Olivier Faure (PS) à Mélenchon : « Il faut passer par-dessus les rancœurs qui existent »

lundi 18 avril 2022.
 

Le premier secrétaire du PS tend la main aux insoumis pour un « rassemblement » de la gauche en vue des législatives. Il critique aussi l’attitude récente de François Hollande, dont le rôle, selon lui, doit être celui d’un « passeur » et non d’un « empêcheur ».

Olivier Faure interroge souvent  : « Vous avez l’impression que je m’amuse depuis quatre ans  ? » Façon de dire qu’il ne veut pas rester à la tête du Parti socialiste (PS) par plaisir mais par devoir. En mars, sentant venir le pire score de l’histoire du PS, il nous disait  : « Pour reconstruire, il faut une victoire ou un échec suffisamment fort pour se remettre en question. Après la présidentielle, quand on aura touché le fond, ce sera le moment de le faire. Je ferai tout pour, j’espère qu’on me laissera faire. »

Depuis son élection à la tête du PS, le député de Seine-et-Marne promet que la survie du parti passera par sa capacité à s’ouvrir. Anne Hidalgo a fait le chemin inverse, se refermant progressivement sur une ligne d’identité socialiste et écartant en même temps Olivier Faure. Pour lui, ses 1,7% montrent qu’il avait raison. Mais il doit faire avec une nouvelle donne  : à 22% au premier tour, Mélenchon s’est imposé à gauche. Celui que les socialistes ont tant attaqué pendant la campagne, soulignant à gros traits les différences.

Les écologistes et les communistes, qui discutaient des législatives avec les socialistes, préfèrent désormais envoyer des courriers et lancer des appels aux insoumis. Le patron du PS espère qu’il ne sera pas exclu de l’accord que les trois autres camps tentent d’écrire. Il en va de la survie du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, il doit donc mettre en pratique ce qu’il prône  : l’humilité des socialistes, plus que jamais éprouvée par l’attitude des insoumis, qui proposent à EE-LV et au PCF un accord sur la base de leur programme et de leurs résultats à la présidentielle. Une base de négociation difficile, qui n’a même pas été proposée au PS. A travers cet entretien, Faure tente donc de tendre la main. Mais pas la joue.

Dimanche soir, la candidate du PS a recueilli moins de 2% des voix. Comment vous expliquez ce score  ?

La campagne n’a jamais pris. La confrontation entre les candidats et les projets n’a pas eu lieu avec un Président qui est arrivé tard, sans accepter le débat. Les sondages ont eu un effet autoréalisateur. La division de la gauche a fait le reste. Socialistes et écologistes, qui totalisaient entre 18 et 20% des sondés en octobre, sont progressivement devenus des votes inutiles. C’est un grand gâchis et un rendez-vous raté.

Il n’y a pas de responsabilité de la candidate  ?

Anne Hidalgo s’est battue avec détermination et courage. Je ne suis pas d’humeur aux règlements de comptes, ni à la désignation de boucs émissaires.

Jean-Luc Mélenchon, lui, a fait 22 %. Il est hégémonique aujourd’hui à gauche  ?

Il a mené une belle campagne. Il a convaincu une large part de l’opinion de la pertinence de son projet et il a su capter le « vote utile » des Français qui voulaient à la fois éviter un deuxième tour dont la gauche serait absente et où l’extrême droite risquait d’être trop présente. Mais personne n’est propriétaire de ses voix. Depuis cinq ans, chacun croit conquérir tour à tour un leadership qui change de main à chaque scrutin.

Au-delà du vote utile, son score ne signifie-t-il pas qu’une page du réformisme se tourne et que l’aspiration à plus de radicalité a pris le pas  ?

Il y a incontestablement une part de l’électorat qui est en recherche de radicalité mais ce n’est pas incompatible avec la réforme. Les congés payés, la réduction du temps de travail, la Sécurité sociale, le revenu minimum, c’étaient quoi, sinon des réformes radicales  ?

Dès dimanche soir vous avez appelé à l’ouverture du PS pour sa survie, en passant un accord dès les législatives. Les insoumis sont maintenant au centre du jeu. Vous voulez faire partie de leur rassemblement  ?

Prenons d’abord un peu de recul. Nous ne vivons pas sur une île déserte où seules coexistent les gauches. L’extrême droite n’a jamais été à un niveau aussi élevé et le président sortant consolide son socle. En dépit du résultat de Jean-Luc Mélenchon, la gauche a de nouveau échoué aux portes du second tour. Alors que fait-on  ? Stop ou encore  ? Au soir du premier tour, j’ai appelé à un pacte pour la justice sociale et écologique, sans exclusive. Ça veut dire que je suis partisan d’un dialogue respectueux des identités et des projets de chacun. La gauche a toujours été plurielle. Chaque fois qu’elle a su valoriser ses combats communs, par préférence à l’exacerbation caricaturale de ses désaccords, elle l’a emporté. Dans les collectivités locales nous dirigeons ensemble. Aux insoumis qui sont arrivés en tête d’assumer cette position en recherchant le rassemblement le plus large.

Jeudi, ils ont écrit aux communistes, aux écolos, mais aussi au NPA. Pas à vous. Comment vous le prenez  ?

La campagne présidentielle a laissé des traces. Mais à moins d’accepter l’idée que la gauche n’ait qu’une vocation minoritaire, il n’est pas possible de refuser la discussion avec la formation de gauche qui dispose du plus fort maillage territorial. En 2017, Jean-Luc Mélenchon a déjà fait un score comparable. Il n’a pas cherché à rassembler. Nous nous sommes concurrencés dans tous les territoires. Résultat : une poignée de députés de gauche à l’Assemblée.


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