Macron veut sa grande coalition LR LREM PS

mardi 15 juin 2021.
 

Emmanuel Macron ne cesse d’être en campagne présidentielle. Son déplacement dans le Lot le prouve. Il a compris que son pouvoir est fragile. Lui-même n’a-t-il pas qualifié son élection de « hold-up » et « d’effraction » ? Pour se maintenir en 2022, il travaille d’arrache-pied à la constitution d’une grande coalition LR-LREM-PS.

Déjà depuis 2017 des figures historiques du PS (Le Drian en tête) sont côte à côte avec les ex LR Le Maire ou Darmanin. Et les deux premiers ministres successifs Philippe et Castex n’ont démissionné de LR qu’à leur entrée à Matignon.

Mais cela ne suffit pas. Le risque pour Macron d’être éliminé de la présidentielle au premier tour existe n’en déplaise aux sondeurs. Et sa victoire en duel avec Le Pen au second tour parait bien incertaine tant les castors de 2017 contemplent avec dégoût que le barrage promis est en fait une catapulte pour l’extrême droite.

C’est ainsi qu’il faut comprendre le jeu cynique de la macronie aux élections régionales. Soutenir le LR Muselier en PACA pour éviter une déroute à LREM et ne pas être responsable d’un éventuel succès RN. Envoyer cinq membres du gouvernement dans les Hauts de France pour espérer franchir la barre des 10% permettant en théorie de se maintenir pour mieux… se retirer et claironner ensuite que Xavier Bertrand doit son élection à Macron. Pour donner le change, les rapprochements avec des présidents PS sortants sont à l’ouvrage comme en Nouvelle-Aquitaine, Bretagne, ou Bourgogne Franche-Comté. On mesure ainsi combien le refus d’une alliance large et nationale du PCF et EELV avec la France insoumise laisse libre cours aux manigances macronistes du PS. LREM n’en perd pas une miette, trop content de soutenir le PS face à Danielle Simonnet dans la législative partielle à Paris.

Tout ceci n’est pas que du cynisme politicien. C’est d’abord un froid calcul idéologique et électoral. Macron sait qu’il ne doit sa victoire de 2017 qu’au rejet du duel annoncé Fillon-Le Pen permettant au bloc bourgeois de rallier à lui une partie des électeurs de gauche. Mais en France, le néolibéralisme europhile est minoritaire. Il ne s’est maintenu au pouvoir depuis 2005 que par l’illusion de l’alternance Sarkozy-Hollande et l’embryon de grande coalition autour de Macron en 2017.

Si Le Pen en vient à se macroniser en renonçant à la sortie de l’UE et de l’euro et en affirmant vouloir « rembourser la dette », c’est qu’elle aspire à être une corde de rappel pour le système en cas de percée de Jean-Luc Mélenchon comme en 2017. Car l’oligarchie n’a pas tant besoin de Macron que d’un Macron. Et si le Macron de rechange doit s’appeler Le Pen, elle n’aura pas de pudeur pour cela.

L’enjeu est donc de regrouper et de renforcer l’union populaire contre la confiscation du pouvoir et un modèle économique socialement inégalitaire et écologiquement destructeur. C’est là le sens politique et historique de la candidature Mélenchon.

Matthias TAVEL


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