Protection de la nature, safaris et bonnes affaires

jeudi 20 août 2020.
 

Jadis apanage des compagnies touristiques occidentales, la nature africaine est désormais convoitée par des organisations locales, au premier rang desquelles l’association sud-africaine African Parks. Celle-ci gère une quinzaine de réserves sur le continent, mêlant protection de l’environnement et esprit d’entreprise. Sa dernière conquête : le parc de la Pendjari, au Bénin, où deux touristes français furent enlevés en 2019.

e qui me fascine dans le travail de directeur de parc, c’est de me retrouver parmi les lions, comme dans le feuilleton Daktari (1) », nous confie, visiblement ému, M. Jean-Pierre Wilhelm. De la table où il déjeune avec son équipe, on découvre un paysage de savane et de collines qui court sur 4 800 kilomètres carrés. Depuis juin 2019, c’est le domaine de ce sexagénaire alsacien. Il dirige, pour le compte de l’organisation non gouvernementale (ONG) sud-africaine African Parks (AP), le parc national de la Pendjari, une réserve de biosphère située dans le nord-ouest du Bénin, à une quarantaine de kilomètres de piste de la ville de Tanguieta. Pour rejoindre ce sanctuaire animalier dont la concession a été confiée à AP par le gouvernement béninois en mai 2017, il faut longer champs de coton et potagers paysans.

Dernier refuge des éléphants et des lions de la sous-région, le parc de la Pendjari, du nom de la rivière qui le longe, appartient à la vaste aire protégée transnationale dite du complexe W-Arly-Pendjari (WAP), qui compte également le parc d’Arly, au Burkina Faso, et celui du W, à cheval entre ce pays, le Niger et le Bénin. Comparée aux autres parcs du WAP, tous deux gérés par les pouvoirs publics, la Pendjari serait « le moins dégradé », se vante M. Peter Fearnhead, le directeur d’AP.

Une ONG à la tête d’un parc national africain ? Il n’y a encore pas si longtemps, les associations se contentaient de lever des fonds au profit de l’administration des réserves nationales, au risque de se retrouver accusées, comme le Fonds mondial pour la nature (WWF), de financer les exactions de rangers (2). Avec AP, créée il y a vingt ans par le milliardaire néérlandais Paul Fentener Van Vlissingen (lire l’encadré « Un cofondateur au passé trouble »), voici le temps des ONG directement à la manœuvre pour étendre l’esprit d’entreprise et le souci de rentabilité au patrimoine naturel africain.

Les parcs que gère la société — une quinzaine au total sur le continent — sont appréciés d’une clientèle fortunée, majoritairement occidentale, capable de s’offrir voyage, guide et séjours dans des hôtels de luxe (lodges) où chaque nuitée peut coûter plus de 600 dollars (540 euros). Au Bénin, AP ambitionne de construire un lodge cinq étoiles qui rayonnerait sur une zone de safari exclusive réservée à ses plus riches clients. L’ONG compte aussi sur le tourisme cynégétique, qui assure déjà au parc béninois, doté de trois réserves privées de chasse au gros gibier tel le phacochère, autant de revenus que les safaris photographiques. Mais elle pourrait également se lancer sur le marché en plein essor de la transformation des plantes médicinales, la Pendjari regorgeant de plantes utilisées dans la pharmacopée traditionnelle et dont les molécules n’ont pas encore été brevetées. En somme, monétiser la nature tout en la protégeant, avec une politique de tolérance zéro à l’égard des contrevenants.

