L’histoire longue oubliera le nom des députés, des ministres, des généraux, des recteurs, des procureurs... Elle n’oubliera ni Pottier, ni Delescluze, ni Vallès... et c’est justice qu’elle garde ainsi le souvenir des honnêtes hommes qui ont servi L’Humain d’abord, au prix de leur santé, de leur tranquillité, de leur vie.
Eugène Pottier est connu comme auteur des paroles de L’Internationale.
L’homme, le poète, le militant, le syndicaliste, l’internationaliste... méritent tout autant de ne pas être oubliés.
4 octobre 1816 : Naissance d’Eugène Pottier
Juin 1871 Le Communard Eugène Pottier écrit L’Internationale
17 mai 1873 : Condamné à mort par contumace
6 novembre 1887 : 500 000 personnes suivent ses obsèques
Eugène Pottier est un brave homme typique de la gauche républicaine et révolutionnaire française du 19ème siècle qui n’abandonna jamais les objectifs démocratiques et sociaux proclamés par 1793.
Né en 1816 à Paris, cet apprenti dessinateur sur étoffes de quatorze ans travaille douze heures par jour en 1830 lorsqu’éclate la première grande répétition de la Révolution française. Le jeune Eugène connaît l’ivresse incomparable des grandes journées de mobilisation populaire, lorsque un nouveau monde paraît possible pour le lendemain. « C’est un premier coup de tam-tam qui m’éveille », raconte Eugène Pottier. Il fredonne sa première chanson intitulée Vive la liberté.
27, 28 et 29 juillet 1830 : les "3 glorieuses" d’une révolution réussie puis confisquée
Pour vivre, il exerce ensuite les professions d’emballeur, pion, commis papetier, employé de bureau puis dessinateur d’impression.
Il écrit de nombreux poèmes et de nombreuses chansons. Nous mettons en ligne plusieurs extraits ci-dessous (parties B, C, D).
Voici les liens vers quelques poèmes caractéristiques :
Ne dérangeons pas le monde (Eugène Pottier)
La bouteille inépuisable de vin des égaux (Eugène Pottier)
Pauvres bougres de locataires ! (Eugène Pottier)
En 1840, il publie Il est bien temps que chacun ait sa part.
Février 1848 le voit à nouveau participer aux barricades. « 1848 m’ouvrit le cœur et le cerveau ». Mais la répression sanguinaire commence en juin de la même année et, avec elle, la retombée de la combativité populaire et même de la conscience. Pottier se décrit comme « traînant une névrose ponctuée de congestions cérébrales ». Après le coup d’état du 2 décembre 1851, il s’oppose à l’empereur avec son arme préférée : la chanson engagée et ironique, en particulier avec "Vive Napoléon"
Adhérent de la Première internationale en avril 1870, élu de la Commune pour le 2ème arrondissement de Paris, signataire le 12 juillet 1870 de l’appel de la fédération parisienne de l’Association internationale des travailleurs « Aux travailleurs de tous les pays », organisateur de la Fédération des artistes présidée par Gustave Courbet, maire du 2ème arrondissement, combattant sur les barricades de la Semaine sanglante. Caché dans Paris, il échappe à la mort alors que la police croit l’avoir exécuté.
Exilé à Londres puis aux Etats Unis, il revient en France en 1880 avec l’amnistie des Communards.
