LYON : Violente attaque de La Plume Noire par l’extrême droite

mardi 30 mars 2021.
 

2) Toutes et tous solidaires de la Plume noire, manifestation antifasciste le samedi 3 avril à Lyon

La Plume noire, librairie de l’UCL à Lyon, a été attaquée le samedi 20 mars par un commando fasciste. C’est une attaque contre toute l’UCL, mais, au-delà, contre toutes les forces de progrès et contre notre camp social. Une attaque qui s’inscrit dans un climat nauséabond où les polémiques racistes s’enchaînent dans les médias, impulsées du plus haut sommet de l’État.

L’UCL a pris l’initiative d’un appel national de soutien, large et unitaire, qui a reçu de nombreuses signatures de syndicats, d’organisations et partis politiques, d’associations et de collectifs. Une manifestation à caractère national est prévue à Lyon le samedi 3 avril prochain.

Le samedi 20 mars à 14h, la librairie la Plume Noire située au 8 rue Diderot sur les pentes de la Croix-Rousse, a été attaquée par une cinquantaine de militants d’extrême-droite cagoulés ; alors que se tenait dans les locaux une récolte de produits de premières nécessités pour les bénéficiaires de l’association PESE (Pour l’Égalité Sociale et l’Écologie).

Cette attaque était préméditée, préparée depuis l’annonce de la dissolution de Génération Identitaire le 3 mars 2021.

Il ne s’agit pas de la première attaque que subit notre librairie : en 1997, elle avait été victime d’un incendie criminel ; en 2016, une trentaine d’individus masqués avaient brisé les vitrines et tenté de pénétrer à l’intérieur du local ; en décembre 2020, ce sont deux bénévoles de l’association PESE qui avaient été roués de coups.

Cette fois-ci, c’est à coups de pavés que les nazillons ont brisé la porte d’entrée et les vitrines ; certains ont tenté d’entrer pour agresser physiquement les 8 personnes présentes à l’intérieur. Heureusement, il n’y pas eu de blessé.es et les voisin.es ont grandement participé à ce que l’attaque ne dure pas plus longtemps. Cette attaque a été à l’image de l’extrême-droite lyonnaise : sournoise et violente.

Après avoir effectué quelques saluts nazis et scandés des insultes homophobes, les assaillants ont pu repartir en groupe, traverser plusieurs rues des pentes avant de poser avec une banderole dérobée sur la devanture de la librairie sans être nullement inquiétés par les forces de l’ordre pourtant prévenues de l’attaque.

Plus tard, nous avons appris de la part de policiers eux mêmes que ce groupe dangereux avait été repéré dès le début et suivi sur les caméras de surveillance. Néanmoins ils ne sont pas intervenus et les ont laissés repartir tranquillement après l’attaque… Nous n’attendons rien du bras armé de l’État, mais cette tolérance vis à vis de ces attaques successives est une nouvelle preuve évidente de l’impunité des groupes d’extrême-droite sur Lyon.

Nous savons pertinemment que cette attaque a un lien direct avec la dissolution de Génération Identitaire, notre implication politique contre l’extrême-droite et la symbolique que représente notre librairie.

Depuis la dissolution de GI, notre camp social se doutait qu’une action violente se préparait soit contre une manifestation progressiste, soit contre des militant.es ou groupes identifiés. Le message inscrit sur notre devanture la nuit suivant l’attaque ne laisse pas de doute : « on ne dissous pas une Génération, retenez la leçon », accompagnée d’une croix celtique, un symbole fasciste.

Notre implication politique depuis des années dans les collectifs unitaires luttant contre les groupes d’extrême-droite à Lyon fait de nous une des cibles permanentes des fascistes et néo-nazis lyonnais.

Notre librairie autogérée, libertaire est de fait un lieu de lutte contre toute les idéologies haineuses et un lieu d’accueil pour toutes et tous les opprimé.es.

Face à ces attaques répétées contre notre librairie mais aussi face à celles perpétrées contre des locaux, des acteurs et actrices de notre camp social à Lyon et ailleurs ; nous souhaitons organiser une réponse unitaire et massive avec plusieurs objectifs : démontrer à l’extrême-droite locale que nous ne nous laisserons jamais intimider par leurs actions violentes ; que la solidarité face à ces violences est beaucoup plus grande et forte que leur volonté de faire peur ; que par une mobilisation importante, nous réussirons à obtenir la fermeture définitive de leurs locaux.

