UN PIÈGE EMMERDANT

mercredi 12 janvier 2022.
 

par Allain GRAUX

Macron, par sa grossière petite phrase, a mis en place une stratégie présidentielle de l’emmerdement. Depuis lors les oppositions sont dans la merde jusqu’au cou. Les uns et les autres sont coincés entre l’adhésion à la politique massive du vaccin, et le refus du pass vaccinal qui entrave un certain nombre de libertés individuelles. Macron a compris que les oppositions ont une position ambiguë sur le pass vaccinal. Si vous votez contre le texte, vous paraissez être contre la vaccination...

- Le Rassemblement National ne se prononce pas frontalement contre le vaccin, mais est vent debout contre le pass afin de satisfaire son électorat et ses partisans qui participent aux manifestations antipass du samedi. Bizarrement, on n’entend pas beaucoup Zemmour sur la question...

- LR est pro vaccin et plutôt obligation vaccinale, mais Pécresse peut-elle apparaître pro-Macron si elle soutient cette politique du pass sanitaire ? Elle nage en pleine contradiction, c’est pourquoi les députés LR ont fait capoter le projet de loi, dans un premier temps.

- Les « marcheurs » ont beau jeu de rappeler que la candidate Valérie Pécresse s’est déclarée favorable au pass sanitaire. "Soit madame Pécresse ne tient pas ses troupes, soit, et c’est encore plus grave, ça s’appelle la duplicité, vous dites à la télé des choses et dans l’hémicycle vous faites autre chose", a fustigé la ministre Amélie de Montchalin.

Macron apparaît, aux yeux d’une opinion largement favorable à la vaccination, comme un président qui descend dans l’arène pour protéger tous les Français grâce au vaccin. Voilà l’image recherchée par l’Elysée. Les autres sont des irresponsables, et « un irresponsable n’est plus un citoyen » a-t-il ajouté. Et là, cette petite phrase, bien plus grave dans sa signification que la grossièreté de l’emmerdement, n’a pas été remarquée par l’opinion publique, uniquement par les défenseurs des droits, et les plus attentifs. Ainsi un opposant à sa politique - certes sanitaire - ne serait plus un citoyen. Le pas risque d’être franchi, au-delà de l’aspect sémantique, pour faire apparaître les opposants comme de mauvais citoyens qu’il ne faut pas hésiter à condamner :

Le Président de la République n’est plus le Président de tous les français.

- Jadot est aussi le cul entre deux chaises : « Nous soutenons la vaccination, nous soutenons d’aller chercher chaque personne éloignée des systèmes de santé, les convaincre de se faire vacciner". Mais cette loi pose de très inquiétantes questions", regrette-t-il. "Il n’y a pas de date de fin de l’état d’urgence sanitaire, on transforme les cafetiers en gardiens de la paix en contrôlant les identités, et le Conseil scientifique comme l’Organisation mondiale de la santé ne recommandent pas ce qui est une forme de vaccination obligatoire."

- On ne défend pas le service public en accablant ses serviteurs", a tweeté le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Une grande partie du PS est pour la vaccination obligatoire pour les adultes, mais Anne Hidalgo a dénoncé le projet le pass vaccinal porté par l’exécutif. Comprenne qui pourra cette déclaration contradictoire, car il faudra bien contrôler ce qui serait rendu obligatoire. C’est de l’hypocrisie... "Sur le principe, nous voterons le pass vaccinal" a déclaré la porte-parole d’Anne Hidalgo sur Europe 1...

- Au sein de LFI, c’est difficile d’être compris entre l’attitude pro vaccin des progressistes qui font confiance à la science, à la logique d’une méthode qui a permis l’éradication de pathologies terribles, de la rage avec Louis Pasteur, à la variole (dont la vaccination est encore plus ancienne), à la Polyo, la rougeole (Amériques, Europe, Pacifique Ouest), la rubéole (Finlande). Et des résultats - encore modestes – avec l’endiguement pour ces mêmes maladies dans de nombreux autres pays et aussi d’autres infections, au prix d’une vaccination correctement appliquée et surtout d’une surveillance épidémiologique rigoureuse : diphtérie, coqueluche, hépatite B.

Et puis les anti-vaccins : des bobos verts urbains, acquis aux médecines dites naturelles ou parallèles...L’opposition au pass sanitaire est plus nette pour la partie de l’électorat insoumis farouchement opposé à la politique libérale macroniste. Les électeurs populaires recherchés sont las des différentes mesures antisociales et de celles imposées lors des différentes étapes subies du confinement dont ces classes sociales ont été les premières victimes, des dispositifs aujourd’hui vexatoires.

La France insoumise utilisera sa niche parlementaire, prévue le 13 janvier pour "présenter un texte qui demande de mettre fin au régime d’exception de santé, pour enlever le plein pouvoir sanitaire à Emmanuel Macron, mettre fin au pass sanitaire et au pass vaccinal".

Sur TF1, Jean-Luc Mélenchon avait déclaré : "Je dis à M. Castex qu’il a tort de tout concentrer sur la question de la vaccination". "C’est une erreur de ne penser qu’à des méthodes brutales pour essayer de régler un problème, de croire que le vaccin à lui tout seul va nous libérer ».

En effet, peu a été entrepris par le gouvernement pour un véritable programme de soins, de recherches de médications, pour répondre aux besoins sanitaires et économiques et protéger les ménages les plus fragilisés par cette crise.

La France insoumise a déposé 11 propositions de loi afin de répondre à la crise du Coronavirus et 6 propositions de plans, dont :

- la création d’un pôle public du médicament

- la nationalisation de Luxfer et Famar

- la gratuité des obsèques pour les familles des victimes du Coronavirus

- la gratuité des masques

- la reconnaissance du Coronavirus comme « catastrophe naturelle »

- Pour la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle pour les travailleurs obligés de se rendre sur leur lieu de travail pendant le confinement

- L’encadrement des prix alimentaires

Avec son entêtement, dans sa politique autoritaire, pas sûr que Macron en ressorte gagnant. D’autant moins que le fait de devoir se vacciner tous les 3 ou 4 mois apportent de l’eau aux antis vaccins qui clament que les vaccins ne sont pas efficaces et donc inutiles. C’est une autre des raisons de ce clash, avec le risque d’un front commun de l’opposition.

A cela on peut évidemment apporter l’argument que le vaccin, s’il ne garantit pas l’immunité absolue, permet d’éviter la gravité, les décès, l’encombrement des salles de réanimation utiles pour assurer la permanence des soins hospitaliers, des opérations.

La stratégie de Macron :

C’est d’isoler l’opposition LR, et de diviser les troupes au sein des électorats entre bons et mauvais citoyens. Le dilemme est : Si le texte sur le pass vaccinal est là pour emmerder les gens, on ne peut pas le voter… Et d’un autre côté, on ne veut pas passer pour des inconscients ou des irresponsables.

Il veut braquer une partie de la population en espérant que ça ira vers des candidatures radicales.

Et puis, pendant ce temps-là, on ne parle pas des véritables enjeux de l’élection pour l’Avenir, qui avec lui, risque de ne pas être très commun...

Allain GRAUX le 7.01.2022


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