Meeting de Jean-Luc Mélenchon à Toulouse (revue de presse)

vendredi 8 avril 2022.
 

Mediapart

Jean-Luc Mélenchon est monté sur scène sous la clameur, souriant et un peu ému. Il y a dix ans, il était exactement au même endroit, devant l’hôtel de ville de briques roses. Ses opposants s’appelaient alors Nicolas Sarkozy et François Hollande, et il portait quant à lui les couleurs du Front de gauche. Cette fois, à une semaine pile du premier tour, ce sont la droite d’Emmanuel Macron et l’extrême droite de Marine Le Pen qui partent favorites.

Dans l’optique de déjouer les pronostics, l’Insoumis a prononcé un discours sans fioritures et très concret, sans doute l’un des plus percutants de cette « élection décisive » où il a réussi, contre toute attente, à s’imposer comme le troisième homme. Il a commencé par une ode à cette France « incorrigible dans son amour de la liberté », qui a inscrit dans sa devise « le devoir de la fraternité et le dégoût pour toujours du racisme, de l’antisémitisme et de la haine des musulmans ». Cette France « qui n’est rien sans son peuple » et où « le peuple est tout ! ».

Ironisant sur le meeting d’Emmanuel Macron organisé à Nanterre la veille – « La dernière fois que je suis allé à l’Arena, c’était pour aller voir les Pink Floyd. Je vais vous dire : c’était plus rempli et moins planant ! », a-t-il plaisanté sous les rires de l’assistance –, il a démonté méthodiquement le bilan du président candidat et de son « entreprise de mensonge et d’enfumage ».

« Il a dit : “On en a fini avec la désindustrialisation”, ce n’est pas vrai, il y a eu 30 000 emplois de moins depuis qu’il gouverne le pays ! Il a dit : “Le pouvoir d’achat a augmenté de façon historique”, mais 12 millions de personnes ont eu froid cet hiver parce qu’elles ne pouvaient pas se chauffer ! Cet homme a supprimé 17 000 lits d’hôpital depuis qu’il est président. » Et puis, la dernière en date : « Comment Macron a-t-il pu imaginer envoyer un gosse de 12 ans en apprentissage ? Quoi qu’il arrive, cela n’aura pas lieu parce que les conventions internationales interdisent qu’on envoie un jeune au travail avant la fin de la scolarité obligatoire, qui est à 16 ans. »

Solennellement, le candidat de l’Union populaire a tenu à « mettre en garde » les Françaises et les Français : en cas de second tour entre la droite macroniste et l’extrême droite lepéniste, « il y a le danger d’une grande éclipse de débat ». Pas de confrontation sur les questions sociales, ni sur le nucléaire, sur lequel « ils sont tous d’accord ». Rien non plus sur les pesticides puisque « Macron a autorisé la réintroduction des néonicotinoïdes, et Mme Le Pen était là pour le voter ». Rien, enfin, sur « le passage à la VIe République ».

Jean-Luc Mélenchon a égrainé de manière assez exhaustive ses propositions : amnistie des « gilets jaunes », plan d’un milliard d’euros pour « faire baisser les féminicides », interdiction des Ehpad à but lucratif, planification écologique et suspension « de tous les contrats avec les cabinets de conseil », a-t-il ajouté, en référence à l’affaire McKinsey.

Mais aussi le rétablissement « à tous les étages » du statut de la fonction publique pour « arrêter la hideuse décomposition de l’État », ainsi que la fixation d’un prix unique de l’essence sur tout le continent européen puisqu’en cas d’arrivée à l’Élysée, il récupérerait, à la suite d’Emmanuel Macron, la casquette de président du semestre européen.

Pour le dernier meeting en plein air de sa dernière campagne présidentielle, Mélenchon s’est, pour une fois, autorisé à un petit coup d’œil dans le rétroviseur. Sur cette élection « compliquée et dangereuse », d’abord, lors de laquelle il a reconnu avoir échoué à imposer le thème de l’eau et de la malbouffe. Sur le temps long ensuite, comme si l’heure était venue pour l’ancien socialiste, âgé de 70 ans, de se livrer à un petit bilan de sa vie politique.