Le slogan d’AP donne le ton : « L’esprit des affaires au service de la préservation de la nature ». L’association fait figure de pionnière des partenariats public-privé destinés à « sauver chacun des onze biomes — milieu écologique étendu et homogène — du continent », explique son directeur régional pour l’Afrique de l’Ouest, M. Erik Mararv, un Suédois né et ayant grandi « en brousse », en République centrafricaine. Selon un schéma désormais bien rodé, AP signe des accords de long terme — vingt ans, en moyenne — avec les États, qui conservent la souveraineté sur les parcs, tandis que l’ONG s’engage à fournir tous les moyens, y compris militaires, pour les réhabiliter, faire revivre la faune, mais aussi soutenir les communautés villageoises environnantes. Après s’être étendue en Afrique australe (Malawi et Zambie), elle a obtenu la gestion de plusieurs réserves situées dans les zones grises de pays en reconstruction, de la République centrafricaine à la République démocratique du Congo (RDC). Ses rangers sont souvent la « seule force stabilisatrice dans certaines des régions les plus reculées et les moins bien desservies d’Afrique », souligne M. Mararv. Sur place, elle organise la lutte contre le braconnage et le trafic d’ivoire, qui financent parfois des groupes sanguinaires tels que l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) ougandaise (3) ou les milices janjawid soudanaises. Elle se trouve ainsi aux avant-postes de la militarisation des parcs africains. À la tête, selon son site, « du plus vaste et du plus diversifié portefeuille d’écosystèmes africains administrés par une ONG » — seize parcs dans dix pays d’Afrique subsaharienne couvrant une surface totale de douze millions d’hectares —, elle emploie cinq mille personnes, dont mille écogardes, soit le plus important contingent privé de rangers du continent.

Un aréopage de « sauveurs blancs »

Les faits d’armes d’AP dans le domaine de la réintroduction d’espèces menacées lui valent les louanges de la presse anglo-saxonne, et notamment du mensuel américain National Geographic, l’un de ses bailleurs (4). L’ONG a aussi su s’entourer d’influenceurs de poids, tels l’ex-prince Henry (« Harry ») du Royaume-Uni, son président d’honneur depuis fin 2017, et l’Australien John Scanlon, ancien directeur de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), son ambassadeur mondial. À l’ombre de cet aréopage de « sauveurs blancs », les rangers d’AP, confortablement payés (près de 300 euros au Bénin, où le salaire mensuel moyen s’élève à 65 euros), reçoivent régulièrement des formations paramilitaires assurées par d’anciens officiers sud-africains, français ou israéliens. AP accorde également des primes aux rangers les plus zélés — ceux qui ont procédé au plus grand nombre d’interpellations ou découvert le plus de pièges tendus aux animaux. Chaque année, elle soumet l’ensemble de ses employés à un test d’évaluation.

Le profil de M. Wilhelm en dit long sur le modèle de gestion d’AP. Diplômé de l’école des mines de Nancy, ancien élève officier de réserve ayant servi au sein de la Force pour le Kosovo (KFOR) de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), il a ensuite supervisé la création et l’exploitation d’une mine de fer en Mauritanie et d’une mine d’or au Burkina Faso. L’univers extractif, ravageur pour l’environnement, semble aux antipodes des convictions affichées par son nouvel employeur. Mais, pour M. Wilhelm, les deux activités ont pour point commun de reposer sur le soutien des communautés riveraines : « Si celles-ci sont marginalisées par ces activités, tout peut très vite basculer », explique-t-il.

Près de 200 000 personnes vivent aux alentours de la Pendjari. Pour motiver ses 230 employés, dont une centaine d’écogardes fraîchement recrutés et quatre officiers des eaux et forêts détachés par l’État béninois, le directeur du parc aime citer une maxime qui ne déparerait pas dans un manuel de développement personnel : « Tout seul, tu vas plus vite ; ensemble, on va plus loin ». La politique de tolérance zéro d’AP a en tout cas contribué à « remplir la prison de Natitingou », la principale ville du département, mais aussi à « tendre les relations avec les riverains », constate Jérome Sambini, journaliste à Nanto FM, une radio communautaire locale. En février 2018, un an après l’arrivée de l’ONG, des chasseurs traditionnels, bravant les interdictions, avaient organisé une battue à l’intérieur du parc. Les rangers avaient envoyé les motos des contrevenants à la fourrière du commissariat de Tanguieta. En représailles, des centaines de personnes avaient alors saccagé le bureau d’AP et brûlé une dizaine de véhicules.

