Aux discours identitaires, Mélenchon oppose la « créolisation »

dimanche 18 octobre 2020.
 

PAR FABIEN ESCALONA ET PAULINE GRAULLE

Cette notion, empruntée à Édouard Glissant, permet au leader des Insoumis de concilier sa fidélité à l’idéal universaliste et une acceptation franche du pluralisme culturel de la société française. Mais le flou demeure sur sa traduction en politiques concrètes.

C’est un mot, lâché parmi tant d’autres, mais qui ne cesse, depuis quelques semaines, de nourrir des commentaires. À l’occasion de sa rentrée politique, Jean-Luc Mélenchon a introduit dans son discours public la « créolisation », une notion empruntée au poète martiniquais Édouard Glissant (1928-2011), qui désignait ainsi la fabrique « d’une culture ouverte et inextricable », à rebours de « l’uniformisation par les grandes centrales médiatiques et artistiques ».

Le choix n’a rien d’anodin, dans un contexte marqué par l’offensive du pouvoir contre le « séparatisme », conduisant à réactiver des controverses sans cesse rejouées depuis 30 ans à propos de la diversité ethno-raciale et religieuse du pays. Signe du brouillage des repères, l’innovation rhétorique du leader insoumis a donné lieu à des interprétations concurrentes. Là où certains l’ont analysée comme un élément de « recentrage républicain », d’autres y ont vu la preuve d’un « virage communautariste ».

La notion de créolisation, qui suggère une dynamique et un processus, n’est justement ni une rupture, ni un simple retour à l’ancien. Elle offre la possibilité à Jean-Luc Mélenchon de tout assumer : son attachement profond et réitéré à l’idéal universaliste, mais aussi le chemin qu’il a parcouru en direction des acteurs d’un antiracisme renouvelé, parlant crûment d’islamophobie comme de racisation, et dénonçant les hypocrisies d’une République prétendument aveugle aux différences.

C’est à l’occasion d’un discours sur la sécurité, le 14 septembre dernier, que le dirigeant insoumis a prononcé « créolisation » pour la première fois publiquement. Il a employé le mot à nouveau sept jours plus tard, lors de son discours sur la République, tenu au lancement de l’institut La Boétie. Sauf que cette fois, le mot a écorché quelques oreilles : « Le terme était déjà là, mais il y a eu un effet miroir avec le discours présidentiel sur le séparatisme, et c’est devenu, de fil en aiguille, un sujet polémique », indique l’entourage du député de Marseille. Sur les plateaux de la chaîne info CNews ou dans l’émission de RMC « Les Grandes Gueules », La France insoumise (LFI) est accusée de céder aux sirènes du « communautarisme ». Plus récemment, le 6 octobre, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin est allé jusqu’à dénoncer les supposés liens du mouvement avec l’« islamo-gauchisme ». Rien de surprenant s’agissant de ces espaces médiatiques et de ce responsable politique, mais des doutes s’expriment aussi en interne, les plus « républicains » du mouvement s’interrogeant moins sur le fond du propos que sur l’opportunité d’employer un mot prêtant le flanc aux « caricatures ». Une opération de clarification est alors lancée, qui se traduit le 25 septembre par la publication d’une tribune de Jean-Luc Mélenchon dans L’Obs.

« Dans mon esprit, explique-t-il, il s’agissait de proposer le chaînon manquant entre l’universalisme dont je me réclame et la réalité vécue qui le dément. » Critiquant la notion d’« assimilation », blessante pour des citoyens prenant déjà part à la vie collective, il dédramatise la « fusion des usages » à l’œuvre entre les diverses composantes du peuple français : « Je veux seulement nommer, de façon pacificatrice, ce qui se produit en réalité autour de nous. » Il conclut en remarquant que « [si] nous sommes tous semblables par nos besoins essentiels, chacun de nous est différent de n’importe quel autre. Et ces deux états comptent autant pour chacun de nous […] La créolisation rend cet aller-retour possible, vivable, concret ».

