Présidentielles 2022 : le programme clé de la victoire : mais encore faut-il que les électeurs...

mercredi 1er septembre 2021.
 

Présidentielles 2022 : le programme clé de la victoire : mais encore faut-il que les électeurs le connaissent…

Un sondage récent montre que le programme de LFI serait plébiscité par les Français : voir sur le site http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Ce sondage confirme une étude réalisée en 2017 mentionnée par un article du Monde diplomatique que nous reproduisons ici. Certes l’Avenir en commun de 2017 et de 2021 ne sont pas totalement identiques, mais les grandes lignes demeurent.

**

Noter pour mieux voter ?

M. Jean-Luc Mélenchon vainqueur de la présidentielle ! Voilà ce qui aurait pu se produire si les électeurs avaient attribué des notes à chaque candidat plutôt que d’en choisir un seul. M. Emmanuel Macron l’aurait tout de même emporté avec d’autres types de scrutin. Au-delà de ces résultats, une meilleure prise en compte des souhaits des citoyens intéresse les chercheurs.

par Charles Perragin

Source : Le Monde diplomatique. Octobre 2017

https://www.monde-diplomatique.fr/2...

Noter pour mieux voter ?

Dans la vaste salle de la Bourse de Strasbourg, les électeurs votent plusieurs fois ce 23 avril, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Après leurs obligations citoyennes, ils sont invités à remplir deux bulletins alternatifs : l’un permet d’attribuer une note à chaque candidat (vote par évaluation) ; l’autre, de donner sa voix non à un, mais à autant de concurrents que l’on souhaite (vote par approbation). Le vainqueur étant celui qui totalise le plus de points ou de voix. En tout, 6 358 personnes se sont prêtées à l’expérience dans cinq communes : Strasbourg, Grenoble, Hérouville-Saint-Clair, Crolles et Allevard. Sept chercheurs venus de diverses universités françaises et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) pilotaient cette opération, « Voter autrement ».

Le faible nombre de sièges remportés par l’opposition de droite et plus encore de gauche dans la dernière Assemblée nationale interroge. En promettant — comme son prédécesseur — d’introduire une part de proportionnelle, le nouveau président de la République relance le débat sur la bonne dose susceptible d’améliorer la représentation sans que l’éparpillement des voix favorise l’instabilité gouvernementale. Mais ce débat se focalise sur la façon dont sont valorisés les votes après les élections. Depuis 2002, une dizaine de mathématiciens, économistes ou informaticiens poussent le questionnement plus loin en proposant la remise en cause du mode universel d’expression politique : le choix d’un seul individu ou d’une seule liste.

« Est-ce que l’on vote au premier tour pour donner son opinion ou pour peser sur la décision finale, comme dans le cas du vote utile ? Idéalement, ces deux objectifs devraient coïncider, mais ce n’est pas le cas », explique Jean-François Laslier, chercheur en sciences sociales au CNRS et à l’École d’économie de Paris. Initiateur des expériences électorales en France en 2002, cet héritier de l’économie normative analyse depuis quinze ans la façon dont émergent les décisions collectives à partir des choix individuels. « Avec le vote stratégique, un nombre important de voix ne traduit pas nécessairement une préférence politique », poursuit-il. Ainsi, le vote « utile » conduit à privilégier des candidats dont les chances de gagner sont supposées plus importantes, même si ce n’est pas le premier choix de l’électeur.

François Fillon à la huitième place Ce constat n’est pas nouveau. Dès la fin du XVIIIe siècle, Nicolas de Condorcet relève ce paradoxe (1) : dans une élection à plus de deux participants, un candidat peut obtenir une majorité de voix alors qu’il perdrait face à un seul de chacun des autres candidats. Autrement dit : avec le scrutin majoritaire à deux tours, un candidat éliminé au premier tour aurait tout à fait pu battre chacun des deux qualifiés pour le second. Pour tenter d’éliminer ce paradoxe, l’équipe de « Voter autrement » a proposé aux électeurs — y compris ceux qui avaient voté blanc — de choisir plusieurs candidats ou de noter chacun avec des échelles de valeurs variées : uniquement positive (0, 1, 2), par exemple, ou également négative (— 1, 0, 1), etc.

