Contestation en Colombie : le président Ivan Duque veut faire appel à l’armée

mercredi 5 mai 2021.
 

La semaine dernière, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans les plus grandes villes de Colombie (Bogota, Medellin et Cali) et dans d’autres plus petites agglomérations, contre le projet de réforme fiscale d’Ivan Duque, qui vise à collecter près de 6,3 milliards de dollars entre 2022 et 2031 et qui appauvrirait davantage le peuple. En pleine crise sanitaire et économique, les travailleurs colombiens ont rejeté ce projet, qui veut faire payer aux plus modestes et à la classe moyenne la mauvaise gestion de la pandémie par le gouvernement. Les syndicats d’ouvriers, d’enseignants, les étudiants ainsi que des associations indigènes et d’autres secteurs ont dénoncé la politique d’Ivan Duque en appelant à la grève générale, approuvée par la majorité de la population.

Car si c’est la réforme qui a mis le feu aux poudres, les gens ont bravé la troisième vague du Coronavirus dans un mouvement général de contestation anti-gouvernemental. Le message inscrit sur la pancarte de deux jeunes femmes est révélateur et relayé partout dans le monde : « Si les gens descendent dans la rue pendant la pandémie, c’est que le gouvernement est plus dangereux que le virus. »

Les raisons de la mobilisation restent globalement les mêmes que celles de la grande grève de novembre 2019 et des protestations de novembre 2020 : que les soins de santé soient renforcés, que l’accord de paix soit respecté, que les militants sociaux et les opposants politiques soient protégés (les assassinats et les massacres se sont multipliés depuis l’arrivée au pouvoir de Iván Duque en 2018 : 41 massacres ont eu lieu dans le pays, tuant 210 personnes, selon les chiffres de Ideas para la paz en septembre 2020). D’autres points incluent des vaccinations plus rapides, une garantie d’un revenu de base, l’inscription gratuite pour les étudiants et une aide aux petites entreprises. Les revendications des manifestants couvrent donc un large spectre : l’implantation des grandes entreprises dans les zones des peuples autochtones et des communautés afro-colombiennes a également été dénoncée.

Depuis mercredi les manifestations virent à la confrontation avec les forces de l’ordre, déployées dans tout le pays. Selon les données du ministère de la Défense et du Défenseur du peuple, le bilan fait état, à ce jour, de plusieurs centaines de blessés et au moins 17 morts. Une répression violente qui rappelle celle du mois de novembre 2020 au bilan très lourd : 11 morts et près de 250 blessés. Déjà à ce moment-là, l’ancien président corrompu Álvaro Uribe avait appelé le gouvernement à « décréter l’état de siège et à faire intervenir l’armée avec les chars et à virer les vandales étrangers ».

Le 1er mai 2021 dans un discours prononcé en fin de journée, Ivan Duque a annoncé que l’armée sera déployé « pour protéger la population » et « jusqu’à ce que les troubles graves à l’ordre public cessent », précisant que « l’assistance militaire entrerait en vigueur dans les centres urbains où il existe un risque élevé pour l’intégrité des citoyens et où il est nécessaire d’employer la pleine capacité de l’État pour protéger la population ».

De nombreuses personnalités rejettent « l’offre d’assistance militaire », comme la maire de Bogota Claudia Lopez opposée à l’ESMAD (police anti émeute répressive).

« Les messages irresponsables d’Alvaro Uribe ont (littéralement) déclenché la tension. Nous ne permettrons pas que nos jeunes soient massacrés. Après de nombreux efforts, nous avons réussi à retirer l’ESMAD de tous les points et à garantir le retour à la maison. »


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message