Le viol et le meurtre de deux femmes provoquent un grand émoi en Inde

vendredi 9 octobre 2020.
 

Des manifestations s’organisent, notamment à Delhi, pour dénoncer l’attitude de la police après la mort de deux femmes de la communauté des dalits, anciennement appelés “intouchables”, sauvagement agressées et violées en réunion dans l’Uttar Pradesh.

L’Inde est à nouveau sous le choc de viols particulièrement sordides. Vendredi 2 octobre, une manifestation devait se tenir près de l’India Gate, le célèbre arc de triomphe de Delhi, malgré l’interdiction de tout rassemblement par les autorités, afin de réclamer justice pour deux femmes de l’Uttar Pradesh appartenant à la communauté des dalits (anciennement appelés intouchables), mortes après avoir été violées en réunion, à quelques jours d’intervalle.

La première affaire s’est déroulée le 14 septembre, dans le district d’Hathras. Une femme de 19 ans a été “violée par quatre hommes qui lui ont ensuite coupé la langue et brisé la colonne vertébrale”, précise le Telegraph. La victime a été conduite, paralysée, à l’hôpital Safdarjung de Delhi, où elle a rendu l’âme le 29 septembre, à la suite de quoi la police s’est “empressée de procéder à sa crémation en pleine nuit”, en ayant au préalable “enfermé la famille de la victime” pour l’empêcher de récupérer la dépouille et pour éviter qu’un médecin pratique une autopsie.

Lorsque les villageois ont défilé le lendemain matin dans la rue pour protester “contre ces atrocités et les manquements de la police”, les forces de l’ordre ont arrêté 145 personnes pour “émeutes, agissements criminels contre des fonctionnaires, mise en danger de la vie d’autrui et destruction de biens publics”.

Le viol, un grand fléau national

Jeudi 1er octobre, le pays a par ailleurs appris qu’à environ 500 kilomètres de là, une femme de 22 ans, habitant le district de Balrampur, était décédée après avoir été violée par deux hommes à 2 kilomètres de son domicile. “Le rapport d’autopsie fait état d’une mort par hémorragie consécutive à une dizaine de blessures corporelles sur la joue, la poitrine, les coudes et la jambe gauche”, indique l’Indian Express.

Les deux agresseurs, arrêtés depuis par la police, “avaient confié la victime à un chauffeur de rickshaw, qui a raccompagné la jeune femme chez elle”. Cette dernière a ensuite été conduite, inconsciente, à l’hôpital, mais elle est morte avant d’arriver à destination.

Le viol reste un grand fléau national en Inde. “Quatre-vingt-huit femmes ont été violées chaque jour en 2019”, relate India Today, et dans 11 % des cas il s’agit de dalits, qui sont considérés comme une caste tellement basse sur l’échelle sociale qu’elle n’entre même pas dans la hiérarchie des castes.

C’est surtout dans le nord du sous-continent que les femmes sont en danger – au Rajasthan (où “6 000 viols sur un total de 32 000” ont été recensés l’an dernier), dans l’Uttar Pradesh (3 000 viols en 2019) et dans une moindre mesure dans le Madhya Pradesh et le Maharashtra.

“Les femmes des communautés dalits sont plus vulnérables, elles subissent une énorme pression sociale et hésitent à signaler les viols. Dans la plupart des cas, la police ne les écoute pas”, dénonce People Against Rapes in India, une association d’aide aux victimes de viols.

Guillaume Delacroix


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message