Même lors de son enterrement, le 8 novembre 1887, des policiers à cheval sabreront, sabre au clair, le cortège funèbre. Il avait rédigé sa propre épitaphe :
« Mirliton, crécelle ou pipeau
Il fut broyé dans la tempête
Ci-gît Popo, le vieux Popo
Ci-gît Popo, le vieux poète. »
Il nous lègue l’exemple d’une vie d’insoumis bien résumée par Patricia Latour « Toute sa vie, il se battra pour le droit et la justice, pour une République sociale, incarnant le désespoir et l’espoir des plus démunis. Sa pensée politique et sociale (influencée par Fourier et Blanqui, par Proudhon aussi) est authentiquement révolutionnaire. Chants révolutionnaires est d’ailleurs le titre choisi par ses amis, anciens communards, pour le recueil qui rassemble ses textes à la fin de sa vie, en 1887. Il résume ses idées politiques dans son plaidoyer pour rejoindre, en 1875, la loge maçonnique « les Égalitaires » lors de son exil aux États-Unis : « En 1832, j’étais républicain, en 1840, socialiste. J’ai pris une part obscure aux révolutions de 1848 : février et juin. Du coup d’État (de Napoléon III du 2 décembre 1851 – NDLR) au 4 septembre (1870, proclamation de la République – NDLR), je demeurais intransigeant : participer avec les assassins du droit, c’est se prostituer. » En 1885, il se définit comme communiste et anarchiste « tant il est vrai que nos querelles sont surtout des querelles de mots, de mots mal définis ».
Il nous lègue surtout ses poèmes et ses chansons.
Eugène Pottier voit le jour le 4 octobre 1816 à Paris. Fils d’un ancien employé de la Cour impériale, il exerce divers métiers puis s’initie au dessin et devient dessinateur sur étoffes. En parallèle, il écrit ses premiers poèmes et intègre le monde de la goguette, de la chanson populaire. Mais il aborde peu les sujets politiques.
Avec la Révolution de 1848, Pottier se fait le défenseur d’une République sociale. La répression des ouvriers parisiens en juin le scandalise : ses chansons, diffusées oralement ou sur de modestes feuillets, honorent la mémoire des révoltés. Ils disent la difficulté de la condition ouvrière et défendent la nécessité d’une rupture radicale. Le coup d’État de 1851 et le Second Empire le condamnent au silence, et vouent sa production à demeurer confidentielle. Les affaires de Pottier sont néanmoins florissantes : son atelier de peinture sur étoffes devient l’un des plus importants de la capitale. La chambre syndicale qu’il cofonde en 1867 ne s’affilie pas moins à l’Association internationale des travailleurs (AIT).
La guerre de 1870-1871 pousse ce républicain à exalter la défense du territoire. Membre de la Garde nationale parisienne, écœuré par la défaite, il est élu membre de la Commune de Paris et prend part aux combats de la Semaine sanglante. Il parvient toutefois à se cacher pour éviter l’issue fatale. Condamné à mort par contumace en 1873, Pottier s’exile finalement en Angleterre puis aux États-Unis, où il survit comme dessinateur et enseignant tout en conservant une activité politique auprès des proscrits français et des socialistes américains. Il rentre à Paris à la faveur de l’amnistie des communards en 1880, usé mais écrivant toujours. Il s’éteint le 6 novembre 1887, peu après que ses amis aient commencé à publier des recueils de ses œuvres.
Le souvenir du chansonnier survit paradoxalement par une création semi-posthume. Un an après sa mort, à l’initiative du responsable socialiste lillois Gustave Delory, l’ouvrier Pierre Degeyter met en musique l’un de ses poèmes récemment publié : L’Internationale, qui célèbre l’esprit révolutionnaire de l’AIT. Ce chant se répand progressivement dans le Nord, puis dans toute la France, et au-delà à l’occasion des congrès de la IIe Internationale ouvrière. Au début du XXe siècle, les traductions se multiplient. Lorsque les bolchéviks russes en font le chant officiel de leur nouvel État, l’œuvre du dessinateur français et de l’ajusteur belge est déjà le symbole officieux du mouvement ouvrier à travers le monde.
Thibaut L. https://www.linsoumissionhebdo.fr/4...
De toute sa vie, sa main ne prendra jamais de repos, vengeant par ses vers le sang versé par les assassins du pouvoir.