Cette même année 2018, raconte une autre source à Tanguieta, des rangers « ont abattu, sans concertation avec les bergers peuls, un groupe d’au moins 350 têtes de bétail présent illégalement dans le parc ». Selon les saisons, jusqu’à dix mille têtes peuvent transhumer à travers le parc en direction du sud. « Pour les communautés vivant en bordure de la Pendjari, souligne la journaliste béninoise Flore Nobime, il est aussi devenu de plus en plus compliqué d’accéder aux fétiches situés dans le parc, auxquels on s’adresse en particulier pour résoudre les problèmes de santé (5). » Mêmes entraves pour ramasser le raphia et le bambou utilisés pour les toitures, ou pour cueillir des plantes et des racines médicinales employées dans la pharmacopée traditionnelle. Quant à la viande de brousse telle que l’« agouti » (en fait l’aulacode), un gros rongeur jadis braconné dans le parc, elle se fait plus rare, donc plus chère.

Ce n’est pas la première fois que les activités d’AP suscitent la polémique. « En 2004, AP a déclenché un tollé en raison de son implication dans le déplacement de plusieurs milliers de nomades mursis qui vivaient dans le parc national éthiopien de l’Omo ou dans ses environs », rappelle Bram Büscher, chercheur néerlandais en écologie politique, spécialisé dans l’histoire des parcs d’Afrique australe et dans l’étude de leur commercialisation. L’ONG dut alors quitter l’Éthiopie. « Tant que les communautés riveraines ne seront pas directement impliquées dans la gestion de leurs parcs, commente Büscher, AP perpétuera le modèle hors-sol et néocolonial de ces “forteresses de la préservation de l’environnement”, pour la plupart destinées à une clientèle blanche. » Dans son bureau de la Pendjari, M. Wilhelm reconnaît du bout des lèvres la « difficulté culturelle à imposer un modèle de management anglo-saxon, venu d’Afrique du Sud, en terre d’Afrique francophone », avant de préciser : « Mais nous avons commencé à nous faire plus tolérants avec les pêcheurs qui viennent dans le parc. »

Le directeur doit également composer avec une situation sécuritaire tendue. Début mai 2019, alors qu’il n’avait pas encore pris son poste, deux touristes français visitant la Pendjari étaient enlevés par un groupe « crapuleux ». Repérés grâce à leurs téléphones portables, puis neutralisés au Burkina Faso par les forces spéciales françaises, les assaillants auraient eu l’intention de vendre leurs otages au groupe djihadiste Ansaroul Islam, composé de Peuls et apparu en 2016 au Mali (6). L’assassinat par les ravisseurs du guide béninois des Français, Fiacre Gbédji, 29 ans, a provoqué une intense émotion au Bénin, pour la première fois confronté à un tel crime.

Aucune preuve formelle ne permet de lier le « renforcement des capacités de maintien de l’ordre » — la militarisation — dans la Pendjari et le drame de mai 2019. Mais les risques étaient connus. Trois mois avant l’enlèvement — suivi du classement de la Pendjari en zone rouge par le Quai d’Orsay —, une note de l’Institut des études stratégiques, boîte à idées sud-africaine établie à Pretoria, avertissait : « Les actions de prévention de la menace extrémiste au Bénin devraient prendre en compte l’existence de conflictualités locales, en particulier celles liées à la gestion des ressources foncières et des parcs nationaux (7). » L’un des guides de la Pendjari nous avoue s’interroger sur les raisons qui ont conduit à l’assassinat de son collègue : « S’agirait-il d’un acte de vengeance ? » Une chose est sûre : dans cette zone-frontière, rangers comme touristes peuvent désormais devenir des cibles symboliques pour des alliances de circonstance entre djihadistes, coupeurs de route et trafiquants transfrontaliers.