« Je me souviens de ce moment où j’ai décidé de quitter le PS, j’ai bien fait, a-t-il confié. Ce que je craignais par-dessus tout, c’est que la tradition française de l’humanisme radical [disparaisse – ndlr]. J’avais cette hantise que la France, patrie de la grande Révolution de 1789, qui a été faite non pas pour un peuple, mais pour l’humanité universelle, soit effacée du sol, des mémoires, comme la gauche magnifique, brillante, la gauche créative du peuple frère italien, qui a été rasée jusqu’à l’extinction. »

Le dirigeant insoumis a exprimé le sentiment du travail accompli : « La tâche est faite, la force est là, vous en attestez. Vous êtes des milliers à cette heure, quitte à pourrir encore le repas de ce dimanche soir avec la famille. Dorénavant, quoi qu’il arrive, la nouvelle génération dispose d’une boussole pour trier les menteurs et les bonimenteurs. »

Ne dérogeant pas à la règle, il a conclu en citant Victor Hugo, à l’occasion des 170 ans de la publication des Misérables : « Vous voulez les misérables secourus, nous voulons la misère supprimée. » En attendant, « on travaille déjà activement sur le second tour », confie-t-on dans son entourage. Comme une manière de forcer un peu le destin.

https://www.mediapart.fr/journal/fr...[QUOTIDIENNE]-20220403&M_BT=1489664863989

La Dépêche du Midi : À Toulouse, Jean-Luc Mélenchon se pose en écologiste et opposant n° 1 à Macron

https://www.ladepeche.fr/2022/04/03...

L’avenir de la planète est «  une source d’angoisse  » pour Martine, 58 ans, et c’est «  l’enjeu principal des années à venir  » pour son mari François, 60 ans, un couple d’enseignants venus de Castres assister au meeting de Jean-Luc Mélenchon, place du Capitole, à Toulouse, ce dimanche 3 avril après-midi, des enseignants qui ont aussi été sensibles aux salves «  sur la paupérisation de l’école  ». D’une heure de discours du leader des Insoumis, Tristan, 18 ans, étudiant dans la Ville rose, retient lui aussi la priorité donnée à l’écologie, ce qui coïncide bien avec ses convictions. «  Il a un programme très complet là-dessus. Plus que les écolos eux-mêmes  », jure le jeune homme qui avoue aussi sa volonté de voter «  contre Macron  ».

En meeting à Toulouse ce dimanche devant près de 20 000 personnes, le leader des Insoumis a mis l’accent sur l’écologie dans le but de siphonner les voix des Verts. Sans oublier Emmanuel Macron, sa cible n° 1.

L’avenir de la planète est «  une source d’angoisse  » pour Martine, 58 ans, et c’est «  l’enjeu principal des années à venir  » pour son mari François, 60 ans, un couple d’enseignants venus de Castres assister au meeting de Jean-Luc Mélenchon, place du Capitole, à Toulouse, ce dimanche 3 avril après-midi, des enseignants qui ont aussi été sensibles aux salves «  sur la paupérisation de l’école  ». D’une heure de discours du leader des Insoumis, Tristan, 18 ans, étudiant dans la Ville rose, retient lui aussi la priorité donnée à l’écologie, ce qui coïncide bien avec ses convictions. «  Il a un programme très complet là-dessus. Plus que les écolos eux-mêmes  », jure le jeune homme qui avoue aussi sa volonté de voter «  contre Macron  ».