Il subit la loi du Parti de l’Ordre arriéré, injuste et assassin, sous la Restauration, sous Louis Philippe comme sous Napoléon 3, comme encore aux débuts de la 3ème république
En référence à toutes les terribles répressions, il écrit Terreur blanche
Messieurs les conservateurs,
Vous le grand parti de l’Ordre,
Procédons, plus de lenteur !
L’hydre peut encor nous mordre.
On a pris Paris et huit jours durant
Par la mitrailleuse on sut faire grand,
Taper dans le tas, c’était à se tordre,
Mais fallait finir comme on commença.
Fusillez-moi ça !
Fusillez-moi ça !
Pour l’amour de Dieu, fusillez-moi ça !
Ainsi, lors du coup d’état du futur Napoléon 3 le 2 décembre 1851, il chante la victoire à venir :
Du soir jusqu’au matin
Gorgez-vous du butin.
La verra qui vivra ! [la République]
Sonnez, les temps sont proches
La verra qui vivra !
La terre enfantera !
Le marteau chantera !
Le travail fleurira !
La rose rougira !
Lors du décès du grand Blanqui ( 1er janvier 1881) il lui dédit ces vers splendides
Ce cœur qui ne bat plus battait pour une idée :
L’Égalité ! … Gens sourds. Terre, esclave ridée
Qui tournes dans ta cage ainsi que l’écureuil,
À présent qu’il est mort, tu l’entendra peut-être !
Ce combattant passant de la geôle au cercueil,
Du fond de son silence, il dit : Ni Dieu, ni maître !
De tous les droits que l’homme exerce,
Le plus légitime, au total,
C’est la liberté du Commerce,
La liberté du Capital.
La loi ? c’est l’offre et la demande,
Seule morale à professer !
Pourvu qu’on achète et qu’on vende,
Laissez faire, laissez passer !
...
Pour le bien-être des familles
Doublons les heures de travail.
Venez, enfants, femmes et filles,
La fabrique est un grand bercail.
Négligez marmots et ménage,
Ça presse ! et pour vous délasser
Vous aurez des mois de chômage.
Laissez faire ! Laissez passer !
...
Par essaims le Chinois fourmille.
Ils ont des moyens bien compris
De s’épargner une famille
Et travailler à moitié prix.
Avis aux ouvriers de France ;
Dans leur sens il faut s’exercer,
Pour enfoncer... la concurrence...
Laissez faire ! laissez passer !
(1886 : en défense des mineurs de Decazeville exploités, écrasés, occupés militairement, emprisonnés...)
Les loups, les loups les plus féroces,
Toujours gueule ouverte et mangeant
Les mineurs, leurs femmes, leurs gosses,
C’est la bande des gens d’argent.
Nous moutons noirs du charbonnage,
Nous saignons de ce long carnage.
Gare là-dessous !
Tous les Watrin du patronage !...
Gare là-dessous !
Les moutons vont manger les loups !
Descendus vivants au sépulcre,
Nous rampons dans l’éternel noir,
Pour un bien misérable lucre
Qu’on n’est jamais certain d’avoir ;
Ils nous tiennent par la famine,
Et l’amende nous extermine.
Gare là-dessous !
Les crocs nous poussent dans la mine !...
Gare là-dessous !
Les moutons vont manger les loups
Eux nous volent..., sur nous on lance
Les gendarmes, les policiers...
C’est par légitime défense
Que nous devenons justiciers.
Quand le Peuple exécute un traître
Et le lance par la fenêtre,
Gare là-dessous !
Notre ennemi, c’est notre maître !...
Gare là-dessous !
Les moutons vont manger les loups !
Il est bien temps de se défendre,
Et nous ne serons pas les seuls :
Les braves tisseurs de la Flandre
Sont las de tisser leurs linceuls.
Le ciel est noir..., l’orage crève,
La France ouvrière se lève :
Gare là-dessous !
Partout le clairon de la grève !...
Gare là-dessous !
Les moutons vont manger les loups !