Après cette première mise au point écrite, l’explication de texte s’est poursuivie début octobre dans Le Figaro. Le journal conservateur avait auparavant publié une tribune de l’essayiste Raphaël Doan, qui contestait vivement la vision portée par Mélenchon. L’auteur y réhabilitait les mérites de l’assimilation, que la France aurait eu raison de rechercher sur la longue durée, et mettait en garde contre toute naïveté à l’égard de la créolisation. Celle-ci y était décrite comme un « phénomène centrifuge, voué à parcelliser la société » et nous menant tout droit « au morcellement culturel ».

Saluant « l’élégance d’un raisonnement documenté », le leader insoumis n’en a pas moins corrigé les approximations historiques de son contradicteur. Surtout, il en a profité pour marteler que « l’assimilation décrétée et forcée ne marche jamais ». Ajoutant, pour être encore plus clair : « À présent je vois pointer du doigt les musulmans. Cela ne peut rien donner de bon pour notre peuple. Faisons plutôt confiance à la créolisation comme manière pacifique, tranquille, joyeuse, de nous imprégner les uns des autres et de faire peuple ensemble. »

Pas de quoi calmer ses adversaires, mais l’expression d’un refus net de participer aux crispations identitaires, même sous couvert de défense de la République. Si celle-ci est « morcelée », selon Mélenchon, c’est du côté de la politique néolibérale du gouvernement qu’il faudrait en chercher les raisons. Pourquoi, cependant, avoir choisi précisément de parler de créolisation ? À LFI, lorsque la question est posée de la personne qui aurait pu souffler le terme, on répond que Mélenchon n’a pas besoin d’aide pour « lire des livres », certains évoquant la « révélation » qui aurait été la sienne à la lecture d’Édouard Glissant.

L’eurodéputé réunionnais Younous Omarjee, qui en a longuement discuté avec le leader insoumis ces derniers temps, explique à Mediapart qu’« un monde créole est en train de naître dans les métropoles du monde où la diversité culturelle est très forte, tout en étant déjà à l’œuvre depuis la période post-esclavagiste dans les outre-mers. Ce sont des territoires que Jean-Luc Mélenchon observe avec attention depuis des années, car il pense que ce qu’il s’y vit peut advenir à l’échelle du monde. »

Édouard Glissant. Édouard Glissant. De fait, lorsque Glissant utilise le mot, c’est d’abord pour « penser la réalité caribéenne », ainsi que nous le rappelle l’anthropologue Ary Gordien, chargé de recherches au laboratoire LARCA (université de Paris). « Avant lui, les problématiques de l’hybridation et du syncrétisme étaient déjà une question centrale de l’anthropologie des Amériques noires. » Au-delà de la région, la créolisation désigne cependant un processus plus ancien et plus vaste. S’il a, d’une certaine façon, toujours existé dans les sociétés humaines, il s’est incontestablement accéléré depuis la mise en rapport de toutes les terres émergées du globe. « En fait, toutes les sociétés sont créoles, sauf que certaines ne savent pas qu’elles le sont », résume Ary Gordien. L’écrivain Zaka Toto, fondateur de la revue Zist et de l’association La Fabrique décoloniale, va dans le même sens : « Glissant réfléchissait à la manière dont son monde s’était formé, puis l’Occident à partir des grandes conquêtes, et tentait de nommer ce qui a résulté de ces chocs, de ces contacts et de ces échanges. Il a extrapolé son vécu dans les Antilles pour comprendre une dynamique à l’œuvre dans le monde entier. Aujourd’hui plus encore qu’hier, la créolisation me semble être un bon outil pour comprendre ce qui se passe. L’enjeu, ce sont les résistances qu’elle suscite, car comment s’opposer au phénomène autrement que par des politiques inhumaines ? »

Avant d’être un idéal, la créolisation revêt donc une dimension descriptive. Elle n’est « ni un projet ni un programme. C’est un fait qui se constate », écrit d’ailleurs Mélenchon dans L’Obs. Là où une dimension plus normative et donc politique entre en jeu, c’est qu’elle peut se produire selon des modalités très différentes d’acceptation, de violence et de traduction juridique. Ary Gordien souligne que pour Glissant, « la créolisation peut se faire sur un mode bâtard, lorsque les termes créolisés ne sont pas mis sur le même pied. C’est typiquement le cas aux États-Unis, où l’expérience des Noirs a été celle de la ségrégation après l’esclavage, et où ils ne sont pas encore considérés comme des égaux ».

