VIDÉO – « Il faut des alternatives au confinement général »

samedi 7 novembre 2020.
 

Le 3 novembre 2020, Jean-Luc Mélenchon intervenait à l’Assemblée nationale pour s’opposer à la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. Il a dénoncé une situation où la pandémie est « hors de contrôle » et où les consignes sanitaires ne sont pas pleinement obéies du fait de l’absence de consentement de la population aux mesures prises.

Il a aussi expliqué que la multiplication des situations d’état d’urgence passant ensuite dans le droit commun posait un problème démocratique. Une position également défendue dans un document rendu public ce même jour sur la « dérive autoritaire de Macron ».

Le président du groupe parlementaire « La France insoumise » a appelé à créer les conditions du consentement aux mesures sanitaires en trouvant des alternatives au confinement général. Il a notamment proposé de réouvrir les commerces de proximité et à faire un roulement dans les classes d’école. Enfin, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau expliqué que la prise de décisions par le Conseil de Défense posait un grave problème démocratique.

Voici la retranscription de son intervention :

« Il est devenu tout à fait évident que l’épidémie, comme l’a dit un grand quotidien de notre pays, est hors de contrôle. La diffusion du virus se fait à un taux parmi les plus impétueux de toute l’Europe. Dès lors, par-dessus tout ce qui peut nous séparer, il faut réfléchir et se demander de quel côté il faut aller pour éviter ce qui nous pend au nez. Qu’est-ce qui nous pend au nez ? Une panique générale parce que les consignes étant incomprises, même des braves gens qui veulent bien faire ne savent ni comment ni pourquoi ils doivent faire ceci ou cela et comment le faire.

Et deuxièmement, en même temps que cet effet de panique de chacun pour soi, on aurait un effondrement de la structure économique de base, c’est-à-dire tout ce qui concerne les petits commerces et toutes les formes de diffusion moléculaires de la marchandise et de la richesse. C’est à ça qu’il s’agit de répondre, pas de se crisper pour prétendre avoir raison contre tout le monde et en n’écoutant personne. Mais de bien se rendre compte que c’est ça le risque. Alors si c’est ça le risque, sur quoi pouvons-nous nous appuyer le plus sûrement ? La population ! Le peuple, l’intelligence collective ! Ça ne peut plus durer. Qu’est-ce que c’est que ce pays ?

Depuis 2015 c’est l’état d’urgence quasi permanent et à chaque fois on passe dans la loi ordinaire ce qui était dans l’état d’urgence et le coup d‘après on en remet une couche pour faire un état d’urgence nouveau. Tant et si bien que maintenant c’est du pouvoir que l’on décide à quelle heure on peut sortir, à quelle heure on peut rentrer et ainsi de suite. Alors on peut dire : “écoutez, nécessité fait loi”, mais non. Si les gens ne sont pas d’accord pour le faire, s’ il n’y a pas de consentement à l’autorité, on ne peut pas gouverner. En tout cas pas dans une démocratie. Il faut donc créer les conditions du consentement à l’autorité. Ceci est en train de nous échapper – je dis nous collectivement comme société française – les petits commerçants ne vont pas en rester là. Ils savent qu’ils sont menacés de faillite sous le mois ou le mois suivant qui vient.

Si vous avez des lycéens qui commencent à prendre peur, pas pour fiche la pagaille, mais pour demander des mesures de sécurité sanitaire qui soient valables, posons-nous la question de savoir comment on peut les convaincre. Donc, je vais oser une expression, comme j’avais au nom de mon groupe déjà fait une expression qui vous avait choquée à l’époque, nous étions en confinement, et je disais : “il faut prévoir un plan de déconfinement”. Alors je suis passé aussitôt pour une sorte de conspirateur et de tireur dans le dos, c’est pourtant bien ça qu’il a fallu faire. Et bien aujourd’hui je vous le dis : quand on vous annonce une deuxième vague pire que la première, une troisième qui y succédera et peut-être une quatrième – tout ça c’est le conseil scientifique qui le dit – vous ne pouvez pas imaginer que vous vous tirerez de cette situation, qui que vous soyez, quelque pouvoir que vous soyez, en mettant la France entière en confinement général et permanent. Ce n’est pas possible. Ça ne tiendra pas.

Donc, ce à quoi il faut penser maintenant, c’est à des alternatives au confinement général. Des alternatives qui provoquent le consentement et l’implication populaire. Lesquelles ? Ah je ne vais pas maintenant étaler devant vous un plan complet que j’aurais mijoté avec mes amis pendant les 3 ou 4 jours qui viennent de passer, mais on a des idées. Il faut que le petit commerce puisse rester ouvert. Point. Comment on s’y prend ? Eh bien il y avait des solutions, il y a des gens qui le font déjà. Il y a le marquage au sol, il y a la limite de la jauge. Il faut que les gens arrêtent de s’empiler le matin dans les transports en commun. Alors comment peut-on faire ? Eh bien on peut raccourcir le temps de travail pour que les gens ne partent pas au boulot à la même heure.

Ensuite dans les écoles, il ne faut pas qu’ils soient empilés. Vous ne pouvez pas faire de sous-groupes en poussant les murs. Donc il faut faire un roulement d’utilisation de l’établissement scolaire. Je donne là quelques idées que j’ai empruntées ici et là en les regardant appliquées dans d’autres pays. Nous serons obligés de trouver des alternatives rigoureuses au confinement général parce que la France ne peut pas être confinée pendant les 18 prochains mois qui viennent devant nous jusqu’à l’élection présidentielle si c’est la borne sur laquelle vous comptez. Et enfin j’achèverai en disant que la grandeur d’un pays, d’une démocratie, c’est d’essayer de se tirer démocratiquement des impasses dans lesquelles ils se trouvent.

Naturellement, ce n’est pas le gouvernement qui a fait venir la pandémie, on est parfaitement au courant. On est parfaitement au courant que tout le pays est menacé par la Covid, mais en tout cas dans cette épreuve-là, la solution c’est d’essayer de voir comment on peut continuer en étant nous-mêmes. Exactement ce qu’on dit face aux terroristes, on le dit face au Covid-19. Donc ça ne peut pas être le Conseil de défense qui gouverne la France. Je le dis à cette tribune. Je ne suis pas d’accord et je ne crois pas que je suis le seul dans cette Assemblée à ne pas être d’accord. Ce comité est soumis au secret-défense, ceux qui parlent avant, pendant ou après seraient punis de le faire. Voilà la vérité. Le Conseil de défense est un gouvernement secret qui permet d’échapper à la Haute Cour de Justice et rien de plus. C’est une aberration. La démocratie est plus efficace que le secret et l’autoritarisme. »


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