États-Unis : Les violences policières contre les manifestants de Black Lives Matter s’intensifient

mercredi 12 août 2020.
 

En seulement deux mois, nous avons recensé 125 cas de violences policières perpétrées contre des manifestants, des soignants, des journalistes et des observatrices dans 40 États et dans le district de Columbia.

À la suite de la mort de George Floyd, nous avons mené une enquête sur les violences policières aux États Unis. Nous constatons la généralisation de ces violences qui constituent de graves violations des droits humains. Les militants pacifiques du mouvement Black Lives Matter en ont fait les frais. Ils ont été victimes de violence pour avoir dénoncé les homicides illégaux de personnes noires par la police et pour réclamer une réforme structurelle. Manifestants, soignants, journalistes ou observateurs, ils voulaient simplement plus de justice.

Des interventions militaires déployées contre la population

Derrière l’usage injustifié et excessif de la force de certains policiers contre des manifestants se cache un problème plus global. Celui du racisme et de l’impunité structurels. C’est justement ce que ces manifestants dénonçaient. Nos recherches montrent que des personnes qui ne faisaient qu’exercer leur droit à manifester pacifiquement ont été réprimées avec une telle violence qu’elles ont parfois perdu la vue, été violemment frappées, prises de convulsions ou gravement blessées. Danielle Meehan, infirmière en soins intensifs, s’est occupée d’une étudiante de 26 ans, Aubreanna Inda, touchée à la poitrine par une grenade assourdissante à Seattle.

Le gouvernement de Donald Trump renforce désormais les interventions de type militaire à l’encontre des manifestants, en défendant le recours à l’armée fédérale à Portland et menaçant de déployer d’autres agents dans d’autres villes. Les actions du Président Trump représentent une dérive dangereuse vers l’autoritarisme, et doivent cesser immédiatement. En plus d’alimenter les tensions entre les manifestants et les forces de l’ordre, ce recours à la force pourrait avoir un effet dissuasif et empêcher les manifestants d’exercer leur droit de manifester librement. Il faut que le pays adopte une approche complètement différente du maintien de l’ordre pendant les manifestations à l’échelon local, des États et fédéral.

Une utilisation des gaz lacrymogènes irresponsable en pleine crise sanitaire

Alors que des personnes étaient descendues dans la rue pour manifester, en portant un masque et en tentant de respecter les mesures de distanciation sociale, des policiers ont tiré du gaz lacrymogène et du gaz poivre, multipliant les risques de complications respiratoires et de libération de particules susceptibles de propager le virus. Loin de répondre à des menaces ou violences réelles, cet usage excessif de la force a été déployé contre des manifestants totalement pacifiques. Le 30 mai, à Fort Wayne, Indiana, une étudiante et journaliste locale, a perdu un œil après avoir reçu un tir de grenade lacrymogène sur le visage. D’autres violations des droits ont également eu lieu lors de l’arrestation et du placement en détention de personnes.

Ils ont pris le temps de secouer leurs bombes de gaz poivre et de le pulvériser alors que nous ne cessions de crier : “Presse, presse !”

Entre le 26 mai et le 5 juin 2020, du gaz lacrymogène et du gaz poivre ont été pulvérisés de façon injustifiée et en premier recours pour disperser des groupes de manifestants pacifiques. Nous avons recensé 89 cas d’utilisation de gaz lacrymogène dans 34 États, et 21 cas d’utilisation illégale de gaz poivre dans 15 États et dans le district de Columbia. Nous avons également recueilli des informations sur au moins six cas d’utilisation de matraques par des policiers et 13 cas de tir de projectiles à impact cinétique (balles en éponge et en caoutchouc) dans 13 villes américaines.

Nos recommandations

Une révision des pratiques de maintien de l’ordre lors des manifestations s’impose.

Nous demandons au Congrès d’adopter la loi de 2020 relative à la protection des manifestants (H.R. 7315). Les organes responsables de faire appliquer la loi doivent faire en sorte que les normes internationales relatives aux droits humains soient respectées .

Le ministère de la Justice et le ministère public de tous les États doivent :

Examiner toutes les allégations de violations des droits humains commises par des agents de police lors des rassemblements publics

Amener tous les auteurs présumés de ces violations, y compris les personnes gradées, à rendre des comptes via des procédures pénales ou disciplinaires

Fournir une pleine réparation aux victimes


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