Etat Macron : Le régime autoritaire pond son outil de contrôle global

vendredi 18 décembre 2020.
 

Une information est passée relativement inaperçue. Pourtant, il s’agit d’une étape importante dans la construction d’une société de surveillance comme la mettent en place les macronistes. J’ai parlé d’une mise en cage électronique de la France. Nous y sommes. Le 4 décembre, le gouvernement a pris deux décrets modifiant les modalités de fichages en joignant les données des fichiers du renseignement territorial de la police, de la gendarmerie et celui qui permet les enquêtes administratives. Ces décrets franchissent un seuil en direction d’un « big data » général de toute la population.

D’abord, les raisons pour lesquelles un policier, un gendarme ou un agent de sécurité peut inscrire une personne dans ces fichiers s’élargissent. Initialement, ils ont été créés pour prévenir le terrorisme et le « hooliganisme ». Mais il est déjà possible de d’abuser de ces deux motifs pour contourner toute limite. En effet, en l’état, on peut y inscrire des « personnes susceptibles d’être impliquées dans des actions de violence collectives, en particulier en milieu urbain ou à l’occasion de manifestations sportives ». Grâce à ces attributions larges, 80 000 personnes ont déjà été fichées. Mais les décrets ajoutent à ceux-là les personnes susceptibles de porter atteinte à la « sûreté de l’État ».

Cette notion annonce le fichage des opposants politiques. En effet, le ministère de l’Intérieur précise qu’il entend par sûreté de l’État « tout ce qui a trait à la continuité et à l’intégrité des institutions de la République et de ses services publics, et par extension, à la prévention des comportements menaçant cette intégrité ». Avec cette formulation, il devient possible par exemple de ficher les grévistes, puisqu’ils menacent la continuité du service public. Le décret ouvre d’ailleurs la voie à un fichage politique généralisé, sans s’encombrer de détours. Il permet que soient répertoriées « des opinions politiques, des convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale ». Mais ce n’est pas tout. Dans ce décret, il est aussi question des données et informations concernant sur l’entourage de la personne. Il s’agit alors de ficher les parents, les enfants et toute personne qui entretient avec elle « des relations directes et non fortuites ». Les engagements associatifs sont désormais également concernés. Et puis aussi une multitude d’autres informations : données de santé, pratiques sportives, habitudes de vie, activités sur les réseaux sociaux.

Un tel champ fait dire à la CNIL que ces décrets risquent d’entrainer « une collecte automatisée de ces données ». Les méthodes du « big data » appliquée à tout et à tous, partout, signe le passage au régime autoritaire.

Voilà qui cadre bien avec les ambitions affichées de la « sécurité globale ». Outre son article 24 interdisant de filmer des policiers, la proposition de loi généralise l’utilisation de drones et de caméras par la police. Pour les associations de défense des droits humains, pour les oppositions à cette loi, le but de cela est de traiter ces images grâce à la reconnaissance faciale et l’interconnexion des fichiers. Quand nous interrogions le gouvernement sur le sujet, il faisait semblant de regarder ailleurs, de ne pas comprendre de quoi nous parlions. Mais ces décrets suppriment du code de la sécurité intérieure une phrase essentielle sur ce sujet. Elle précisait, à propos de ces fichiers, « le traitement ne comporte pas de dispositif de reconnaissance faciale à partir de la photographie ». Voilà qui était clair, non ? Ce verrou saute. La phrase disparait. La police pourra par exemple observer par drone une manifestation et disposer en direct du profil des personnes filmées avec leurs opinions politiques, leur famille, leurs habitudes de vie. Évidemment il lui sera possible de rendre le tout public instantanément selon l’usage dans les enquêtes préliminaires actuelles.

Plus tôt cette année, un autre décret avait déjà été pris dans ce domaine. Il concernait le fichier de GendNotes, l’application utilisée par la gendarmerie nationale lors des contrôles de routine. Les gendarmes peuvent y inscrire des informations « relatives à la prétendue origine raciale ou ethnique, aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, à l’appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle ou l’orientation sexuelle ». Ainsi, les deux décrets du 4 décembre permettent de transférer les données collectées sur le terrain par les gendarmes dans le nouvel ensemble de fichiers. Ce qui étend la durée de conservation de ces données de trois mois à trois ans. Brique par brique, le régime construit un état de surveillance globale. D’autoritaire, le régime macroniste pourrait devenir totalitaire en deux coups de fichiers, et commencer le contrôle politique depuis l’intérieur de votre lieu de vie, depuis l’intérieur de votre cerveau où siègent vos opinions et votre orientation sexuelle.


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