Plusieurs des spécialistes interrogés par Mediapart tiennent par ailleurs à différencier la créolisation du « métissage ». Ce dernier terme, nous rappelle Ary Gordien, est « une catégorie coloniale liée au biologique, qui désigne le type physique issu d’union mixte. À ce titre, c’est un référent assez dérangeant. La créolisation, qui porte initialement sur l’objet linguistique, se situe sur un plan culturel ». Loïc Céry, directeur du Centre international d’études Édouard Glissant, abonde en expliquant que « le métissage crée du prévisible, de l’hybride, alors que la créolisation, en procédant d’une mise en présence de différents apports culturels, crée de l’imprévisible ».

Si la distinction est cruciale pour nos débats français sur le traitement de la différence, c’est que cet « échange avec l’autre », valorisé par Glissant, n’a rien à voir avec une sorte de fusion indistincte qui annulerait le pluralisme de la société : « Il subsiste la possibilité d’éviter la dissolution, la perdition de soi, le reniement, l’effacement. » C’est ce qui rend l’évocation de la créolisation par Mélenchon si positive aux yeux de Loïc Céry, comme à ceux de Zaka Toto : « Je me dis : “Enfin !” Cet outil, il faut le faire entrer en politique. » Mais à quel point la notion sera-t-elle investie par le député de Marseille et ses camarades ? À quel point est-elle compatible, d’ailleurs, avec son credo républicain maintenu ?

Une « inflexion » au sein de la matrice républicaine du leader insoumis Parmi les proches de Mélenchon, plusieurs font valoir la logique intellectuelle et politique dans laquelle s’inscrirait l’usage du terme de créolisation. De fait, il ne partait pas de positions aux antipodes de cette approche.

Comme en écho à Glissant préférant « l’identité-relation » à l’identité « racine unique », Mélenchon écrivait en 2001 que « toutes ces histoires de racines, d’identités liées à un terroir ou à des traditions sont des machines à faire du malheur. Ce sont des sortes de cages, dans lesquelles on s’affole tout le temps de tout ce qui bouge ou qui change à l’extérieur. Des machines à fabriquer de la peur face à tout ce qui est différent de soi ». Son républicanisme s’est toujours proclamé inclusif, considérant que le peuple français ne pouvait être défini que sur une base politique, l’ex-candidat à la présidentielle usant régulièrement de la formule selon laquelle on peut « faire France de tout bois ».

Éric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis, relativise la nouveauté du discours sur la créolisation, « même si les choses se précisent et s’affinent. Dès 2012 [et son discours du Prado à Marseille – ndlr], il prononçait une ode au métissage [dont on a vu la connotation différente – ndlr]. Tout cela s’inscrit dans une grande continuité avec l’idée que la République ne doit pas mettre au pas ou inféoder les citoyens, mais au contraire que la République est toujours en mouvement et qu’elle constitue la seule communauté légale acceptable ». Des termes que l’on retrouve chez l’eurodéputé Younous Omarjee : « La créolisation ouvre une perspective pour penser une République en mouvement, non figée et pacifiée. Ce concept apporte une solution aux questions identitaires. »

Pourtant, les réflexes jacobins et anticléricaux de Jean-Luc Mélenchon n’ont pas toujours facilité ses rapports avec les défenseurs des singularités culturelles. Tout en mettant en garde contre « une police des mœurs et des vêtements », son vocabulaire s’est par exemple souvent révélé dépréciatif pour évoquer des tenues à connotation religieuse, soit qu’il parle du voile comme d’un « accoutrement », soit qu’il s’interroge sur des jeunes de quartier habillés « en Afghans ».

