Advienne que pourra : le PCF a son candidat pour 2022

mercredi 19 mai 2021.
 

Il s’était fait élire secrétaire national du parti sur cette ligne : Fabien Roussel sera le candidat des communistes à la prochaine élection présidentielle. Bonne ou mauvaise nouvelle pour la gauche ?

Les communistes ont tranché : en 2022, Fabien Roussel sera leur candidat. Sur plus de 30.000 de votants (9.000 de moins qu’en 2016), l’option visant à présenter une candidature PCF à la présidentielle a recueilli 72,42% des voix et le choix de Fabien Roussel pour cette candidature, 82,36% des voix. C’est un vote net, clair et sans bavure qui parachève une campagne pro-autonomie pour l’élection présidentielle entamée il y a maintenant deux ans et qui avait coûté son poste au secrétaire national d’alors Pierre Laurent. Ce vote identitaire renforce le vote des délégués de la conférence nationale (66,4% pour la candidature autonome, 73,6% pour le nom de Fabien Roussel) quelques semaines plus tôt et jure avec les alliances à géométries très variables (un coup avec les socialistes, un coup avec les insoumis, un coup avec les écolos…) aux élections locales, notamment aux prochaines régionales et départementales de juin, mais il en faut plus pour perturber les communistes dans leur marche vers l’Elysée.

Premier enseignement : c’est un pari gagné, en interne, pour l’actuel secrétaire national du Parti communiste français. Il avait fait campagne lors du précédent congrès sur cette ligne : l’existence du PCF, voire sa renaissance, passait par la présentation d’un candidat à la présidentielle car cela pérenniserait de facto le groupe de députés dont les élections ont lieu dans la foulée. Mais, plus fondamentalement, il y a surtout cette certitude que ne pas avoir de candidat en 2022 signifierait, pour les communistes, sortir de l’histoire - comme si toutes les forces politiques qui seront sur la ligne de départ, nonobstant leur score, pouvaient naturellement y entrer (la candidature de Jacques Duclos en 1969, celle de Georges Marchais en 1981, d’André Lajoinie en 1988, de Robert Hue 1995 et 2002 et de Marie-George Buffet en 2007 suivent une courbe décroissante qui n’assure en rien la survie du parti à moyen terme).

Mais c’est surtout pour Jean-Luc Mélenchon, le candidat d’ores et déjà déclaré pour l’élection présidentielle de 2022, que ce qui vient de se passer ce week-end au Parti communiste est une mauvaise nouvelle - même si l’insoumis n’était pas la seule alternative « pour le rassemblement » de la deuxième option offerte aux communistes. Néanmoins, cela confronte Jean-Luc Mélenchon à une double difficulté. La première est organisationnelle : le PCF est l’un des partis qui a le plus de militants et surtout le plus de militants actifs. Leur rôle, notamment dans le porte-à-porte et dans le tractage, est d’autant plus important que leur répartition leur permet de mailler efficacement le territoire français. Par ailleurs, le PCF est aussi un parti qui conserve de nombreux élus, même s’il a connu de plus belles heures : conseillers cantonaux, régionaux, municipaux, députés ou sénateurs sont autant de potentielles signatures qui seront nécessaires à Jean-Luc Mélenchon pour atteindre les 500 parrainages pour 2022.

Dépasser l’épaisseur du trait

La plus mauvaise nouvelle pour Jean-Luc Mélenchon reste que les communistes ne considèrent plus l’insoumis comme légitime pour les représenter. En 2012 et en 2017, ils avaient fait le choix de l’ancien socialiste mais l’entente, qui a connu force rebondissements et heurts de tout type, s’est terminée ce week-end : il n’aura donc pas réussi à les convaincre une nouvelle fois. Cela pose, un an avant l’élection présidentielle, la question de la capacité de Jean-Luc Mélenchon à convaincre et à embarquer la gauche critique dans sa campagne. N’en déplaisent à certains, notamment à la France insoumise, les acquis des élections précédentes, notamment de 2012 et de 2017, ne sont pas nécessairement des hypothèses de départ à seulement dépasser pour 2022.

Il reste maintenant un an à Fabien Roussel pour dépasser l’épaisseur du trait. Depuis quelques mois, les commentateurs et autres observateurs attentifs de la vie politique de la gauche française ont bien compris qu’il misait une grande partie de sa crédibilité politique sur une mise en scène d’une certaine forme de populaire au travers, notamment, de la liberté de son ton et de combats ciblés contre « les riches ». Il s’agit là d’une lecture possible de l’héritage communiste… mais est-elle la plus pertinente politiquement ? Et surtout va-t-elle réussir à convaincre au-delà des membres du parti ?

Pablo Pillaud-Vivien


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message