Oui, les dents et les faulx s’aiguisent,
La masse aura gros à manger.
Surtout ces loups qui se déguisent
Sous des vêtements de berger.
Sur la finance féodale
Plane une revanche fatale.
Gare là-dessous !
Tout nous pousse à la Sociale...
Gare là-dessous !
Les moutons vont manger les loups !
En novembre 1912, c’était le vingt-cinquième anniversaire de la mort du poète ouvrier Eugène Pottier, l’auteur du célèbre chant prolétarien I’Internationale (« Debout, les damnés de la terre », etc.).
Ce chant est traduit dans toutes les langues d’Europe, et pas seulement d’Europe. Quel que soit le pays où vienne à échouer un ouvrier conscient, quel que soit l’endroit où le pousse le destin, quel que soit son sentiment d’être un étranger, privé de langue et d’amis, loin de sa patrie, – il peut trouver des camarades et des amis par le chant familier de l’Internationale.
Les ouvriers de tous les pays ont repris le chant du poète-prolétaire qui était à l’avant-garde de leur combat, et en ont fait le chant mondial du prolétariat.
Les ouvriers de tous les pays rendent hommage aujourd’hui à Eugène Pottier. Sa femme et sa fille vivent encore et sont dans la misère, comme le fut durant toute son existence l’auteur de l’Internationale. II est né à Paris le 4 octobre 1816. A l’âge de 14 ans, il composa sa première chanson qui s’intitulait : Vive la Liberté ! En 1848, il prit part, sur les barricades, au grand combat des ouvriers contre la bourgeoisie.
Pottier était né dans une famille pauvre et, durant toute sa vie, il resta un pauvre, un prolétaire, gagnant son pain comme manutentionnaire, puis comme dessinateur sur étoffes.
A partir de 1840, il fait écho à tous les événements importants de la France par ses chants de combat, éveillant la conscience des retardataires, appelant les ouvriers à s’unir, fustigeant la bourgeoisie et les gouvernements bourgeois du pays.
En 1871, Pottier fut élu membre de la grande Commune de Paris. Il recueillit 3352 voix sur 3600 votants. Il participa à toute l’activité de la Commune, ce premier gouvernement prolétarien.
La chute de la Commune contraignit Pottier à se réfugier en Grande-Bretagne, puis en Amérique. Il écrivit le célèbre chant l’Internationale en juin 1871, au lendemain, peut-on dire, de la sanglante défaite de mai...
La Commune fut écrasée... Mais l’Internationale de Pottier en propagea les idées à travers le monde entier, et elle est à présent plus vivante que jamais.
En 1876, pendant son exil, Pottier écrit un poème : Les ouvriers d’Amérique aux ouvriers de France. Il y dépeint la vie des ouvriers sous le joug du capitalisme, leur misère, leur travail de forçat, leur exploitation, leur ferme confiance dans la victoire prochaine de leur cause.
C’est seulement neuf ans après la Commune que Pottier rentra en France ; il adhéra aussitôt au Parti ouvrier. Un premier volume de ses poésies parut en 1884. Un second en 1887, sous le titre : Chants révolutionnaires.
D’autres chansons du poète ouvrier furent éditées après sa mort.
Le 8 novembre 1887, les ouvriers parisiens accompagnèrent la dépouille de Pottier au cimetière du Père-Lachaise, où sont enterrés les communards fusillés. La police provoqua des bagarres et arracha le drapeau rouge. Une foule énorme assista aux obsèques civiles. Des cris s’élevaient de toutes parts : « Vive Pottier ! »
Pottier mourut dans la misère. Mais il laissa derrière lui un monument vraiment impérissable. Il fut l’un des plus grands propagandistes par la chanson. Quand il composa sa première chanson, les ouvriers socialistes se comptaient, tout au plus, par dizaines. Des dizaines de millions de prolétaires connaissent aujourd’hui le chant historique d’Eugène Pottier...
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