« mais comment vous financez tout ça ? »

jeudi 17 février 2022.
 

A deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, voilà que « mais comment vous financez tout ça ? » commence à refaire surface. Cette question contient à elle seule toute l’intériorisation du système capitaliste qui ne parle que de « coûts », de « rentabilité », de « capacité de financement » et jamais de besoins des êtres humains, de dignité des conditions de vie et de bonheur.

D’abord, l’argent, il y en a, de plus en plus concentré dans la main de quelques-uns : il est donc absolument nécessaire de partager. En France, 5 milliardaires possèdent autant que 40 % des plus pauvres, ça n’est plus possible. Ensuite, les « économies » de court-terme sont le plus souvent l’assurance de coûts humains et financiers monstrueux à long terme. Les questions du logement et de la prise en charge des personnes âgées en sont deux exemples édifiants.

Prenons le logement : construire des habitations pour que tout le monde puisse se loger nécessite des investissements importants, c’est indéniable. Ne pas s’y atteler permet des « économies » de court-terme. Mais génère aussi des coûts financiers énormes : l’augmentation des prix du marché immobilier, qui du fait de la pénurie de logement, s’envolent tant pour les locataires que pour les propriétaires. Surtout des coûts sociaux : la précarité du logement entraine des problèmes de santé, des difficultés à trouver et à garder un emploi, un stress du quotidien.

Et cela coûte cher, pour les personnes qui en souffrent, pour la sécurité sociale, pour l’assurance chômage. Dans un pays riche comme le nôtre, mettre à l’abri tout le monde est possible, c’est l’objectif du plan zéro SDF présenté par Jean-Luc Mélenchon à la fondation Abbé Pierre, et qui a largement convaincu la salle. C’est un investissement fort et massif à court et moyen terme, mais c’est de la sérénité sur le temps long (et la garantie d’une baisse des tarifs).

La prise en charge de la vieillesse nécessite également un changement de logique du tout au tout. Quand le nombre de personnes âgées a augmenté, plutôt que de renforcer les moyens d’hébergement en EHPAD public et les dispositifs d’aide à domicile, il a été décidé d’ouvrir le secteur au privé. Pour le résultat que l’on ne peut plus faire mine d’ignorer après l’affaire ORPEA. Là aussi, la logique qui a présidé a été celle du court-terme. Mais pour quel désastre ! Des coûts délirants pour les personnes et leurs familles, une maltraitance - non pas du fait de quelques-uns comme tentent de le faire croire les responsables, mais bien organisée par la recherche de rentabilité sans limite.

Créer le service public de la dépendance pour le maintien des aîné.es à domicile, 50 000 places et 210 000 emplois en EHPAD publics, collectiviser les EHPAD privés aura un coût, certes. Mais il permettra la dignité de chacune et de chacun en fin de vie, et libèrera les aidants de cette trop lourde mission.

Alors oui, l’Avenir en commun est financé, puisque c’est la seule question posée. Mais surtout, il permettra des économies de souffrance réelles et des perspectives d’avenir et ça, ça n’a pas de prix.

Claire Mazin


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