Jean-Luc Mélenchon, candidat déclaré à la présidentielle 2022, attaque en diffamation Jean-Guy de Chalvron, rapporteur ayant dénoncé les comptes de campagne du candidat insoumis lors de l’élection de 2017.
L’affaire des comptes de la présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon s’est invitée vendredi 5 mars au tribunal de Paris, lors d’un procès en diffamation opposant le leader de la France Insoumise au rapporteur qui avait dénoncé dans les médias des « irrégularités » dans ses comptes de campagne.
Jean-Luc Mélenchon, candidat déclaré à la présidentielle 2022, attaquait en justice Jean-Guy de Chalvron, ex-rapporteur de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP), chargée de valider les dépenses électorales avant leur remboursement par les finances publiques.
Jean-Guy de Chalvron avait démissionné avec fracas de la CNCCFP en novembre 2017, avant la fin de son travail sur les comptes de M. Mélenchon, au motif que la commission lui avait demandé de modifier sa « lettre de griefs », document dans lequel le rapporteur pointe les dépenses à rejeter. Malgré cela, la Commission avait validé les comptes du candidat LFI, après avoir retranché 434 939 € sur 10,7 millions déclarés.
Mais elle avait fini par saisir la justice en mars 2018 pour des prestations possiblement surfacturées, provoquant l’ouverture d’une enquête, confiée depuis novembre 2018 aux juges d’instructions. Pour Me Mathieu Davy, l’avocat de Jean-Luc Mélenchon, « la commission a été poussée à ce signalement à cause de l’acharnement médiatique de M. de Chalvron ».
Le leader de la France insoumise attaquait l’interview accordée par Jean-Guy de Chalvron à BFMTV le 30 mai 2018, lors de la révélation de l’enquête judiciaire. « Dans cette lettre des griefs, je disais attention il y a trois irrégularités : il y en a une d’ordre fiscal, il y en a une contraire à la législation sur les associations et une troisième pénale », avait déclaré l’ex-rapporteur.
« Il y a peut-être 1 500 factures douteuses », avait-il aussi déclaré, sur environ 5 000 que son co-rapporteur et lui devaient examiner. Comme exemples de dépenses illégitimes, car non destinées à recueillir des suffrages, le haut-fonctionnaire avait cité les « déjeuners de l’équipe de campagne » ou le fait de voyager pour rencontrer un chef d’État étranger.
À l’audience, Jean-Guy de Chalvron a reconnu que ce dernier exemple ne concernait pas Jean-Luc Mélenchon, mais que des déplacements de ce dernier à Berlin, pour rencontrer le parti Die Linke, et un autre à Genève, avaient été écartés comme il l’avait recommandé.
La procureure a estimé que les propos poursuivis étaient bien diffamatoires, mais elle s’en est remis au tribunal sur le fait de savoir si le prévenu doit être exonéré au titre de la bonne foi. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 16 avril.
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