Après Marseille il y a une semaine, et avant Lille mardi d’où il donnera ses meetings en hologramme, Jean-Luc Mélenchon a fait de Toulouse, qui l’a placé en tête des suffrages en 2017, son dernier grand événement de plein air. En 2012, au Capitole déjà, et en 2017 à la Prairie des filtres, son équipe avait annoncé 70 000 personnes. Cette campagne pareille a aucune autre bouscule la comparaison. Surtout, la vague de froid a failli contrarier la démonstration de force. La place ne s’est remplie qu’à la dernière minute mais elle s’est remplie quand même, tout juste, au grand soulagement des organisateurs qui ont compté un peu large avec 25 000 spectateurs (16 000, selon une source policière).

Et à Toulouse, Jean-Luc Mélenchon, arrivé la veille en train, comme le fait Yannick Jadot, le candidat Europe Ecologie les Verts, pour ses déplacements, a mis l’accent sur l’écologie. «  Je ne suis pas arrivé pendant cette campagne à un de mes buts  : je voulais centraliser la question de l’eau  », a-t-il avancé avant de se livrer à un long développement sur ce thème jusqu’à évoquer «  le renouvellement des canalisations  ». Et seule «  la planification  » pourra assurer le stockage quand «  le marché  », ici comme ailleurs, ne conduit qu’au «  chaos  ». Celui qui se dit «  vegan croyant mais pas pratiquant  » avait déjà égrainé un peu plus tôt ses intentions  : fin du glyphosate, lutte contre la malbouffe, interdiction des fermes-usines, sortie du nucléaire… «  Le bruit, le silence, la lumière  : tout est politique.  »

Jean-Luc Mélenchon écologiste à Toulouse, une ville qu’il voit donc plus rose et verte que rouge et Gillets jaunes «  fâchés  », ce n’est pas un hasard. Mais bien une volonté, avouée par son entourage, de siphonner encore chez ses voisins de gauche, notamment dans les 7 % des intentions de vote de Jadot. Le «  pauvre peuple  »

Le troisième homme de l’élection, qui a suivi le meeting d’Emmanuel Macron samedi, n’a pas oublié d’en faire sa cible n° 1. S’il tacle aussi Marine Le Pen et Eric Zemmour, il se place dans le duel de second tour dont il rêve avec le locataire de l’Elysée. Une cible qu’il se délecte de contredire et sur qui il fait tomber les rires de l’assistance. Macron  ? «  Un festival de feu d’artifice de bobards.  » Sur le taux de chômage, la désindustrialisation, le pouvoir d’achat, l’égalité femme-homme, l’école… «  Il se moque du monde  ». Et cela alors même que «  le pauvre peuple est en état d’urgence sociale  ». «  Il faut bloquer les prix  », scande l’homme en noir, reprenant une de ses priorités. Au peuple «  qui est tout  », il oppose «  la vision néolibérale qui anime M. Macron.  » Les ex-Zebda divisés

« On n’est pas obligé d’être d’accord sur tout mais contre le fascisme et l’intégrisme, y a pas d’arrangement. » Ce dimanche, à 13 h 30, juste avant le début du meeting place du Capitole, Mouss et Hakim, ex-chanteurs du groupe Zebda, sont montés sur scène pour quelques morceaux. A eux et aux autres intervenants qui ont ouvert l’événement, le rôle de dire « non » à l’extrême droite. Après « L’Âge d’or » de Léo Ferré, Mouss et Hakim ont entonné un chant anti-franquiste puis leur célèbre Motivés. Salah Amokrane, qui avait soutenu Benoît Hamon et son mouvement Génération. s, est monté sur scène alors que Génération. s est officiellement rangé aux côtés du candidat EELV Yannick Jadot. Les trois frères Amokrane avaient déjà exprimé leur position dans un appel en faveur de Mélenchon. « Le vote des quartiers populaires est une des clés de cette élection », a souligné Salah Amokrane. Arrivé vers 13 heures, Jean-Luc Mélenchon a été hébergé dans le Capitole où se trouvait sa loge. L’actuel locataire des lieux, le maire LR Jean-Luc Moudenc, est venu le saluer. Les deux hommes entretiennent des relations courtoises.

Jean-Noël Gros

Le Monde

https://www.lemonde.fr/election-pre...

