Départementales 2021 : le choc pour le PCF

mardi 6 juillet 2021.
 

Dimanche amer pour le Parti communiste… Le Val-de-Marne, dirigé en continu par un communiste depuis 1976, passe à droite. C’est un nouveau coup dur pour la « banlieue rouge ».

Il y a certes les élections régionales. Le PCF avait 28 conseillers sortants sur les 1726 sortants, répartis dans cinq régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bretagne, Ile-de-France, Occitanie et Normandie). Il va entrer dans cinq nouvelles régions, sans que l’on sache quel sera le nombre final de ses conseillers : Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Nouvelle Aquitaine et Pays de la Loire. Dans la semaine, Fabien Roussel ajoutait officiellement, à ce constat, que le PC aurait plus de 150 sièges de conseillers départementaux.

Il faudra attendre un peu pour avoir un bilan complet de la représentation communiste départementale : on trouve des candidats du PCF dans les binômes effectivement classés comme « communistes », mais aussi sous les étiquettes de « divers gauche », « union de la gauche » ou « union de la gauche avec des écologistes ». Les analyses qui suivent portent donc sur un effectif limité de 110 cantons : 88 où un communiste au moins avait été élu en 2015 et 25 autres où un binôme classé « communiste » était présent au second tour.

Sur cet ensemble, les chiffres bruts sont les suivants. Sur les 88 cantons « sortants », 65 cantons ont maintenu leur représentation communiste et 23 l’ont perdue, soit un quart environ. Sur les 25 cantons « non sortants », 7 ont été gagnés (soit un peu moins d’un sur trois). Les gains sont dans les Alpes-de-Haute-Provence (Château-Arnoux-Saint-Auban), les Bouches-du-Rhône (Marseille-11), les Hautes-Pyrénées (Bordères-sur-l’Echez), le Pas-de-Calais (Lillers), la Seine-Maritime (Dieppe-2), le Vaucluse (Avignon-3) et le Loiret (Orléans-3).

Mais les gains de second tour n’effacent pas l’amertume de pertes souvent symboliques, dans 15 départements. Dans l’Allier, le PC perd quatre cantons, dont Montluçon-2 et Bourbon l’Archambault (même si c’est de justesse). Dans les Alpes-Maritimes, c’est le cas de Contes, communiste depuis 1970. Il en est de même pour Arles et Gardanne, pour Firminy dans la Loire, pour un canton d’Alès dans le Gard ou pour Étain dans la Meuse.

Mais le plus dur concerne bien sûr la petite couronne parisienne, une fois de plus écornée. Les dégâts sont limités en Seine-Saint-Denis, où les communistes conservent quatre cantons (Saint-Denis-Stains, Bobigny, Montreuil-2, Tremblay-en-France), mais perdent Aubervilliers. Le coup de tonnerre est la perte – annoncée et réalisée – du Val-de-Marne, 13 ans après celle du « 93 ».

On sait que le profil des deux départements les plus emblématiques du communisme municipal a en fait toujours été bien différent. La Seine-Saint-Denis a été longtemps un territoire d’hégémonie incontesté : en 1977, les 27 communes administrées par le PC regroupaient à elle seules près de 80% de la population du département et en 1978 les neuf députés du « 93 » sont tous communistes. Il n’en fut jamais de même dans le Val-de-Marne. Quand le département est créé, au milieu des années 1960, ses concepteurs ont en effet décidé de regrouper la partie nord « rouge » ‘appartenant à l’ancien département de la Seine) et la partie sud venue de l’ancienne Seine-et-Oise, plus ruralisée et vouée à l’expansion des villes nouvelles. Les communistes administraient certes près de la moitié de la population départementale, mais la droite est restée toujours à l’affût (elle dirigea même le département entre 1970 et 1976). La perte de nombreuses municipalités en 2020 laissait entrevoir un basculement, mais sans que l’on puisse conclure à son inéluctabilité. Si l’équilibre municipal est depuis 2020 au net avantage de la droite (29 communes contre 15 pour la gauche), l’écart est moins net en termes de population (57% administrés par la droite, 43% par la gauche).

Mais à l’arrivée le constat est sans appel. La droite ne perd aucun canton et ravit au PCF les deux de Champigny et celui de Choisy, les écologistes (qui font partie de la majorité départementale) enfonçant un peu plus le clou en s’emparant du deuxième canton de Vitry. La majorité a donc exactement basculé : 28 pour la droite et 22 pour la gauche. Évincés de la direction du département, les communistes ne sont même plus majoritaires dans le groupe de la nouvelle opposition.

Dans le match global des départementales, la droite est gagnante : elle dirigeait 67 départements, elle perd la Charente, les Côtes-d’Armor et peut-être la Seine-Maritime, mais gagne les Alpes-de-Haute-Provence, le Finistère, le Puy-de-Dôme et le Val-de-Marne. Les communistes font les frais de cette dynamique : le PCF ne gère plus aucun département. Le « communisme municipal » s’accroche, mais il ne s’appuiera plus sur le modèle de ses deux départements phares.


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