13 janvier – 1er février : des mouvements sociaux bousculent un agenda politique hors-sol

mercredi 26 janvier 2022.
 

C’est encore timide, parfois laborieux, mais les mouvements sociaux font leur retour en ce début d’année. Pas encore au point de bouleverser la période politique, mais en réintroduisant quelques sujets occultés par les obsessions des deux camps promis au second tour de la présidentielle.

La hausse des salaires, déjà bien présente dans les revendications de nombreuses luttes dans les entreprises, sera au cœur d’une journée de grève interprofessionnelle le 27 janvier. Dans l’éducation, la grève historique du 13 janvier va connaître plusieurs répliques tandis que les employés du médico-social ou de l’animation enchaînent les journées de mobilisation nationale.

Et si l’image de Jean-Michel Blanquer participant à un « colloque » sur les « dangers du wokisme » au moment où les enseignants s’arrachent les cheveux avec un énième protocole sanitaire chaotique, résumait le mieux le climat politique de cette mi-janvier ?

Tout occupé à propulser le duel libéraux vs réactionnaires au second tour de la présidentielle, à coups de fantasmes sur l’islamogauchisme, le wokisme, l’immigration ou la sécurité, les membres du gouvernement, à l’instar de Jean-Michel Blanquer, n’ont pas vu remonter de dessous le tapis ce qui préoccupe les personnels de l’Éducation nationale. À savoir : leur santé, celle de leurs élèves, les conditions de travail et d’étude, les moyens pour enseigner et les salaires. Des inquiétudes qui n’ont eu besoin que d’une dose de mépris supplémentaire pour ressurgir et faire exploser la maison Éducation nationale, dès la première semaine de la rentrée 2022.

Fait inhabituel, l’ensemble des organisations syndicales enseignantes se sont unies dans un appel à la grève le 13 janvier réclamé par des syndiqués exaspérés. Résultat : 75 % de grévistes dans les écoles maternelles et primaires et 62 % dans les collèges et lycées selon les syndicats. Des chiffres contestés par le ministère de l’Éducation nationale qui annonce de son côté 38,4 % et 23,7 % de grévistes dans ces mêmes établissements avec des méthodes de calcul trompeuses. Ces chiffres exceptionnels traduisent la colère des enseignants, soutenus par une partie des parents d’élèves et des lycéens. Et appellent des suites.

Une grève qui modifie la portée de celles du 27 janvier…

« En discutant avec les unions départementales et les fédérations, on a l’impression que quelque chose a changé, par rapport à la dernière journée interprofessionnelle du 5 octobre » perçoit Marie Buisson, membre de la commission exécutive confédérale de la CGT. Sans vendre la peau de l’ours avant de voir la taille des défilés du 27 janvier, elle reste plus optimiste qu’il y a un mois. De fait, la réussite de la grève enseignante du 13 janvier redonne du courage aux syndicalistes d’autres secteurs, comme en son temps la grève historique des agents RAPT de septembre 2019 avait donné une forte impulsion à la construction du long conflit contre la réforme des retraites.

S’il reste prudent lui aussi, Simon Duteil, l’un des deux porte-paroles de Solidaires, observe quelques signaux encourageants et espère « un dégel de la question sociale ». Son union syndicale prépare d’ailleurs le terrain. D’abord avec une communication en début de semaine valorisant l’impact de la grève dans l’Éducation nationale et invitant l’ensemble des salariés à s’en inspirer. Ensuite, toujours dans l’espoir de favoriser la mobilisation du 27 janvier, Solidaires organise un meeting numérique lundi prochain pour rassembler les troupes. Enfin, l’union syndicale participera à un meeting unitaire pré-manifestation avec Philippe Martinez (CGT), Yves Veyrier (FO) et Benoît Teste (FSU).

… et influence les autres

La journée interprofessionnelle du 27 janvier fera finalement converger plusieurs combats spécifiques en plus de la revendication générale sur les salaires portée par l’intersyndicale nationale. Outre les AESH et les enseignants, le secteur de l’animation rejoint la date interprofessionnelle de la semaine prochaine. Initialement, il devait se mobiliser le 8 février, après plusieurs journées de grève en fin d’année. Pour autant, tous les mouvements catégoriels ne convergent pas vers le 27 janvier. Le secteur de la santé, du médico-social et du travail social, conserve son propre calendrier avec une journée de grève annoncée le 1er février.

Cette fois encore, la grève réussie dans l’éducation le 13 janvier crée un climat favorable à la mobilisation . « Des collègues se sont demandés s’il ne faudrait pas rejoindre les enseignants qui eux sont reçus par leur ministre, alors que nous sommes ignorés par les nôtres », explique Antoine, éducateur spécialisé et syndicaliste à Montpellier. Pour lui, outre « un élan », la grève du 13 janvier montre que « l’on peut peser ». La mobilisation du secteur sanitaire le 1er février devrait être plus fournie que la précédente en demi-teinte le 11 janvier. Et ne pas trop pâtir d’une multiplication des rendez-vous.

Quelques grèves ne font pas le printemps

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