Qu’en est-il du vainqueur ? Avec les deux scrutins par approbation (à un ou deux tours), M. Emmanuel Macron reste élu. En revanche, M. Jean-Luc Mélenchon — arrivé quatrième lors du scrutin officiel — l’emporte dans certains cas de figure par évaluation. Une échelle de valeurs différente engendre un vainqueur différent : sur les neuf testées, le candidat de La France insoumise gagne dans cinq cas, M. Macron dans les quatre autres. La possibilité d’attribuer des notes négatives pénalise davantage ce dernier. Elle fait par ailleurs plonger Mme Marine Le Pen ou M. François Fillon, qui se retrouvent par exemple à la huitième et à la neuvième place quand ils sont évalués sur l’échelle — 2, 0, 1. Libéré des aléas du vote utile, M. Benoît Hamon bondit dans tous les protocoles à la troisième place, les deux premiers étant systématiquement MM. Macron et Mélenchon. Enfin, 75 % des personnes qui avaient voté blanc à la présidentielle officielle manifestent une préférence quand on leur propose de noter les candidats, les 25 % restants ayant attribué la note minimale à tous les candidats. Globalement, il apparaît que les électeurs s’emparent facilement des possibilités d’expression accrues offertes par les modes de scrutin testés et n’hésitent pas à soutenir plusieurs concurrents, deux ou trois en moyenne. En outre, l’évaluation permet de nuancer le vote en prenant en compte différents degrés d’assentiment : un soutien de M. Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste) lui donne une très bonne note et évalue en général favorablement M. Mélenchon ; les « petits candidats » ne sont ainsi plus pénalisés par leurs homologues bien placés dans les sondages.

Il serait bien imprudent de généraliser la façon dont les citoyens pourraient s’approprier ce type de scrutin à partir d’une expérience ponctuelle, tout comme de conclure que cette solution permettrait à elle seule de ramener vers les urnes les abstentionnistes. Toutefois, les personnes interrogées à la sortie de l’expérience strasbourgeoise se sont montrées particulièrement enthousiastes. Le plus souvent, elles mettent en avant la possibilité de donner un avis plus « élargi et nuancé », « moins influencé par les sondages » ou « plus sincère ».

Si dans six cas sur onze le mode de scrutin alternatif ne change pas le vainqueur, il renverse systématiquement le classement. Sur l’ensemble des tests électoraux menés depuis quinze ans, les candidats centristes et écologistes émergent, tandis que le Front national dévisse (2). La puissance relative des familles politiques serait-elle pour autant différente si l’on réformait le vote ? « Au-delà de la qualification au second tour, le premier tour de la présidentielle donne aussi une photographie des rapports de forces entre les familles politiques, ainsi que l’importance de divers enjeux de société (écologie, immigration, sécurité…). Cette photographie sera importante pour la suite, non seulement pour négocier des portefeuilles ministériels ou des alliances aux élections suivantes, mais plus généralement pour la perception que la société a d’elle-même », rappelle Karine van der Straeten, de l’École d’économie de Toulouse.

Selon le politiste Nicolas Sauger, dont le travail s’articule autour des transformations historiques de la compétition politique, « le fait que les expérimentations soient menées après une campagne structurée par le mode uninominal majoritaire à deux tours doit nous faire relativiser la valeur de ces résultats. Il faut garder à l’esprit qu’un mode de scrutin différent aurait aussi des répercussions en amont, sur les discours politiques, la structure des partis et, plus généralement, sur la façon de faire de la politique ». On peut aussi s’interroger sur la façon dont une presse avide de spectacle et de prescriptions pourrait s’en saisir. « Enfin, l’espace politique n’est pas seulement déterminé par la façon dont on agrège les votes, souligne-t-il. Le calendrier électoral ou le découpage des circonscriptions influencent aussi considérablement les résultats et les stratégies partisanes. »

Dès le milieu du XXe siècle, les théoriciens du choix social, dont l’économiste néoclassique américain Kenneth Arrow est l’une des figures principales, ont formalisé qu’il ne pouvait exister de système électif parfait permettant d’éviter l’écueil du choix stratégique (3) ni de s’abstraire de phénomènes pervers, comme le paradoxe de Condorcet (4). « Pour autant, tous les systèmes de vote ne se valent pas. Et nous menons justement des expérimentations pour compléter la théorie, savoir dans quel sens un mode de scrutin détermine le comportement des électeurs et comment ils se l’approprient », précise Herrade Igersheim, chargée de recherche en économie au CNRS et à l’université de Strasbourg. Par exemple, si le vote par évaluation était adopté, il n’est pas impossible qu’à terme les électeurs n’utilisent que les notes extrêmes afin de peser plus sur la décision finale. Le vote utile réapparaîtrait ainsi sous une autre forme.