À plusieurs reprises, la question des langues régionales l’a aussi entraîné dans de vives polémiques. En 2001, il s’oppose à Jack Lang à propos du financement public des écoles bretonnes Diwan, qu’il qualifie de « sectes » au Sénat en 2008. Dans un post de blog publié en 2007, il justifie d’avoir évoqué une « pseudo-langue bretonne », en affirmant que « ce qui est nommé de cette façon n’est aucune des cinq langues parlées historiquement mais une “langue unifiée” dont le vocabulaire et la grammaire furent fixés à la demande de l’occupant nazi en 1941 ». En 2015, il s’oppose à la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, en arguant que leur définition par la Charte nuirait en fait à la diversité, et se plaignant du « procès calomniateur » qui lui est fait en la matière.

Surtout, les alertes contre le communautarisme ont parfois davantage rencontré sa sensibilité qu’aujourd’hui. Dans le recueil Causes républicaines (Seuil, 2004), on trouve un texte dans lequel Mélenchon explique pourquoi il a fini par soutenir le principe d’une loi contre le port du voile à l’école. Il n’en aimait pourtant pas l’idée, affirmant avoir senti « autour du débat la présence répugnante des arabophobes, cohorte sournoise de la haine qui tire profit de tout ce qui peut permettre de faire vivre l’équation bien connue : intégriste égale musulman égale Arabe ».

Pour justifier son retournement en faveur de la loi, il invoque « [la propagation] à grande vitesse du communautarisme dans notre pays ». « L’augmentation du nombre de femmes voilées » étant, selon lui, « le résultat d’une stratégie délibérée conduite par des groupes organisés qui testent la capacité de défense des institutions laïques de notre République », il ne serait pas inutile « d’habituer de nouveau les Français à légiférer en matière de restriction des pratiques communautaires portant atteinte à la laïcité de nos institutions ». Si la loi de 1905 est toujours défendue par le leader insoumis, les mobilisations populaires ont manifestement contribué à le rendre plus attentif aux conséquences de la parole politique ciblant la diversité des styles de vie.

Assiste-t-on pour autant à un « tournant » politique ? Interrogée par Mediapart, Clémentine Autain remet l’usage du terme créolisation dans la droite ligne de sa participation à la marche contre l’islamophobie en novembre 2019, puis à la marche antiraciste réclamant vérité et justice pour Adama Traoré en juin dernier. La députée insoumise préfère parler d’« inflexion ». « Quoi qu’il en soit, c’est profond : Mélenchon ne supporte plus le racisme contre les musulmans, et ça l’a conduit à mettre la main sur cet enjeu », veut croire celle qui a longtemps reproché à LFI de ne pas suffisamment mener la bataille culturelle sur des sujets comme l’accueil des migrants. « Dans les quartiers populaires, poursuit-elle, la sensibilité est forte à ce parti pris clair, tant la stigmatisation est devenue insupportable. »

« Je crois que Jean-Luc est devenu encore plus sensible à ce sujet depuis l’affaire dégueulasse entre Danièle Obono et Valeurs actuelles [la députée LFI ayant été dépeinte en esclave dans une fiction publiée par l’hebdomadaire – ndlr], raconte quant à lui Christian Benedetti, directeur du théâtre-studio d’Alforville, candidat insoumis aux dernières législatives partielles sur la circonscription, et bon connaisseur d’Édouard Glissant. Depuis ce moment, il a compris de manière intime le concept de “créolisation”. Les gens changent, mûrissent, évoluent, s’enrichissent. Et il ne le fait pas par électoralisme, car le sujet n’est pas très porteur actuellement. »

Sergio Coronado, écologiste insoumis, se dit en tout cas ravi de cette « adaptation à l’état du monde » : « Dans le fond, c’est son vieux fond internationaliste qui remonte, ainsi que le monde de son enfance à Tanger, qui est une madeleine pour lui… Si certaines personnes dans son entourage ont pu être sur des positions plus rigides, j’observe cependant qu’il a toujours été sur cette ligne de la créolisation dans ses campagnes électorales. »

En dépit d’une matrice républicaine très classique, Jean-Luc Mélenchon a déjà montré sa capacité d’y intégrer des demandes minoritaires auparavant négligées. Défenseur des droits des homosexuels, l’ex-socialiste fut par exemple le premier (en 1990) à déposer une proposition de loi portant création d’une union civile pour les personnes de même sexe. Ses soutiens soulignent qu’étant attentif aux mouvements de la société, il a saisi la légitimité des demandes de justice portées par les dénonciateurs des violences policières et des mécanismes de racisation à l’œuvre dans la société.

