Je veux empêcher le recul de la France

samedi 8 janvier 2022.
 

Intervention de Jean-Luc Mélenchon le 5 janvier 2022 en commission des Affaires étrangères sur le projet de contrat d’objectifs et de moyens 2021-2023 de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Voici la retranscription de cette intervention.

« Merci monsieur le président. Je vais me prononcer contre ce rapport, non sans avoir auparavant salué la qualité des intentions du rapporteur et en reconnaissant qu’il y a à prendre dans les recommandations qu’il fait, il y a à prendre. Mais je veux manifester mon opposition à la stratégie qui est celle du gouvernement, qui était déjà d’ailleurs celle du précédent gouvernement, qui n’était guère plus méritant à cet égard. D’une manière générale, les moyens que nous dédions à notre présence à l’étranger sont en baisse et le MAE (ministère des Affaire étrangères) est le ministère qui a le plus été frappé. Là, nous ne sommes pas directement dans l’aire de compétence du MAE, mais ça participe du même état d’esprit.

Tous les indicateurs symboliques qui sont affichés sont des indicateurs de retrait. J’en veux pour preuve la dernière rumeur qui circule sur la fermeture de la Maison de la France à Rio de Janeiro, qui est une institution qui regroupait d’une manière assez miraculeuse, dans un même bâtiment, les services d’enseignement, les services consulaires, un théâtre, etc. Et on entend dire qu’on fermerait ça. Partout, c’est la consternation devant ce recul de la France. J’ajoute que pour ma part, j’aurais quelques règles. Premièrement, l’enseignement des jeunes gens en français à l’étranger doit être gratuit comme il l’est en France, point numéro un.

Et c’est de ce côté que doit se diriger toute notre énergie et spécialement pour les binationaux, parce que ce sont ceux qui sont souvent le plus mis dans une situation de contradiction. Deuxièmement, le développement de l’enseignement du français est une contribution non pas seulement au prestige de la France, mais à la vivacité de la francophonie qui doit être un axe, à mes yeux, un axe stratégique, non seulement de la puissance française entendue au sens intellectuel, mais du collectif humain que va représenter à la fin du siècle, 700 millions de personnes qui devraient parler le français.

Entre nous chers collègues, il n’y a pas 700 millions. Il n’y a pas aujourd’hui 300 millions de personnes qui parlent réellement le français parce que partout nos moyens ont reculé. Et la pratique de la langue française, qui s’était pratiquement imposée dans certains pays comme langue de contact et même langue de partage, là où il y avait plusieurs langues nationales, est en recul et je le déplore.

Voilà pourquoi je vais voter contre ce rapport, collègue Petit, tout en saluant votre dévouement à cette cause, mais parce que je n’y retrouve pas ce que je crois essentiel. Je veux aussi au passage saluer le dévouement absolument extraordinaire de toutes les personnes qui se dévouent à la propagation de la langue française et de la culture de la francophonie. Et je redis devant vous, profitant de la circonstance, de mon indignation devant le fait que Monsieur Mario Vargas Llosa, qui n’a jamais écrit une ligne en français et qui se contente de le parler dans les bistrots parisiens, ait été élu à l’Académie française tandis que tant de magnifiques auteurs francophones de toute l’Afrique et des Amériques, y auraient eu 1000 fois plus leur place que lui. »


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