Dimanche 3 avril, l’orage menaçait sur la place du Capitole, à Toulouse. Mais le tribun, qui pense que « le vote est plus ouvert qu’on ne veut bien le dire », a mis tout son talent oratoire au service de cette dernière bataille : écarter la fatalité d’un second tour Macron-Le Pen. Comme en 2012 et en 2017, le candidat de l’Union populaire a entamé le dernier sprint de la campagne présidentielle dans la Ville rose, « terre de gauche et des républicains espagnols » et dernière étape de campagne de François Mitterrand en 1981. En 2017, ils étaient plus de 50 000 sur la prairie des Filtres, en bord de Garonne, pour l’entendre.

Cette année-là, à Toulouse, M. Mélenchon avait devancé au premier tour Emmanuel Macron, avec un score de 29,16 % contre 27,27 %, loin devant Marine Le Pen et ses 9,37 %.

Devant environ 20 000 personnes, sur une scène chauffée par Mouss et Hakim, les anciens chanteurs du groupe toulousain Zebda, M. Mélenchon, pour sa troisième candidature, a commencé son discours, solennel : « Nous avons de la chance, nous autres, Français, d’avoir une élection décisive, même si, à certains égards, absurde, puisqu’elle confie autant de pouvoir à un seul homme. Mais l’occasion se présente », a-t-il dit. L’occasion de « réformer ce pays de fond en comble dans un contexte mondial de crise ».

Sur fond de scandale McKinsey, le député des Bouches-du-Rhône s’est posé en homme d’Etat, mais un Etat aux antipodes de celui du président sortant. « Il est dommage qu’on ait le même mot pour désigner une chose que nous voyons complètement différemment. » Saluant la fidélité des fonctionnaires, l’ancien sénateur socialiste a stigmatisé un bilan de « hausse du chômage, de désindustrialisation, baisse du pouvoir d’achat pour plus de 9 millions de pauvres, suppression de 17 000 lits d’hôpital ». Partisan de rétablir partout le statut de la fonction publique, d’« arrêter la hideuse décomposition de l’Etat », mais aussi d’amnistier tous les « gilets jaunes », Jean-Luc Mélenchon assume de s’inspirer des « anarchistes pour dénoncer un Etat qui est une machine à réprimer, détruit par les libéraux et illustré par l’affaire McKinsey ». Pour sa part, il souhaite l’ouverture d’une enquête préliminaire contre le cabinet.

« Le danger d’une grande éclipse de débat »

La semaine précédente, son directeur de campagne, Manuel Bompard, natif de Toulouse, confiait au Monde qu’« il ne fa[llait] pas comparer avec les campagnes précédentes. On s’aperçoit qu’une personne sur trois ne connaît même pas la date du premier tour, regrettait-il. L’objectif, c’est de mobiliser, notamment dans les quartiers populaires, et évidemment battre Le Pen ».

Midi Libre

https://www.midilibre.fr/2022/04/03...

En meeting à Toulouse, le candidat de La France Insoumise a qualifié Emmanuel Macron de "libéral". Il lui reproche notamment d’avoir "fait entrer le privé dans l’État", en faisant directement référence aux cabinets de conseil, et plus particulièrement le cabinet McKinsey.

Jean-Luc Mélenchon a multiplié les attaques envers l’actuel Président, et notamment sur le pouvoir d’achat : "Il a dit que le pouvoir d’achat a augmenté d’une façon historique : c’est faux bien sûr, le premier trimestre 2022 est le record de baisse du pouvoir d’achat depuis 10 ans, et sans doute n’a-t-il pas été à la pompe depuis longtemps."

Mais également sur les questions de santé, qui sont devenues prioritaires dans le pays depuis que les failles de notre système ont été mises en lumière par la crise du Covid : "Je suis fier, dit Macron, d’avoir décidé des investissements historiques pour l’hôpital… Cet homme a supprimé 17 000 lits d’hôpitaux pendant son quinquennat."


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message