Nous tenons également à vous remercier pour tous les messages de soutien reçus de Lyon, de France et de l’international ; qui prouvent bien que la lutte antifasciste est une lutte internationale et que l’extrême-droite se combat par les luttes sociales un peu partout dans le monde.

Nous tenons enfin à apporter notre soutien aux camarades kurdes qui ont également subi une attaque à Lyon le même jour par des fascistes nationalistes turcs.

Source : https://www.unioncommunistelibertai...

1) Lyon : La Plume noire, librairie et local de l’UCL attaquée par l’extrême droite

Samedi 19 mars, la librairie anarchiste « La Plume Noire » a subi l’une des plus conséquentes attaques jamais pilotées par l’extrême droite radicale lyonnaise. Cette agression, menée par près de cinquante militants, témoigne d’une union des divers groupuscules de la galaxie nationaliste lyonnaise, suite à la dissolution de Génération Identitaire.

Samedi 19 mars, en début d’après-midi, 48 hommes, parfois cagoulés et habillés de noir, lancent des pavés et font sauter la vitrine de la librairie anarchiste la Plume Noire, local de l’Union Communiste Libertaire à Lyon (UCL). Dans le local, six bénévoles de la librairie et de l’association PESE (Pour l’égalité sociale et l’écologie) qui faisaient une collecte de nourriture, ainsi qu’un bénéficiaire de la distribution, assistent à la scène. Par chance, ils ne seront pas agressés.

La scène dure quelques minutes. Rapidement, le groupe s’enfuit en scandant « avant avant Lion le melhor », cri de guerre utilisé à Lyon au Moyen Âge et slogan bien connu de l’extrême droite radicale lyonnaise. Les identitaires lyonnais avaient d’ailleurs nommé un de leurs premiers sites Internet « Lion le Melhor ». La provenance de l’attaque ne fait aucun doute.

« La plus grosse attaque jamais vue à Lyon »

Jamais l’extrême droite radicale n’avait été aussi nombreuse pour attaquer un local à Lyon, où ces agressions sont pourtant courantes. Mi-décembre 2020, deux membres du PESE étaient roués de coups à proximité de la Plume Noire alors qu’ils venaient d’y effectuer une distribution alimentaire. Les agresseurs, une fois encore des membres de l’extrême droite radicale, étaient moins d’une dizaine.

Une attaque d’une plus grande envergure s’était tenue en novembre 2016. « En marge d’un rassemblement catholique intégriste interdit qui se tenait à côté de la Plume Noire, le service d’ordre de cette manifestation avait brisé plusieurs vitres de la librairie, ils étaient une vingtaine. Cette fois ils étaient près de cinquante, c’est la plus grosse attaque jamais subie à Lyon », se souvient un membre de l’UCL.

L’attaque du 19 mars choque ainsi par son envergure inédite et semble directement en lien avec la dissolution de Génération Identitaire. Certains militants fréquentant la librairie la Plume Noire luttent depuis longtemps pour faire interdire l’organisation, et sont clairement identifiés comme des ennemis par les identitaires et leurs alliés. Un graffiti, inscrit le soir de l’attaque sur les murs de la Plume Noire, corrobore cette thèse. On y lit : « On ne dissout pas une génération, retenez la leçon ». S’y ajoute une croix celtique, symbole nationaliste bien connu.

Génération Identitaire à la manœuvre ?

« On ne dissout pas une génération ». C’était le slogan phare de la manifestation contre la dissolution de Génération identitaire organisée à Paris fin février. L’attaque de la Plume Noire émane-t-elle de militants déchus de Génération identitaire cherchant à se venger ? Interrogé à ce propos par Rue89 Lyon, Arnaud Payre, responsable de la communication de l’association dissoute, a beau jeu de le nier : « Nous n’avons absolument rien à répondre à ce genre d’accusations mensongères de la part d’opposants politiques ».

Peu étonnant. L’organisation dissoute n’a pas pour habitude de revendiquer des actions violentes. Au contraire, tout l’argumentaire mis en place pour éviter sa dissolution consistait à se faire passer pour un simple organe de propagande anti-immigration, un « Greenpeace de droite », ont répété à l’envie ses communicants.

