Covid-19 (France) : un an de faillite sanitaire et de gestion austéritaire/autoritaire

samedi 26 décembre 2020.
 

Face à l’épidémie de Covid, c’est peu dire que le gouvernement Macron a sous-estimé la menace. Tout un symbole : la démission, en février, de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, avec la bénédiction du président, plus préoccupé par la Mairie de Paris que par le Covid-19…

Alors que l’exemple de Hong Kong ou de la Corée du Sud démontrent qu’en testant massivement, tôt et vite, on peut maîtriser la pandémie, même lorsque l’on est tout proche du territoire chinois, le gouvernement français s’est concentré sur une stratégie purement hospitalière de gestion des cas graves, les seuls testés. Aucun effort de test, traçage et isolement des contacts n’a été organisé, en France comme dans quasiment toute l’Europe. Et la pandémie s’est diffusée dans toute la société. Erreur initiale de toutes les ­bourgeoisies européennes.

Faillite d’État

Sentiment de supériorité impérialiste, partagé par les élites politiques et médicales, qui fait penser que les pandémies sont pour les peuples arriérés, malgré les alertes SRAS, Ebola, ou Zika. Vision de la santé centrée sur le soin, l’hôpital, car en fait centrée sur le profit, qui exclut toute vision de santé primaire et communautaire, où la santé se fabrique par en bas, avec les citoyenEs. Des dizaines d’années d’austérité, qui ferment les lits hospitaliers, qui confient aux bas salaires chinois le soin de fournir le monde en tests, réactifs, écouvillons, masques, médicaments. Qui ont manqué en ce début de pandémie.

Le 28 avril, la France se classe en 30e position sur 35 pays de l’OCDE pour le nombre de tests par habitant ! La porte-parole du gouvernement défend alors l’inutilité des masques : mensonge d’État. Pour cause d’austérité, les stocks stratégiques de plus d’un milliard de masques n’ont pas été reconstitués. Les personnels médicaux sont sans masque et matériel de protection face au Covid. Les personnels des Ehpad, qui ont commencé à se masquer, sont démasqués par leur direction sur avis des agences régionales de santé (ARS), alors que dans le même temps les tests y sont sévèrement limités en nombre. La première vague était alors inévitable. Plus d’autre « solution » que le confinement. Elle fera 30 000 morts et encore 20 000 dans les Ehpad. Des médicaments indispensables manquent, les autres pathologies sont oubliées, les femmes battues isolées, le décrochage scolaire frappe massivement les enfants des plus pauvres. Les premiers de cordée fuient à l’île de Ré, pendant que les premiers de corvée et les personnels de santé se font contaminer. On meurt plus en Seine-Saint-Denis que dans le 16e arrondissement.

Épidémie hors contrôle

Le déconfinement se fera sans embauche massive ni ouverture des milliers de lits de réanimation nécessaires. Le gouvernement ne veut pas entendre parler de deuxième vague, il est tourné vers le redémarrage de l’économie. Le Puy-du-Fou et Disneyland rouvrent. À partir de juillet, lentement, l’épidémie de Covid-19 repart. Le gouvernement court derrière, avec toujours un temps de retard. Le protocole dans les écoles se réduit en fait au port du masque pour les plus de 11 ans. Pas de réquisition de bâtiment pour pousser les murs des classes et des cantines, pas d’embauche de personnel. Il faut que les parents retournent au travail. Le masque n’est imposé que le 1er septembre en entreprise, où le télétravail est seulement encouragé, au bon vouloir du patron, qui doit rester maître chez lui. Le système de tests monte en puissance mais rien n’est réellement organisé après pour construire avec la population un isolement et des gestes barrières. Les délais s’allongent à près d’une semaine. Le système de tests s’effondre. L’épidémie est hors contrôle. Déconfiner le « black friday », mais reconfiner nos vies, nos amours, la culture… n’évite pas la deuxième vague. Trop tard, le reconfinement est décidé. L’échec d’une gestion austéritaire et ­autoritaire de la pandémie.

Renforcer le système de santé face à l’austérité, réorganiser la société en fonction du Covid, des besoins sociaux et écologiques, et bâtir une mobilisation communautaire des populations, des associations et des professionnelEs de santé autour d’un nouveau système de tests, de recherche et d’isolement des cas contacts, dans une lutte commune contre le Covid et pour l’ensemble de nos droits, voilà ce qu’il faut leur opposer.

Frank Cantaloup


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