Capitalisme : Les assassins sont parmi nous

lundi 20 août 2007.
 

L’homme le plus riche du monde s’appelle Carlos Slim. Sa fortune s’élève à 59 milliards de dollars, un milliard de plus que celle de Bill Gates, le patron de Microsoft, et trois fois le PIB du Soudan, qui compte 42 millions d’habitants. Magnat des télécommunications, Carlos Slim est aujourd’hui le principal actionnaire des plus importants groupes du Mexique. L’ensemble de ses participations représentent près de 5 % du PIB mexicain en 2006, tandis que les sociétés qu’il contrôle représentent près d’un tiers des 422 milliards de dollars circulant à la Bourse mexicaine, selon les calculs du magazine américain Fortune.

Si certains chiffres nous rendent incrédules, il en est d’autres qui ne peuvent que nous révolter. En cet été 2007, un milliard de personnes vivent toujours avec moins d’un dollar par jour. 100 000 êtres humains meurent de faim ou de ses conséquences immédiates chaque jour dans le monde. 1 enfant de moins de 10 ans meurt toutes les 5 secondes de cette même cause. Selon le rapport annuel de l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture, 842 millions d’hommes et de femmes souffrent de malnutrition chronique aggravée, un chiffre en constante augmentation. Pourtant, il est avéré que l’agriculture mondiale peut, à l’heure actuelle, nourrir dans de bonnes conditions 12 milliards d’individus, soit près du double de la population mondiale ! Ces quelques chiffres aberrants font dire à Jean Ziegler, rapporteur spécial auprès des Nations unies sur le Droit à l’alimentation, auteur de L’Empire de la honte que « chaque enfant qui, aujourd’hui, meurt de faim est, en réalité, assassiné ».

Les assassins sont parmi nous. Ce sont ces « 500 multinationales qui contrôlent 52 % du PIB mondial », « ne s’intéressent absolument pas au sort des pays dans lesquels elles sont implantées », « mènent une politique de maximalisation des profits et assoient leur pouvoir par la corruption des dirigeants ».

Le Brésil constitue un cas d’école des ravages du capitalisme néolibéral. Depuis 1975, les paysans brésiliens ont défriché la forêt vierge et ses arbres gigantesques, sur une surface équivalant à la France et au Portugal réunis, pour y cultiver du soja, au point que le Brésil en est devenu le premier producteur mondial. Or, le soja appauvrit la terre amazonienne. Un soja qui est ensuite exporté massivement vers l’Europe, où il sert à nourrir... les cheptels, et, en particulier, les poulets. Pendant ce temps-là, les paysans souffrent de malnutrition chronique (comme 25 % des Brésiliens), et vivent dans une telle misère qu’ils doivent puiser leur eau - à boire - dans des mares polluées, à leurs risques et périls.

Au Brésil comme ici, ce sont les multinationales qui font la loi. 85 % de la filière agro-alimentaire brésilienne est aux mains de groupes comme Monsanto, Novartis, Danone ou Nestlé. Nestlé qui a fait grimper son bénéfice net de 11,4% à 2,63 milliards d’euros au premier semestre 2006... Au total, le chiffre d’affaires du numéro un mondial de l’alimentaire a augmenté de 11% à 29,8 milliards d’euros !

Au milieu du chaos du monde, les profits des multinationales continuent d’exploser. Le sidérurgiste allemand Thyssen-Krupp vient d’annoncer un résultat trimestriel avant impôts de 1,22 milliard d’euros, contre 806 millions d’euros un an plus tôt. Son chiffre d’affaires a augmenté de 11% à 13,34 milliards d’euros. Le groupe aérien Air France-KLM a annoncé, jeudi 9 août, un bénéfice net de 415 millions d’euros au premier trimestre 2007, en hausse de 70,1 % par rapport aux 244 millions d’euros dégagés sur la même période en 2006. Les maîtres du monde pavoisent. En vacances à Wolfeboro dans une maison de près de 2000 m² appartenant à Mike Appe, ancien dirigeant de Microsoft, qu’il loue 30 000 $ par semaine, Nicolas Sarkozy a rencontré George Bush. Les baisses d’impôts accordées par le président américain aux contribuables fortunés se sont élevés à 2600 milliards de dollars. Du jamais vu...

Partout, dans une atmosphère de revanche sociale, les maîtres du monde et leurs valets organisent la division des classes populaires et démantèlent les dernières barrières de l’Etat-providence pour instaurer la dictature des marchés.

La France compte 7 millions de travailleurs pauvres, plus d’un million de personnes bénéficient du RMI, plus de 500.000 de l’allocation solidarité. Indifférents aux ravages du capitalisme, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont multiplié les cadeaux fiscaux aux riches, planifié des milliers de suppressions de postes dans la fonction publique et remis en cause le droit de grève. Leurs priorités ne sont décidément pas les nôtres...

Les assassins sont parmi nous. Mais leur force apparente ne repose que sur du sable et déjà, au Venezuela ou en Bolivie, les peuples se soulèvent contre la barbarie capitaliste et inventent une autre société.

Chez nous aussi, Sarkozy et son gouvernement peuvent être défaits. Première étape d’une lutte qui ne fait que commencer, la rentrée sociale doit être placée sous le signe de la résistance et de l’espoir. Résistance et espoir : avec le Parti communiste, ces deux mots peuvent se conjuguer au présent.

David Noël

Liberté 62, n°770 du vendredi 17 au jeudi 23 août 2007 http://www.liberte62.com http://www.lheninois.com


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