Platon, l’économie mercantile et les factions politiques constituées

jeudi 20 septembre 2012.
 

Dans le tome 8 de son dernier et plus long ouvrage "Les lois", le philosophe grec Platon donne son avis sur "l’économie mercantile" et les formes de gouvernement.

« L’amour des richesses... ne laisse à personne le loisir de s’occuper d’autre chose que de sa propre fortune, de sorte que l’âme de chaque citoyen étant suspendue tout entière à cet objet ne peut penser qu’au gain de chaque jour. Ils sont donc tous très disposés à apprendre et à cultiver en leur particulier toute science, tout exercice qui peut les enrichir, et ils se moquent de tout le reste. C’est là une des raisons qui font qu’on ne montre nulle part aucune ardeur pour les exercices dont j’ai parlé, ni pour aucun autre exercice honnête, tandis que, pour satisfaire le désir insatiable de l’or et de l’argent, on embrasse volontiers tous les métiers, tous les moyens, sans prendre garde s’ils sont honnêtes ou non, pourvu qu’ils nous enrichissent ; et qu’on se porte sans répugnance à toute action légitime ou impie, même aux plus infâmes, dès qu’elles nous procurent, comme aux bêtes, l’avantage de manger et de boire autant qu’il nous plaît, et de nous plonger dans les plaisirs de l’amour...

Démocratie, oligarchie et tyrannie... ne sont point des gouvernements, mais des factions constituées. L’autorité n y est point exercée de gré à gré ; le pouvoir seul est volontaire, et l’obéissance est toujours forcée. Les chefs vivant toujours dans la défiance à l’égard de ceux qu’ils commandent, ne souffrent qu’avec peine en eux la vertu, les richesses, la force, le courage, et surtout le talent militaire. Ce sont là, à peu de chose près, les deux causes principales de tous les maux des états et certainement de celui dont il s’agit Or, la république pour laquelle nous dressons des lois, n’est sujette ni à l’un ni à l’autre de ces inconvénients ; les citoyens y vivent dans le plus grand loisir, y jouissent de leur liberté respective, et je ne pense pas que nos lois puissent jamais leur inspirer la passion des richesses. Ainsi nous pouvons dire, avec beaucoup de vraisemblance et de raison, que de tous les gouvernements d’aujourd’hui, le nôtre est le seul qui puisse admettre le genre d’éducation et les jeux militaires que nous venons de prescrire. »

Histoire générale du socialisme (Max Beer, SPD)

A Sparte, la lutte des classes fut écartée pour plusieurs siècles. A Athènes, par contre, elle sévit avec une violence qui alla sans cesse en s’aggravant. C’est elle qui donna naissance au plus grand philosophe social de l’antiquité : Platon (427-347). C’est également à Athènes que furent élaborées pour la 1ère fois une théorie du communisme et la théorie du droit naturel. A Rome, les luttes sociales n’exercèrent pas une influence révolutionnaire profonde sur la vie intellectuelle. D’ailleurs, les Romains n’étaient pas un peuple intellectuel. Ils ne firent rien pour le développement de la religion, de la philosophie et des idées sociales. Les romains semblent avoir consacré toutes leurs capacités intellectuelles à la guerre et à la soumission des peuples étrangers ainsi qu’à l’élaboration du droit privé. Dans l’histoire du développement intellectuel de l’humanité, les Romains occupent (exception faite du droit), une place tout à fait restreinte.

Ce qui apparaît dès le début, quand on étudie l’antiquité, c’est l’absence complète de machines et d’instruments perfectionnés. Nous trouvons à leur place des masses considérables d’esclaves. Au début, c’étaient des citoyens réduits en esclavage pour cause d’endettement. Puis, des prisonniers de guerre, indigènes soumis ou volés par des marchands d’esclaves et qui étaient soumis à l’exploitation la plus éhontée. Chez les Juifs, il y avait très peu d’esclaves.

Pendant de nombreux siècles, l’Etat ne s’étendit pas au-delà des limites d’une simple ville et de sa banlieue immédiate. Les plus célèbres furent Athènes, Sparte, Rome. C’étaient de petits territoires habités par une population qui ne comptait pas plus de 40000 citoyens libres environ. La Grèce et l’Italie en comprenaient un certain nombre. Soit à la suite de guerres, soit à la suite de traités d’alliance, ils finirent par se grouper en un seul grand Etat. Chaque citoyen libre était en même temps soldat. Les travaux matériels étaient rejetés sur les esclaves...

Les Romains développèrent également plus tard le féodalisme et le servage, lorsque le travail des esclaves se fut révélé non-rentable ou impolitique.

Théorie du communisme primitif : état de nature et droit naturel

Dans son livre intitulé Des Lois, Platon écrit ce qui suit sur les hommes de la société primitive :

« Dans ces conditions, ils n’étaient pas extrêmement pauvres et n’étaient pas contraints par la misère.. Mais on ne pouvait pas non plus devenir riche, car on ne possédait à cette époque ni or, ni argent. Mais s’il n’existe dans une société ni richesse, ni pauvreté, il est extrêmement probable que les moeurs les plus nobles doivent y régner. Car il n’existe ni arrogance, ni injustice, ni jalousie, ni envie. C’étaient, par conséquent, des hommes très bons - étant donné la simplicité de leurs conditions de vie... Certes, les générations qui menèrent une telle existence étaient moins expérimentées et moins adroites dans tous les arts et industries que la génération actuelle... Par contre, on était dans ces temps-là meilleur et plus brave, plus doux et plus juste sous tous les rapports... Ces hommes n’avaient pas besoin de lois. Il n’existait pas non plus d’écriture à cette époque. Les hommes se dirigeaient dans la vie selon les habitudes et les coutumes traditionnelles. »

Cette doctrine de l’état de nature basé sur l’égalité fut perfectionné dans la suite, en particulier par Aristote, précepteur d’Alexandre le Grand Le droit de disposition du maître sur l’esclave est contraire à la nature ; la différence entre hommes libres et esclaves ne provient que des lois humaines et non de la nature ; comme cela signifie une intervention dans l’ordre de la nature, c’est une injustice. (Aristote, Politique)

Les deux citations de Platon et d’Aristote contiennent déjà une bonne partie de la théorie du droit naturel. Mais c’est aux stoïciens (3ème siècle avant Jésus-Christ), que cette théorie doit son développement et son extension. Le fondateur de l’école stoïcienne fut Zénon, qui enseigna vers l’année 300. Les doctrines de cette école... pages 28 et 29 Tome 1


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