Selon l’un de ses gardes forestiers, le poste de sécurité du parc de la Pendjari est doté d’« une technologie plus sophistiquée que celle des forces régulières béninoises ». « S’il y a un deuxième incident ici, c’est la fin de la Pendjari, justifie M. Wilhelm. Nous sommes désormais organisés sur un modèle militaire, avec une priorité : le renseignement. Nous payons les riverains pour qu’ils nous fournissent des informations. C’est comme aux échecs : il faut avoir un coup d’avance. » Le directeur sait qu’il a besoin du soutien des Béninois, dont il tente de faire vibrer la corde patriotique avec des affirmations telles que : « Ce parc est une fierté nationale et on est là avec vous », ou : « Aujourd’hui, je dis : je suis africain ».

« Nous sommes organisés sur un modèle militaire »

Pour le président béninois Patrice Talon, l’enjeu est de taille. Cet homme d’affaires qui a bâti sa fortune sur la filière du coton a fait du parc de la Pendjari le projet-phare de son programme de développement et d’investissement intitulé « Bénin révélé », qui repose en particulier sur le tourisme. Élu en 2016, il a découvert AP à l’occasion d’un voyage officiel à Kigali, en août de la même année. Il ne cache pas son adhésion au modèle libéral-autoritaire incarné par M. Paul Kagamé, le président du Rwanda, où l’ONG assure depuis 2010 la cogestion du parc national de l’Akagera. Ancien député du parti d’opposition Restaurer l’espoir, M. Guy Dossou Mitokpè constate : « L’installation d’African Parks au Bénin s’est faite dans la plus totale opacité, sans associer les législateurs, sans appel d’offres, et sans que nous puissions obtenir une copie du contrat… Ce qui soulève beaucoup de questions. Un parc national, avec son propre aérodrome où l’on peut faire ce qu’on veut, ne peut pas devenir une enclave fonctionnant à l’écart de l’État béninois. » AP ne cesse ainsi d’alimenter les diatribes de l’opposition au président Talon.

À Tanguieta, les professionnels du tourisme reconnaissent pour leur part avoir été soulagés à l’annonce de l’arrivée des Sud-Africains. « Je versais des larmes presque tous les jours. Le parc était en train de sombrer à cause de l’ampleur du gros braconnage. Tout le monde y pénétrait sans contrôle », raconte ainsi M. Adamou Akpana, président de l’Union des guides et transporteurs de touristes de la destination Pendjari. Créé en 1961 sur une ancienne aire de chasse de l’administration coloniale, le parc fut confié à partir de 1996 au Centre national de gestion des réserves de faune (Cenagref) et aux Associations villageoises de gestion des réserves de faune de la Pendjari (Avigref). Les réunions de concertation avaient permis d’assouplir les conditions d’accès des riverains à certaines parties de la réserve, facilitant l’entrée ponctuelle, par exemple pour des rituels. Les villageois pouvaient aussi cultiver la terre, abreuver leurs animaux, pêcher et chasser, dans une étroite zone tampon bordant le parc, la « zone d’occupation contrôlée ». « Mais à partir de 2011, poursuit M. Akpana, les relations entre les Avigref et le Cenagref ont commencé à se tendre, alors que le “braconnage administratif”, orchestré par certains gardes forestiers, s’intensifiait. La Pendjari est alors devenue un marché à ciel ouvert pour certains gros commerçants de la région ayant des relations avec le monde politique. Et, comme les animaux, le bois précieux a été l’objet de trafic. »

Avec la bénédiction du gouvernement béninois, AP a exclu le Cenagref de la Pendjari, fait le ménage parmi les quinze « rangers peu entraînés » et les gardes forestiers, recrutant dans les villages riverains ses nouveaux écogardes. Le « nettoyage » a également pris une tournure plus politique. À Cotonou, sept cents kilomètres plus au sud, le capitaine Patrice Trekpo espère depuis 2017 sa réintégration. Cette année-là, ce gradé de l’armée et secrétaire général par intérim du Syndicat national des eaux, forêts et chasse (SYNA-EFC) avait dénoncé sur la chaîne Golfe TV Africa la « privatisation programmée de la Pendjari » et les « clauses de non-ingérence » inscrites dans la concession, qui interdisaient aux agents des forces armées des eaux et forêts de patrouiller dans le parc. Après une mise à pied, soixante jours aux arrêts de rigueur et un conseil de discipline, l’officier avait finalement été révoqué en conseil des ministres pour s’être mis « dans un état de rébellion tout en lançant un appel à la sédition des membres du corps auquel il appartient ». Début juin 2019, la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) a porté plainte auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT) contre le gouvernement et contre le Parlement béninois pour « violation des droits et des libertés des travailleurs ». « Mais nous sommes peu à soutenir Patrice Trekpo, même chez les fonctionnaires des eaux et forêts, qui craignent des représailles », déplore M. Anselme Amoussou, secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (CSA-Bénin).

