Pr. André Grimaldi : « Olivier Véran a voté toutes les lois d’étranglement de l’hôpital public »

mardi 9 novembre 2021.
 

Paradoxe des temps, alors que l’on traverse une crise sanitaire sans précédent, notre système de santé continue de supprimer des lits : près de 100.000 en trois quinquennats. Les soignants sont à bout. Beaucoup démissionnent. Les services des hôpitaux saturent. Où va l’hôpital public ? Le Professeur André Grimaldi, auteur du Manifeste pour la santé 2022 (Éd. Odile Jacob), est l’invité de #LaMidinale.

VERBATIM

Sur la démocratie sanitaire

« On a un problème démocratique en France. Celui qui est élu président de la République considère qu’une fois élu, il a tous les pouvoirs. »

« Il n’y a pas de débat démocratique dans ce pays et on l’a vu lors de la crise Covid. »

Sur le déclin de notre système de santé

« Il faut partir de nos besoins de santé. Il y a quatre médecines : les maladies aiguës bénignes et la médecine de ville y répond très bien. Il y a les maladies aiguës, graves ou complexes et les hôpitaux, les CHU y répondent très bien. Sur ces deux modèles de maladies - centrés sur les maladies et les gestes techniques - la France reste très bien placée (…). Cette médecine-là se dégrade mais elle fonctionne. La troisième médecine : les maladies chroniques. Une véritable épidémie : 21 millions de personnes (…). Sur ça, nous sommes mauvais. Notre système de santé n’a pas été construit pour ça. »

« Sur les maladies chroniques, on est mauvais sur la prévention, la coordination des soins et le travail en équipe. La maladie chronique, c’est nécessairement une coordination des soins. »

« Les CHU se sont construits sur le progrès technologique. »

« On a perdu la bataille. La loi Bachelot est une loi centrée sur le modèle de la chirurgie ambulatoire. Une médecine technique, standardisée. On considère que c’est ça le progrès. »

« La tarification à l’activité est un non sens. »

« On a fabriqué une médecine industrielle où le médecin devient un ingénieur et l’hôpital une entreprise. Ça n’est pas un modèle de médecine et encore moins de santé publique. »

« La santé est un bien commun qui doit échapper aux logiques du marché. »

Sur les fermetures de lits et l’enquête du gouvernement

« Les propos de Gabriel Attal sont tous à côté de la plaque. »

« Olivier Véran était le rapporteur de la loi Touraine et il a voté toutes les lois d’étranglement de l’hôpital. »

« En 2017, est arrivée la réforme néolibérale qui considère que les services publics coûtent trop, doivent être ou privatisés ou gérés comme des entreprises privées. C’est le dogme. Tout service qui peut être mesuré et tarifé doit être mis en concurrence. Cette logique est absurde. »

« La confiance est rompue. »

« La santé est un bien commun qui doit échapper aux logiques du marché. »

Sur la production de médicaments

« 80% des médicaments essentiels sont de vieux médicaments et on est en rupture permanente parce qu’on considère que ça n’est plus rentable. Donc on a tout délocalisé (…). »

« On devrait avoir des entreprises publiques de production des médicaments essentiels, idéalement à l’échelle européenne. »

« Emmanuel Macron a inauguré en grandes pompes avec aides publiques le retour de la fabrication sur le territoire national du paracétamol. Sauf que le paracétamol est un médicament utile mais pas essentiel. »

« Il faudrait une transparence complète de la chaîne des coûts. »

« Les gens se demandent si les vaccins sont pour eux où pour les profits des laboratoires pharmaceutiques ? Ça crée de la défiance. »

Sur la rhétorique guerrière d’Emmanuel Macron

« Macron s’est donné un statut de chef de guerre. Être en guerre contre un virus était absurde. »

« Pourquoi Macron a-t-il imposé un huis clos au conseil de Défense ? C’était pour que le virus n’entende pas ? On a caché quoi à qui ? Le débat devait se faire au niveau de la société. »

« Si on pense qu’on est en guerre, la moindre des choses aurait été de chercher l’unité nationale. »

« Le discours de Macron du 12 juillet est scandaleux : c’est là qu’il annonce l’obligation vaccinale et le pass sanitaire. Quand vous prenez une décision pareille, vous cherchez à rassembler la nation. Qu’est-ce qu’il fait dans le même discours ? Il balance son programme électoral : réforme des retraites, réforme du chômage et plan de relance. Autrement dit, il dit aux Français que ceux qui ne sont pas d’accord avec la réforme des retraites ont un moyen d’action qui est de refuser le vaccin. Et si vous acceptez le vaccin, ça prouve bien que vous êtes un macronien. C’est dément ! C’est jouer d’une manière politicienne avec le vaccin alors qu’il s’agissait à ce moment-là de rassembler la nation. »


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