82 membres du HDP arrêtés : la répression politique frappe encore en Turquie

samedi 3 octobre 2020.
 

Le parquet d’Ankara a émis le 25 septembre 82 mandats d’arrêt, dont de nombreux membres du HDP. A la tête du 2ème parti au Parlement, ils sont victimes de répression politique depuis 6 ans maintenant. Encore une fois, le détail des chefs d’accusation justifiant les mandats d’arrêt ne sont pas connus. Aujourd’hui, plus de 1000 membres du HDP sont emprisonnés dans l’espoir pour le camp d’Erdogan de faire taire la belle et légitime aspiration à la reconnaissance culturelle et à une plus grande autonomie des Kurdes en Turquie.

Saruhan Oluç a déclaré que les opérations d’arrestation et de répression visaient à éliminer le HDP, conformément à une stratégie élaborée par le Conseil de sécurité turc en 2014. « Cette opération est la continuité du plan d’extermination conçu en 2014, a-t-il dit. C’est une étape visant à pousser le HDP, ses alliés et affiliés hors de l’arène politique. »

M.Oluç a souligné le fait que cette opération était la dernière étape d’un processus qui avait commencé avec les arrestations des coprésidents et des députés du HDP en 2016. « L’enquête sur les manifestations d’octobre 2014 en soutien à Kobanê a commencé en 2015, mais rien n’avait été fait jusqu’à présent », a-t-il indiqué, ajoutant que cette enquête était utilisée aujourd’hui pour mettre en œuvre le plan de destruction contre le HDP.

Rappelant les échecs successifs dans la politique intérieure et étrangère du gouvernement turc, Oluç a déclaré que la coalition AKP/MHP était arrivée à son terme.

Échecs des politiques gouvernementales

Selon le politicien du HDP, de nombreuses initiatives gouvernementales ont récemment échoué. « Une tentative a été faite pour provoquer un incident dans la région de la Méditerranée orientale. Mais le gouvernement a dû finalement reculer et s’asseoir à la table des négociations. Il voulait également se rendre important en mer Égée, mais cela s’est également avéré être un échec et les négociations ont commencé. Par ailleurs, l’aventure libyenne n’aboutit à aucun résultat ; au contraire, l’équilibre des forces a changé et le gouvernement turc voit que ses plans sont désormais vains. La société n’est plus intéressée par ce que le gouvernement fait ou prévoit de faire à Afrin, à Idlib ou dans le nord-est de la Syrie. Frustré par une politique étrangère si infructueuse, le gouvernement attaque de plus bel le HDP, les forces démocratiques et tout ce qui est kurde autour de lui. Il va essayer de voir si cette politique fonctionne. »

« Le gouvernement vit actuellement ses moment de répit », a déclaré Oluç. Concernant la situation sur le plan intérieur, il a ajouté ceci : « Une grave crise est en cours au niveau économique et social. Le coût de la vie est très élevé. Les chiffres réels sont beaucoup plus élevés que ceux qui sont officiellement annoncés. Il n’y a pas de création d’emploi et le taux de chômage ne cesse d’augmenter. L’examen des données macroéconomiques révèle un grave déclin économique. Le gouvernement tente de créer une certaine atmosphère afin d’éviter la discussion sur certaines questions. Et il pense qu’il peut faire diversion en organisant des opérations contre les Kurdes et le HDP. La société est échauffée avec des discours d’incitation à la haine et à l’hostilité. Mais le gouvernement doit se faire à l’évidence qu’il est arrivé au bout du chemin ».

Ils seront conduits en justice

Oluç a rappelé que les sondages montraient une baisse considérable du soutien à la coalition gouvernementale.

Il a également déclaré ce qui suit : « L’opposition sociale et politique en Turquie se positionne clairement contre la dernière campagne d’extermination. Cela vaut aussi bien pour les partis politiques et les organisations de la société civile que pour les individus. Si le pouvoir échoue dans cette dernière tentative de montrer les Kurdes et le HDP comme des ennemis, il ne lui restera plus rien ; il sera isolé dans sa politique d’oppression et de non-droit. Nous allons certainement gagner et infliger une lourde défaite au gouvernement turc. En temps voulu, les dirigeants turcs devront répondre des violations des droits et libertés devant la justice. C’est pourquoi nous disons : Le combat continue. »


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