Soutenu par le gratin du philantrocapitalisme mondial (lire l’encadré « Un cofondateur au passé trouble »), AP n’apprécie guère les syndicats. À Johannesburg, son conseil d’administration fleure bon le monde des affaires. L’un de ses membres, M. Valentine Chitalu, est l’un des hommes les plus fortunés de Zambie. « Il était, dans les années 1990, le directeur général de la Zambia Privatisation Agency, l’organisme chargé de la vente d’environ 230 sociétés d’État, résume un journaliste zambien qui préfère rester anonyme. Le hic, c’est que Chitalu a fini par siéger dans les conseils d’administration de certaines des sociétés qu’il avait lui-même aidé à privatiser, ou même par les présider. C’est ce qui s’est passé avec la mise en concession par l’État zambien des parcs nationaux de Liuwa Plain et de Bangweulu à African Parks. »

En effet, le millionnaire siégeait au conseil d’administration de la Zambia Wildlife Authority (ZAWA), chargée des parcs nationaux du pays. « C’est par son entremise qu’AP a pu obtenir ces mandats », tranche le journaliste. Aujourd’hui, l’une des sociétés de M. Chitalu, la Mukuba Property Development Company, projette la construction d’un hôtel quatre étoiles, d’un complexe de golf et d’un centre de conférences… à l’intérieur du parc national de Mosi-oa-Tunya, sur les rives des chutes Victoria, classées au patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Défenseurs de la nature et résidents s’interrogent : « Ce projet va-t-il nous faire perdre l’un des derniers corridors permettant le passage des éléphants (8) ? »

Une clôture électrifiée de 92 kilomètres

Sans craindre la contradiction, M. Chitalu préside aussi le fonds d’investissement Phatisa, tourné vers l’agro-industrie africaine. En association avec le Commonwealth Development Group (le fonds britannique de financement du développement) et la Proparco (la banque de l’Agence française de développement), Phatisa est accusé d’avoir investi dans la production d’huile de palme du groupe canadien Feronia en RDC, fortement contestée par les communautés riveraines. En juillet 2019, un membre du Réseau d’information et d’appui aux ONG nationales (RIAO-RDC) était tué par un garde de sécurité de Feronia (9). M. Fearnhead, le patron d’AP, se contente d’avancer des explications aussi générales que prudentes : « Ces contradictions sont inhérentes à l’être humain. Tous considèrent que la richesse qu’ils ont générée peut servir à autre chose et avoir des effets positifs. » En tout cas, chez les bonnes fées d’AP, le souci environnemental ne semble jamais loin du portefeuille, histoire de conforter leur image de marque sur le continent tout en développant des réseaux lucratifs. « Ils veulent tous que ces aires soient protégées, mais ils veulent surtout être ceux qui y contribuent et le faire savoir », rappelait une enquête effectuée en Angola (10).

En 2020, AP devrait ajouter trois mandats à son tableau de chasse. Elle serait sur le point d’obtenir la concession du parc national d’Iona, dans le sud-ouest de l’Angola, et celle du parc national de Nyungwe, dans le sud-ouest du Rwanda. Au Bénin, l’obtention du parc transfrontalier du W ne serait plus qu’une affaire de mois. Quant aux riverains de la Pendjari, ils verront bientôt se dresser le long de la bordure sud du parc une clôture électrifiée de 92 kilomètres, fabriquée avec du matériel importé d’Afrique du Sud.

Jean-Christophe Servant

Journaliste.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message