LR : un duel Ciotti-Pécresse au second tour

dimanche 5 décembre 2021.
 

Éric Ciotti est arrivé en tête du premier tour du congrès organisé par Les Républicains pour désigner leur candidat·e à l’élection présidentielle. Au second tour, il affrontera Valérie Pécresse, qui a déjà reçu le soutien des éliminés Xavier Bertrand, Michel Barnier et Philippe Juvin.

Au siège du parti, rue de Vaugirard, la mine déconfite de quelques cadres laisse transparaître le caractère inattendu du résultat. À l’issue d’un premier tour très serré, les adhérents Les Républicains (LR) – 139 742 inscrits, 112 738 exprimés – ont qualifié Éric Ciotti et Valérie Pécresse pour le second tour du congrès de désignation de leur candidat·e à l’élection présidentielle. Le député des Alpes-Maritimes est arrivé en tête avec 25,59 % des suffrages, devant la présidente de la région Île-de-France (25,00 %).

La surprise réside autant dans la composition du ticket de tête que dans l’élimination des deux favoris sondagiers du scrutin, Xavier Bertrand et Michel Barnier. Le président de la région Hauts-de-France n’arrive que quatrième du vote des militants, avec 22,36 % de leurs voix. L’ancien négociateur du Brexit se hisse en troisième position (23,92 %) et Philippe Juvin en cinquième (3,13 %). La participation à ce scrutin exclusivement électronique s’élève à 80,89 %.

Le camouflet est immense pour Xavier Bertrand, qui martelait depuis des mois qu’il était le mieux placé de son camp pour battre Emmanuel Macron. Éliminé dès le premier tour, l’ancien ministre savait qu’il risquait gros à s’engager dans une compétition interne qu’il avait longtemps refusée. « Je remercie les adhérents LR qui m’ont fait confiance », s’est-il contenté d’écrire sur Twitter, avant d’appeler à voter en faveur de Valérie Pécresse au second tour.

En campagne depuis plus d’un an, le président des Hauts-de-France a longtemps cru qu’il pourrait s’imposer à ses anciens amis. Sondages à l’appui, il avait d’abord tenté d’enjamber la démocratie interne avant de se résoudre, début octobre, à participer au congrès. Malgré six semaines passées à parcourir les fédérations pour retisser un lien distendu (lire notre récit), il paye aujourd’hui une posture jugée arrogante à l’endroit de son ancienne formation et un positionnement trop « centriste » pour une partie des adhérents.

Le président du parti, Christian Jacob, a eu beau s’enorgueillir du succès d’une « très belle campagne », le résultat est une déflagration pour la droite d’opposition. Il acte, d’abord, l’absence de leadership naturel d’une formation dont les scrutins sont éparpillés de façon équilibrée (3 points seulement séparent Éric Ciotti de Xavier Bertrand). Il confirme, en outre, la polarisation droitière d’une base militante qui a placé en tête l’offre la plus droitière des cinq proposées.

En trois mois de campagne, l’élu niçois a soutenu la théorie du « grand remplacement », défendu la « priorité nationale », appelé à l’union des droites par les électeurs, validé Éric Zemmour et martelé son envie de « renverser la table ». Quelques minutes après l’annonce des résultats, il saluait le succès du « seul projet de rupture » et d’une « droite forte, qui s’assume et qui ne s’excuse plus ». « J’étais très loin d’être favori mais les militants en ont décidé différemment », a lancé celui qui préside également l’une des plus importantes fédérations LR de France, celle des Alpes-Maritimes.

Ces derniers temps, la fédération d’Île-de-France avait engrangé de nombreux nouveaux adhérents, passant, en l’espace de quelques semaines, de 15 000 à 30 000 encarté·e·s, pour représenter près de 25 % du parti. Quand bien même aucun des cinq candidat·e·s n’était propriétaire de ses électeurs, ces inscriptions ont pu bénéficier à la présidente de la région, Valérie Pécresse.

Pour l’état-major du parti, cette victoire de la ligne la plus extrême est un caillou dans la chaussure à l’heure d’aborder le second tour de ce scrutin interne. Les trois candidats éliminés ont immédiatement appelé à voter pour Valérie Pécresse. Un front « tous contre Ciotti » auquel devraient se joindre, dans les heures à venir, d’autres figures nationales de LR. À l’aube d’un second tour qui s’étirera de vendredi matin à samedi après-midi, l’enjeu premier n’est plus la victoire à l’élection présidentielle. Il s’agit d’abord, pour le parti, de conserver son unité du parti et la survie d’un semblant de « cordon sanitaire » avec l’extrême droite.

Ilyes Ramdani


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