Quelle traduction en droit ?

Reste à savoir comment articuler ces demandes de manière concrète au sein d’un projet politique, autrement que dans des joutes argumentatives par tribunes interposées. Une première réponse a déjà été apportée dans le soutien ou la participation à des mobilisations fustigées par les plus conservateurs. Mais le politiste Patrick Weil, spécialiste des questions d’immigration, estime que « la seule question qui vaille, c’est la traduction en droit du concept de créolisation : qu’est-ce que ça implique en termes de politiques publiques ? »

À cet égard, l’œuvre de Glissant n’offre aucune réponse toute faite. Pour l’écrivain Zaka Toto, « acter le fait social de la créolisation, et la diversité de la République dans son corps » constitue toutefois un bon point de départ pour « s’attaquer à des problèmes concrets ». Et parmi ceux-ci, il y a « l’écart entre les principes d’universalité et l’expérience du quotidien. Ce qui parlerait à beaucoup de gens, c’est la fin des discriminations concernant l’emploi, les prêts, le logement… C’est ce que devrait garantir la République, mais elle ne le fait pas sous prétexte de citoyenneté abstraite ».

Sarah Mazouz, sociologue chargée de recherches au CNRS et autrice de Race (éditions Anamosa, 2020) s’avoue plus dubitative. Le registre culturel de la créolisation lui fait craindre une discussion qui en reste à la façon dont se construisent des identités, fussent-elles ouvertes et dynamiques. « Il y a un risque d’évitement de la question politique des minorités. L’enjeu devrait être la façon dont on produit de l’égalité en prenant en compte des groupes minorisés, particularisés par des discours et des pratiques hégémoniques. Parler de créolisation peut rassurer à la fois une partie de la gauche et certains militants antiracistes, mais comment faire pour qu’elle ait une traduction concrète en matière de politique d’égalité ? Des dispositifs de redistribution, de compensation et de réparation des torts subis sont nécessaires. Or, on sait comment les politiques d’action positive peuvent provoquer des résistances. Je vois donc mal la mise en musique concrète. »

Les tentatives ne sont pas légion de concilier l’idéal républicain d’une communauté politique « une et indivisible » avec la prise en compte sérieuse des minorités dominées au sein d’une société historiquement construite sans elles, ou à leurs dépens via leur infériorisation et leur exploitation. La théoricienne Cécile Laborde, en tentant de forger un « républicanisme critique », a été l’une des rares à proposer une méthode et des critères clairs pour répondre aux revendications minoritaires, dans l’esprit « d’une république de la non-domination ». D’après elle, les pouvoirs publics ne devraient pas se focaliser sur les identités mais sur « les formes de pouvoir arbitraire » à corriger, lorsqu’un « statut civique égal » est manifestement dénié à certaines personnes ou groupes à cause de l’ordre social et juridique en vigueur.

Pour Loïc Céry, Jean-Luc Mélenchon serait justement, « avec d’autres, en train de penser les modalités [d’une] mutation de l’idéal républicain, en réalisant ce vieil idéal de “l’unité dans la diversité”. Dit comme cela, ça peut sembler lénifiant, mais je crois que c’est bien ce qui fait notre horizon aujourd’hui. Il est possible de penser ces enjeux à partir de Glissant, tant je conçois comme déterminante la notion connexe qu’il associe systématiquement au processus de créolisation : celle de “Relation”, qui a fait l’objet de toute son œuvre conceptuelle. Établir la Relation aujourd’hui devrait consister à élaborer les cadres où, sans se dénaturer, la République serait capable de se réformer suffisamment, en tenant compte de la créolisation de la société française, sans tomber dans les pièges du communautarisme, mais sans aveuglement de fixité ».


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