À Lyon, les identitaires vont même jusqu’à se désolidariser des militants d’organisations nationalistes issues du Bastion Social (autre organisation néo-fasciste dissoute en 2019) et qui se répartissent aujourd’hui entre deux groupuscules plutôt maigres en effectif : Lyon Populaire et Audace Lyon, essentiellement pour des raisons de stratégie politique. Génération Identitaire a abandonné, depuis sa formation, la vieille antienne fasciste qui consiste à vouloir créer un grand parti nationaliste afin d’asseoir un coup d’état. L’organisation préfère s’activer sur le front de la bataille culturelle. À noter, une divergence idéologique : certains nationalistes de feu le Bastion Social sont connus pour leur antisémitisme, parfois revendiqué, quand les identitaires s’en prennent, de manière publique, uniquement à l’Islam.

« Il y avait tout le monde »

Or derrière la communication faussement rassurante des identitaires et les quelques divergences de vision, des éléments objectifs prouvent les collusions entre Génération Identitaires et le reste de l’extrême droite radicale lyonnaise, qu’elle vienne du Bastion Social, de l’Action Française ou des franges les plus racistes des supporters de l’Olympique Lyonnais. Une enquête du média stéphanois « Le Gueuloir » et du groupe antifasciste lyonnais « La Gale », révèle que des militants de Lyon Populaire fréquentent assidûment la salle de boxe identitaire, l’Agogé. Pour preuve : une photo diffusée sur les réseaux sociaux par l’Agogé elle-même.

Plus probant encore, les identitaires côtoient les nationalistes révolutionnaires de Lyon Populaire et les royalistes de l’Action Française dans le service d’ordre des manifestations lyonnaises contre la PMA pour toutes. Officiellement chargés de protéger un rassemblement statique en octobre, les militants de ces divers groupuscules sont remplacés par un service d’ordre plus âgé lors d’une deuxième manifestation fin janvier. Lors de cette manifestation, les membres de l’extrême droite radicale lyonnaise, délestés de leur fonction d’encadrement du cortège anti-PMA, chargent des contre-manifestants et font plusieurs blessés. Nationalistes et identitaire se retrouvent également dans des manifestations dites « de lutte contre l’insécurité », lors desquelles ils ne manquent pas d’établir un lien entre immigration et insécurité, ou encore dans les manifestations pour la réouverture de la messe qui ont eu lieu lors du second confinement.

L’union des extrêmes droites ne s’arrête pas là. Des liens entre militants identitaires et supporters nationalistes des tribunes lyonnaises sont observés de longue date par les deux principales organisations antifascistes lyonnaises, « notamment depuis les manifestations des Gilets Jaunes », explique un membre de la Gale. A Lyon, de violents affrontements entre groupuscules d’extrême droite radicale et le cortège dit « Gilets Jaunes antiraciste », composé en parti de militants antifascistes, avaient eu lieu le 9 février lors d’une manifestation de Gilets Jaunes. Cette fois-ci, les manifestants antiracistes avaient fait fuir la soixantaine de militants d’extrême droite, renforcés par « des gars du stade ».

Génération Identitaire : un centre de gravité pour l’extrême droite radicale

« Cette fois-ci, dans l’attaque de la Plume Noire, il y avait tout le monde. C’est ce qui explique leur nombre », résume un membre de l’UCL. 48 militants ont été réunis lors de cette action violente : un chiffre record. Les liens tissés entre des militants d’organisations dont les modes d’actions, voire l’idéologie, divergent parfois sont aussi possibles du fait de l’hégémonie géographique des identitaires.

Depuis la fermeture des locaux du Bastion Social, alors que l’Action Française n’anime plus son local et que même le Rassemblement National a déménagé de la capitale des Gaules, les identitaires sont les seuls à détenir des locaux. Groupuscule le plus nombreux, le mieux financé et le mieux organisé, il est peu à peu devenu un point de ralliement pour l’extrême droite radicale lyonnaise. Les liens tissés à la salle de boxe, dans les manifestations contre l’insécurité ou le service d’ordre des manifestations anti-PMA, bénéficie aujourd’hui à Génération Identitaire, au moins pour des actions de vengeance violentes.

De l’autre côté de l’échiquier politique, la solidarité s’organise également. L’Union Communiste Libertaire a déposé un parcours de manifestation (passant par le vieux Lyon) pour le 3 avril. Elle cherche à fédérer pour imposer une réponse franche et massive aux agressions de l’extrême droite radicale et a déjà reçu des communiqués de soutien venus des syndicats locaux de Solidaires et de la CGT.


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