« Pour répondre à la menace fasciste, il nous faut des victoires sociales et un projet politique »

vendredi 17 septembre 2021.
 

L’historienne Ludivine Bantigny et le sociologue Ugo Palheta viennent de signer un ouvrage, "La menace fasciste" aux éditions Textuel. Ils sont les invités de #LaMidinale

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Sur la montée du fascisme

Ugo Palheta

« La crise sociale n’est pas un fait nouveau : elle a trois à quatre décennies. »

« Aujourd’hui, nous traversons en plus une crise politique avec une difficulté des gouvernements à obtenir un consentement aux politiques qui sont menées, souvent des politique de privatisation, de démantèlement du droit du travail, bref de casse sociale. »

« Il y a aussi la montée de l’extrême droite, à la fois d’un point de vue électoral et idéologique. »

« Enfin, il y a la faiblesse structurelle, une crise historique que connait la gauche, notamment parce qu’elle n’arrive plus à porter l’alternative.  »

Sur le fascisme des années 30

Ludivine Bantigny

« Si on prend le cas de l’Italie, on a une situation d’intensité de la lutte de classes avec les deux années rouges de 1919 et 1920 avec des moments de généralisation de la grève, des occupations et un mouvement ouvrier très puissant et révolutionnaire. Face à ça, il y a une inquiétude des classes possédantes qui vont favoriser la montée du fascisme, aussi bien du côté du patronat que de l’Eglise catholique. »

« Le fascisme des années 30 est explicitement dans une perspective contre-révolutionnaire. »

« Il y a eu une répression très violente des aspirations révolutionnaires sous la houlette très bienveillante des représentants du capital. »

Sur le rapport entre capitalisme et fascisme

Ugo Palheta

« Cela crée un fond de frustration dans les milieux populaires et dans les classes moyennes qui se combinent avec la faiblesse de la gauche au niveau politique et syndical. Cela favorise l’idée que le changement social ne peut s’opérer que par en haut, par un pouvoir qui déciderait de concéder les conquêtes et les acquis au détriment d’une autre partie de la société, notamment des immigrés, des musulmans, de tous ceux qui sont constitués comme des ennemis de l’intérieur et qui seraient des assistés dans l’imaginaire fasciste. »

« Il y a une contradiction dans le raisonnement de l’extrême droite : les étrangers piqueraient le travail des Français tout en profitant des allocations. »

Sur l’état de notre société

Ludivine Bantigny

« Le régime dans lequel on vit n’est pas un régime fasciste puisque le fascisme a pour vocation une sorte de nation suprême, racialisée et complètement normée sur le plan du genre et de la race, et qui vise à supprimer systématiquement ses opposants. »

« Il n’y a aucune inéluctabilité de la montée en puissance du fascisme. »

« Aujourd’hui, il n’y a même plus la volonté de faire semblant de mener des réformes en concertations : il y a un bulldozer qui impose contre-réforme sur contre-réforme avec un autoritarisme de plus en plus puissant. »

« Quand Emmanuel Macron dit de Valeurs actuelles qui est un torchon fascisant qu’il est légitime qu’il en fasse la couverture avec une interview exclusive, il banalise un terrain qui est d’abord et avant tout un terrain qui est celui de l’extrême droite. »

« L’autoritarisme économique s’accompagne d’une logique du bouc-émissaire : il faut trouver des figures repoussoirs. »

Sur le néolibéralisme et ses liens avec le fascisme

Ugo Palheta

« Dès lors que l’on veut mener une politique néolibérale, on est obligé d’entrer en contradiction avec une grande partie de la population et du coup, d’appliquer un traitement de choc aux mouvements sociaux - on l’a vu sous Hollande avec la loi Travail et avec les gilets jaunes. »

« L’autoritarisme est rendu nécessaire par l’état du capitalisme : les marges pour servir le capital et verser des dividendes juteux tout en faisant des concessions aux salariés, cet espace n’existe plus. »

Ludivine Bantigny

« La Constitution de la Cinquième République est particulièrement autoritaire et bonapartiste. »

« La question des médias qui grignote un empire considérable, notamment avec la figure de Vincent Bolloré qui favorise la zemourrisation des esprits est extrêmement inquiétante. »

« 77% des policiers d’active se retrouvent dans le vote FN/RN : cela fait aussi que cette police se sent les mains libres d’opérations factieuses. »

Sur les possibilités de sortir de la spirale fascisante

Ugo Palheta

« Un des éléments qui favorisent la désespérance sociale en adhésion plus ou active à l’extrême droite, c’est l’idée que les mouvements sociaux ne fonctionnent pas. »

« Depuis la bataille contre le CPE en 2006, il n’y a pas eu de grande victoire sociale. »

« Un des éléments de réponse pour répondre à la fascisation, ce sont des victoires sociales. Mais il y a aussi la question du projet politique : il y en a beaucoup sur la table… mais dans quel état ? »

Ludivine Bantigny

« Il faut savoir si des réformes du capitalisme ou ce que Thomas Piketty appelle un socialisme participatif avec une cogestion est une impasse. »

Source originale :

Emission La Midinale du site Regards :

https://www.youtube.com/hashtag/lam...


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