Après Zemmour au 1er tour, Le Pen au 2ème, battons Macron au 3ème : les Législatives

samedi 30 avril 2022.
 

20h : Les résultats du 2ème tour viennent de tomber : 58,2% pour Macron, 41,8% pour Le Pen. Je prends deux minutes pour publier sur notre site quelques premiers constats.

Le premier va de soi : jamais, jamais les deux candidats de second tour n’ont aussi peu intéressé les Français. Abstention énorme. Un seul record : celui des votes blancs et nuls. Les sondages "sortie des urnes" confirment le manque d’adhésion aux candidats. 42% des électeurs Macron l’ont seulement choisi pour faire barrage à l’extrême droite ; 46% des électeurs Le Pen ont seulement utilisé son bulletin par opposition à Macron.

1) Un 2ème tour de comédie sans intérêt

La campagne honteuse de nombreux médias et instituts de sondage pour amener l’électorat du pays à ce duel de 2ème tour Macron Le Pen, a reçu, ce dimanche 24 avril 2022, la réponse qu’elle méritait : la pire abstention de tous les temps (28%).

Ergoter sur l’abstention de 1969 (31%) n’a aucun sens car à l’époque le PCF (21,27% au premier tour) comme l’essentiel de la gauche avaient appelé à l’abstention considérant que Poher ou Pompidou, c’était blanc bonnet et bonnet blanc.

Ajoutons qu’en 1969, le pourcentage de votes blancs ou nuls était très faible (1,29%) alors qu’il est bien plus important en 2022 : 6,35% des votants ont déposé un bulletin blanc. 2,25% se sont exprimés par un bulletin nul. Enorme.

Sur 48,7 millions d’inscrits, près de quatorze millions de citoyennes et citoyens ont snobé les urnes, soit plus que le total des voix accordées à Marine Le Pen et à quelque 5 millions de celles accordées à Emmanuel Macron.

Depuis le début des émissions Spéciales présidentielles ce 24 avril, bien des journalistes font triste mine : Ce deuxième tour raté après un débat raté n’aidera à faire souffler un vent de mobilisation pour les législatives ni parmi les macronistes, ni parmi les lepénistes.

2) Macron affaibli comme président

Ce soir, Emmanuel Macron est en fait le président le plus mal élu de la 5ème république avec seulement 38% des inscrits. En 2017, il avait rassemblé 20743128 suffrages sur son nom ; en 2022, le total des bulletins Macron tombe à 18 779 641. Et sur ces 18 millions, 42% l’ont seulement choisi pour faire barrage à l’extrême droite.

Il sort donc affaibli de son quinquennat et de la nouvelle présidentielle.

Avec le soutien, dès le premier tour, de nombreux dirigeants historiques du parti socialiste (Badinter, Touraine, Guigou, Valls, Rebsamen etc), de la gauche (Chevènement, Hue...), du centre droit (Bayrou...), et de la droite classique, il n’obtient que 58,2% des exprimés soit en nombre de voix un score inférieur à celui de 2017 .

Dans ces conditions, si Macron veut faire passer ses attaques contre les couches populaires comme la retraite à 65 ans, la bataille sera terrible et il ne l’a pas gagnée d’avance.

3) Le Pen à 41,8%

C’est une défaite pour l’extrême droite et les fascistes, une très bonne chose d’actée.

Ceci dit, elle progresse en voix sur 2017, passant de 10638475 à 13 297 760. Emmanuel Macron ne constitue pas un barrage face à l’extrême droite. Au contraire, il lui prépare la voie par sa pratique autoritaire et policière du pouvoir, par ses choix profondément contraires aux intérêts des couches populaires.

Dans le climat actuel d’exaspération sociale, la gauche réunie autour de l’Union populaire devra faire preuve d’un grand souci d’unité, de combativité, de clarté et d’efficacité sur notre programme et face aux attaques d’Emmanuel Macron pour que l’extrême droite ne soit pas bientôt encore plus forte.

4) L’électorat Mélenchon du 1er tour

Comme prévu, il s’est orienté pour le second :

- vers l’abstention pour bien marquer à Emmanuel Macron que son premier quinquennat nous était resté en travers de la gorge

- vers Macron pour éviter l’arrivée au pouvoir de fascistes mais sans aucun soutien à la politique de Jupiter Mc Kinsey

- vers le vote blanc ou nul

- un peu vers Marine Le Pen pour des milieux en grande souffrance sociale comme j’en connais.

A l’heure actuelle, Jean-Luc Mélenchon apparaît comme un fanal sans lequel la gauche aurait sombré.

Jacques Serieys à 8h05

5) Ajout dans la soirée

L’ambiance de cette victoire macroniste mérite d’être analysée.

Je n’ai jamais vu une soirée d’élection présidentielle aussi triste. Le rassemblement au Champ de Mars est presque vide. Les notes de l’Hymne à la joie résonnent faux lors de l’arrivée du président réélu.

Les représentants de la majorité présidentielle sur les chaînes télé paraissent même angoissés par les difficultés qui les attendent.

Emmanuel Macron a-t-il conscience de la désaffection dont il est l’objet ? Il semble que oui dans ses paroles au Champ de Mars « Je pense à tous nos compatriotes qui se sont abstenus, leur silence a signifié un refus de choisir auquel nous nous devrons aussi répondre... Le vote de ce jour nous impose de considérer les difficultés des vies vécues et de répondre aux colères qui se sont exprimées. » Qu’en sera-t-il dans la réalité ? Je doute beaucoup de sa sincérité.


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