18 octobre 2020 La gauche de retour au pouvoir en Bolivie

jeudi 29 octobre 2020.
 

En Bolivie, Luis Arce, dauphin de l’ancien chef de l’Etat Evo Morales chassé voici 8 mois par un putsch made in USA, a remporté dimanche la présidentielle dès le premier tour avec plus de 52 % des voix. L’ancien ministre de l’Economie, 57 ans, devance de plus de 20 points son principal rival. La présidente (putschiste) par intérim, Jeanine Añez, a félicité Luis Arce pour sa victoire.

La Bolivie comme nouvelle aube (Jean-Luc Mélenchon)

L’élection présidentielle en Bolivie a vu la victoire dès le premier tour du candidat d’Evo Morales. Fin foudroyante de huit mois de gouvernement d’illuminés bible en main, d’arrogance du proconsul des USA, d’insultes contre les indiens et de pillage des biens de l’État. Cette politique a eu raison des candidats amis du putsch qui a expulsé Evo Morales et martyrisé les membres de son gouvernement et leur famille. Je n’ironiserai pas trop sur l’échec des médias pro-putsch en France qui avaient sagement relayé tous les éléments de langage des agences d’influence nord-américaines. Ceux-là tombent de l’arbre après les résultats dont la validité est reconnue par tout le monde. Tout le monde inclus par les putschistes eux-mêmes, sans parler de la très suspecte OEA qui avait cautionné le putsch et les mensonges contre Evo Morales et ses amis. On était mieux informé en lisant les journaux des USA ces temps derniers sur ce sujet plutôt que les bulletins paroissiaux de l’atlantisme en France.

Ce qui me frappe dans cet épisode bolivien de la lutte générale contre l’Empire et le néolibéralisme en Amérique latine, c’est la victoire morale de la stratégie d’Evo Morales. Il est temps de dire que nombreux s’était interrogé sur sa validité. En refusant le choc et la bataille rangée que le putsch aurait pu mériter, Evo Morales prenait un grand risque. Celui de la débandade et de la démoralisation de notre famille politique sur place et sur le sous-continent latino-américain. C’est le contraire qui s’est produit.

On ne doit pas sous-estimer cette leçon de stratégie. En refusant tout ce qui aurait pu conduire à une guerre civile, la vie des cadres et militants politiques a été protégée et la capacité à se reployer a été protégée. Dans le passé, chaque coup d’État était suivi d’un massacre dont nous mettions une génération à nous remettre. Ici, deux anciens ministres d’Evo Morales sont élus président et vice-président, vivants, profondément expérimentés. La victoire de ce dimanche est donc d’ample portée dans le rapport de force bolivien et latino. Il l’est évidemment aussi au plan mondial de ce seul fait. Mais il l’est aussi du fait de la leçon de stratégie que le MAS vient de donner. Le peuple bolivien qui nous avait donné Evo Morales vient de confirmer sa contribution à la pensée nécessaire à notre époque.

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