Prime aux candidats « exclusifs »

À ce jour, peu de travaux scientifiques permettent de prédire les conséquences qu’aurait la mise en place d’autres modes de scrutin sur l’offre politique. « Ce qui compte aujourd’hui, c’est d’être classé haut dans les préférences de certains électeurs, analyse toutefois Karine Van der Straeten. Et, si vous anticipez que certains groupes d’électeurs vous sont hostiles, il n’y a aucune sanction politique, ils ne voteront simplement pas pour vous. » Le scrutin uninominal favorise ainsi des candidats dits « exclusifs », qui se détachent nettement dans l’offre politique comme étant les défenseurs de la sécurité ou de la ruralité, capables d’accaparer un public ciblé en usant de stratégies de clivage plutôt que de rassemblement. En revanche, avec un système de vote par évaluation et le risque d’être sanctionné par des notes négatives, il deviendrait coûteux électoralement pour les candidats d’avoir des programmes ciblés uniquement sur certains groupes au mépris d’autres, poursuit-elle : « Les procédures électorales permettant aux citoyens de s’exprimer sur toute l’offre politique favoriseraient probablement des programmes et des campagnes plus inclusifs, et généreraient des clivages politiques moins violents. »

Pour tester cette hypothèse, Karine Van der Straeten expérimente avec d’autres chercheurs le vote par approbation au Bénin, où les discours des partis politiques ravivent des affrontements ethniques très violents. Parmi la centaine de pays où se tiennent des élections au suffrage universel, environ 80 % utilisent le mode de scrutin uninominal majoritaire, à un ou deux tours. Très peu de pays ont recours à des modes alternatifs pour élire le chef de l’État, comme l’Irlande, où les électeurs doivent classer tous les candidats. C’est aussi le cas pour les députés en Australie ou en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ainsi qu’au niveau local à San Francisco et dans plusieurs autres villes américaines. Certains pays, comme le Royaume-Uni en 2011 ou le Canada (lire « Fausse promesse au Canada »), ont vu la réforme s’enliser. L’espace politique reste perçu comme un ensemble en lutte, et l’élection comme un rituel d’affrontement.

* Charles Perragin

Journaliste, collectif Singulier.

Notes

(1) Nicolas de Condorcet, Essai sur l’application de l’analyse à la probabilité des décisions rendues à la pluralité des voix, 1785.

(2) Cf. Antoinette Baujard, Frédéric Gavrel, Herrade Igersheim, Jean-François Laslier et Isabelle Lebon, « Who’s favoured by evaluative voting ? An experiment conducted during the 2012 French presidential election » (PDF), Electoral Studies, no 34, Amsterdam, 2014.

(3) Cf. Allan Gibbard, « Manipulation of voting schemes : A general result », Econometrica, vol. 41, no 4, Hoboken (New Jersey), juillet 1973, et Mark Allen Satterthwaite, « Strategy-proofness and Arrow’s conditions : Existence and correspondence theorems for voting procedures and social welfare functions », Journal of Economic Theory, vol. 10, no 2, Amsterdam, 1975.

(4) Kenneth Arrow, Social Choice and Individual Values, Yale University Press, New Haven (Connecticut), 2012 (1re éd. : 1951).

Commentaires HD

Comme l’indique un sondeur, si le vote des électeurs était en accord avec leur souhait de changement, Jean-Luc Mélenchon devrait être élu dès le premier tour. Cette hypothèse est en accord avec l’étude précédente.

Mais pour que cette cohérence existe entre leur souhait et leur vote cela suppose que deux conditions soient remplies.

1) Que le programme l’Avenir en commun de LFI porté par Mélenchon soit connu et lu par une très grande majorité des 47 millions d’électeurs inscrits et notamment parler 11 ²millions de pauvres.

2) Que ces électeurs considèrent que Mélenchon et son gouvernement appliqueront effectivement leur programme et ne renieront pas leur engagement dans l’application du programme comme le suppose une grande majorité des abstentionnistes. * Examinons pour chaque condition ce qui fait obstacle à leur réalisation. D’abord une invisibilisation du programme parlait grands médias et même par une partie des médias Internet dits alternatifs qui, bien que progressistes, se méfient de LFI ou de Mélenchon.

Un autre obstacle et que de nombreux électeurs lisent peu ou même pas du tout.

Ils sont donc particulièrement exposés aux médias audiovisuels..

