Origines du Covid-19 : les dernières révélations

lundi 8 novembre 2021.
 

Le scénario d’une fuite d’un coronavirus manipulé en laboratoire prend encore de la consistance avec de nouvelles révélations du groupe Drastic. Mediapart reçoit l’un de ses membres, le data scientist Gilles Demaneuf, ainsi que le journaliste scientifique Brice Perrier, auteur de « Sars-Cov-2, aux origines du mal ».

D’où vient le Covid-19, à l’origine de la pandémie qui a mis des économies entières à l’arrêt en 2020, et ne cesse de faire des victimes et de désorganiser les sociétés humaines à l’échelle du monde ? Dans un premier temps, l’émergence naturelle d’un coronavirus passé de la chauve-souris à l’homme a été considérée comme l’hypothèse principale. Mais de plus en plus d’informations incitent à ne pas exclure le scénario d’un accident de laboratoire.

Dans une nouvelle émission de « Science friction », Caroline Coq-Chodorge fait le point sur les thèses en présence, avec le data scientist Gilles Demaneuf et le journaliste scientifique Brice Perrier. Retrouvez sur Mediapart sa première enquête sur le sujet (avec Jacques Massey), et ci-dessous les éléments les plus récents versés à la controverse.

« Notre but est de désarmorcer le potentiel de contamination d’un coronavirus de chauve-souris à fort risque de créer une zoonose en Asie. » C’est ainsi que commence un dossier de demande de financement d’un projet de recherche, intitulé « Defuse », adressé en mars 2018 par Peter Daszak, le président de l’organisation non gouvernementale américaine EcoHealth Alliance, à l’Agence américaine pour les projets de recherche de défense.

Ce projet de recherche a été révélé, le 21 septembre, par le groupe de chercheurs Drastic.

Parmi les scientifiques alors impliqués dans ce projet figurent le virologue américain Ralph Baric, spécialiste des expériences de gain de fonction sur les coronavirus, et la directrice de l’Institut de virologie de Wuhan, Shi Zhengli, chargée de collecter et de manipuler les coronavirus dans ses laboratoires. Les coronavirus en question devaient provenir de « trois grottes de la province du Yunnan », là où a été identifié le coronavirus de chauve-souris le plus proche du Sars-CoV-2.

Leur projet prévoit de créer des protéines Spike chimériques, en y introduisant « des sites de clivage spécifiques à l’homme et d’évaluer le potentiel » d’infectiosité pour l’homme du virus ainsi modifié.

Le document évoque des « sites de clivage furine ». Or la spécificité du Sars-CoV-2, qui a très vite interpellé des spécialistes des coronavirus, notamment les Français Étienne Decroly et Bruno Canard, est de présenter sur sa protéine Spike un site de clivage furine, qui « décuple sa capacité de reconnaissance des récepteurs ACE2 des cellules humaines et accroît très fortement la transmission interhumaine du virus », nous expliquait Étienne Decroly. Or, ce site furine n’avait jamais été constaté dans la famille des coronavirus à laquelle appartient le Sars-CoV-2.

Les Américains, qui ont largement financé la recherche sur les coronavirus à Wuhan, ont cette fois refusé ce projet, le jugeant trop risqué. Mais cela ne prouve pas que les recherches n’ont pas été conduites.

L’étau se resserre aussi autour des instituts nationaux de la santé américains (NIH). Le journal américain The Intercept a obtenu la communication de 900 pages de documents des NIH qui attestent de nombreux financements d’expériences de gain de fonction sur les coronavirus à Wuhan, par l’intermédiaire d’EcoHealth Alliance.

Anthony Fauci, conseiller des présidents Trump puis Biden dans la crise du Covid, se retrouve en fâcheuse posture : directeur de l’un des NIH, il a nié devant le Congrès américain cet été que ces instituts ont pu financer de telles expériences.

« L’idée était de réaliser le pire cauchemar que l’on pourrait avoir, [un virus capable de créer – ndlr] une zoonose, [...] pour pouvoir l’arrêter si un jour il apparaît de manière naturelle », explique Gilles Demaneuf au cours de notre émission.

Le journaliste Brice Perrier, auteur du livre Sars-Cov-2, aux origines du mal (Belin), récemment publié, affirme quant à lui que ces recherches ont été inutiles face au Covid. Il rappelle aussi les nombreux conflits d’intérêts qui ont entaché les premières publications sur l’origine du virus, puis les missions conduites en Chine.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message