidé pour les finances publiques était estimé en 2012 par l’Inspection général des finances à 12 853 euros, contre 26 429 euros pour un emploi de niveau SMIC exonéré de cotisations patronales et 287 000 euros pour un emploi créé par le CICE en 2016.

Nous proposons également dans le cadre de la mise en place d’une « garantie dignité » et d’un plan contre la pauvreté pour les 18-24 ans qui sont les plus durement touchés par la crise du COVID sur le plan économique. Nous voulons aussi que ces mêmes jeunes aient un accès au RSA qui serait revalorisé.

Pour finir, il est primordial de stabiliser et garantir une forme de sécurité de l’emploi, par la mise en place des « contrats jeunes », d’une durée de cinq ans, dans le secteur non marchand et public.

Nous avons besoin, pour nos jeunes, d’un grand plan de relance de l’activité économique, pour faire la transition écologique. Nous avons besoin d’une perspective qui donne un avenir à notre jeunesse.

Au lieu d’aider les jeunes à rebondir, on les regarde tomber. La jeunesse est un espoir qui doit mûrir, elle doit avancer pour s’épanouir. Sinon, c’est condamner le pays à s’écrouler.

La jeunesse est une force de proposition pour la démocratie La jeunesse ne signifie pas le manque d’intelligence ou de connaissance de la vie. Elle est loin d’être toujours aveuglée par l’insouciance. Bien au contraire, elle est en matière climatique bien plus lucide et inquiète pour son avenir que bien des décideurs ayant plus d’expérience. La jeunesse d’aujourd’hui, est assez encline à défendre son rôle de garant de l’avenir de la Nation. Pour pérenniser sa sécurité, et offrir une indépendance sociale et économique aux futures générations, afin de ne plus subir d’inégalités de traitement entre citoyens français.

De nombreux exemples pourraient illustrer ces inégalités. Nous prendrons la vie politique pour exemple car elle est au cœur des changements qui peuvent permettre aux jeunes d’être autre chose que des pantins à qui l’on demande de regarder sans agir.

Les jeunes sont très souvent mis à l’écart des décisions politiques. Quand ils décident de s’engager en se mobilisant, en manifestant, en faisant valoir une opinion, ils sont dans le meilleur des cas infantilisés. Ou plus souvent dénigrés par le pouvoir qui n’a qu’une réponse : la répression violente, matraques, LBD, gaz lacrymogènes. Cela permet d’évacuer les problèmes de fond, et ainsi stigmatiser ces jeunes qui luttent pour leurs idées en les traitant au choix de violents, de manipulés, de réactionnaires, de populistes, etc.

La place des jeunes en politique devrait avoir davantage de poids, car ce seront eux qui auront à vivre avec les conséquences des décisions prises aujourd’hui.

De nombreux jeunes se sont engagé pendant la crise sanitaire dans des actions de solidarité Cette crise sanitaire a d’ailleurs révélé au grand jour l’implication et l’engagement de nombreux jeunes durant cette crise sanitaire. En effet, nous avons constaté que dans de nombreuses villes, des jeunes se sont engagés avec des associations pour distribuer gratuitement des denrées alimentaires et du matériel de première nécessité, du gel, des masques etc., aux habitants des quartiers défavorisés, aux personnes les plus démunies et aux sans-abris. Par la suite, de nombreux jeunes ont suivis le mouvement en s’engageant à la Réserve Civique afin de réaliser des missions d’intérêts généraux tels que la garde d’enfants des soignants, le maintien des liens avec les personnes fragiles et isolées, ou faire les courses de produits essentiels pour les personnes âgées.

Cet élan de solidarité et de fraternité a été très peu mis en avant par les médias et par le président et son gouvernement alors que ces jeunes, partout en France, avec leurs modestes moyens et à leur échelle, ont répondu présent quand il y avait besoin d’aide. Ils se sont portés volontaires afin de participer à cette cohésion nationale destinée à éradiquer ce virus. Cette jeunesse n’a pas plié devant l’épidémie mais s’est au contraire encore plus ouverte à l’entraide. Ils méritent tous de la reconnaissance pour leurs réactions positives face à la crise et leur preuve de sang-froid et d’humanité pour servir le pays.


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