Un autre obstacle et Une puissance militante de LFI qui peut être insuffisante pour pouvoir diffuser avec efficacité et à large échelle le programme en utilisant toutes les techniques possibles de diffusion notamment le repos porte-à-porte.

Cela se couple à des moyens financiers de diffusion bien inférieurs à d’autres organisations politiques

Cela demande pour les représentants de LFI invités dans les grands médias d’optimiser leur temps de parole et de ne pas tomber dans les pièges de la provocation et de la diversion.

Cela demande pour les militants une augmentation de leurs effectifs opérationnels et une optimisation de l’efficacité de leur organisation.

Concernant la seconde condition l’obstacle à surmonter est la défiance vis-à-vis des organisations politiques et « l’argument : tous pourris ». Comment répondre à cela.

La première idée est de dire : nous sommes pour la convocation d’une assemblée constituante et un référendum d’initiative citoyenne notamment le référendum révocatoire permettant de « dégager » tout élu qui trahit ses engagements.

Malheureusement cet argument peut ne pas avoir de portée sur un certain nombre d’électeurs notamment abstentionnistes qui peuvent répondre : « rien ne prouve que même cela vous appliquerez » et d’ajouter : « et que vous n’êtes pas des traîtres comme les autres ! » Alors que répondre ?

Il faut alors utiliser une technique utilisée dans les arts martiaux : récupérer la force de l’adversaire à son avantage.

Le Gouvernement Macron a tenté de détruire politiquement LFI en programmant une perquisition massive utilisant sans policiers et magistrats reposants sur des motifs jusqu’à ce jour sans consistance factuelle ; en outre les protestations de Mélenchon et de représentants de LFI ont été sanctionnés par des amendes de plusieurs milliers d’euros.

Quel autre parti politique en France a été l’objet d’une attaque aussi violente ? Aucun. La raison en est que LFI et l’organisation politique la plus redoutée par la Grande Bourgeoisie dont Macron est un agent exécutif aidé par les médias dominants.

Existe-t-il un autre candidat ayant été victime d’un tel flot de dénigrements organisés par les médias aux mains des milliardaires ? Aucun.

La grande bourgeoisie à elle, lu l’Avenir en commun et elle sait que la mise en œuvre de ce programme affaiblira considérablement sa puissance de domination.

Il n’est donc pas possible à la lumière des faits, de mettre dans le même sac « tout pourris » Mélenchon et son organisation.

Il faut aussi rappeler la manière dont le programme a été élaboré : non pas avec quelques énarques trois mois avant les élections mais avec l’apport de milliers de contributions de divers citoyens, d’un certain nombre de spécialistes en économie, en écologie, etc. et avec l’apport d’un très grand nombre d’associations et de syndicats. Ce travail collectif s’est développé sur plusieurs années.

Le travail intensif des parlementaires de LFI a permis d’élaborer des projets de loi rejetée par la majorité actuelle intégrée dans le nouveau programme l’Avenir en commun.

Difficile dans ces conditions de jeter dans la poubelle « tous pourris » l’organisation politique de LFI qui n’est pas un parti mais un mouvement politique constitué de plusieurs espaces et comités.

Rappelons que des attaques comme « Islamogauchisme complotisme contre Mélenchon repose sur aucune réalité sinon la volonté de lui nuire.

Ce qui justifie la crainte du pouvoir économique et politique dominant, ce n’est pas seulement le contenu des idées du programme de LFI mais sa puissance électorale.

La grande bourgeoisie n’a pas grand chose à craindre des mouvements politiques contestataires ne dépassant pas 3 % des suffrag ligne es exprimés et encore moins de l’abstention et du vote blanc.

Résultat : l’abstention massive des classes populaires favorise l’accès au pouvoir des candidats élus par les électeurs les plus riches qui mettent au pouvoir des candidats comme Macron dont les politiques détruisent les services publics et appauvrissent les électeurs les moins aisées.

Cela a permis à Macron d’être élu avec une base faible qui lui a rendu possible néanmoins d’avoir la majorité absolue à l’Assemblée nationale lui permettant d’écraser toute opposition et même de justifier une politique de répression.

Abstention et le vote blanc se sont donc avérées catastrophiques.

Rappelons aussi aux naïfs partisans du vote blanc que la classe dominante peut très bien se satisfaire d’une dictature pourvue que celle-ci serve ses intérêts. **

Annexe

Pourquoi 31 millions de Français n’ont pas voté pour Mélenchon en 2017 ? http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

**

Hervé Debonrivage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message