Août au mois de mai

lundi 16 mai 2022.
 

J’ai commencé ma campagne ministérielle sur ce thème. J’avais prévenu. Dimanche encore j’y suis revenu en média. Nous avons fait de la crise de l’eau l’un des thèmes centraux de la campagne de l’Union populaire. Un meeting en « réalité augmenté » y a même été consacré. Pourquoi ? Car l’eau rend l’écologie politique concrète. Sans eau : plus de nourriture, plus d’énergie, plus d’industrie, plus de vie. J’avais répercuté l’alerte de l’ONU quand elle a déclaré il y a quelques mois : la sécheresse sera la prochaine pandémie mondiale. Concrètement, d’ici 2030, la moitié de l’humanité vivra dans des régions en stress hydrique. Peu ont pris cette alerte au sérieux.

Les habitants des Outre-mer savent bien ce que cela signifie. La Réunion a subi une sécheresse majeure en 2020. Aux Antilles, la moitié de l’eau part en fuites dans le réseau. Partout, les coupures d’eau sont devenues le quotidien, jusqu’à empêcher le bon fonctionnement des écoles et des hôpitaux. Trop souvent, on imagine que le sort des ultra-marins est un « cas à part » exotique en grand. Au contraire, cela préfigure sous forme de loupe grossissante le futur de l’hexagone.

Le futur nous y sommes. Une fois n’est pas coutume, les médias oublient les Outre-mer. Mais la question posée au micro d’une matinale bien connue n’est pas anodine : « Faut-il craindre en France des ruptures d’alimentation en eau potable ? » La réponse de l’hydrologue Emma Haziza est sans équivoque : « Ça paraissait il y a encore cinq ans un scénario de science-fiction. Mais avec les sécheresses, on a de plus en plus de territoires alimentés par des camions-citernes. »

Il y a de quoi s’inquiéter. Désormais, 15 départements de l’hexagone sont placés en alerte sécheresse. 2 d’entre eux sont déjà arrivés au niveau « Crise » : les Bouches-du-Rhône, mais aussi le Loiret, région peu connue pour être désertique. Les restrictions d’eau se multiplient. La sécurité civile affronte ses premiers incendies en Bretagne. Le cycle de l’eau perturbé par le changement climatique devient concret. C’est août au mois de mai.

Le pire reste à venir. En effet, on attend dans les prochains jours des pics de chaleurs supérieurs de 9°C aux normales de saison. Cela va assécher encore un peu plus des sols déjà arides. Depuis septembre dernier, il a plu 20% de moins que la moyenne des années passées. Mécaniquement, les deux-tiers des nappes phréatiques ont d’ores et déjà un niveau inférieur à la normale.

Le manque d’eau risque d’avoir des conséquences majeures dans des pans entiers de l’économie. En effet, la sécheresse frappe les bassins de production de blé, de maïs, mais aussi de fourrage pour les bêtes. Les experts sont pour l’heure incapables de faire une évaluation précise, mais ils ont une certitude : cela aura un impact sur la production.

Or, la guerre en Ukraine pèse déjà sur les approvisionnements en céréales de pays méditerranéens très dépendants et eux-mêmes frappés par la sécheresse. Si les prochaines récoltes françaises sont mauvaises, c’est en toute hypothèse de mauvais augure pour la région toute entière. Une conférence méditerranéenne sur la gestion des stocks et des approvisionnements devient urgente.

Un autre secteur risque de pâtir de la sécheresse. Je veux dire ici un mot du nucléaire. En effet, 27 réacteurs sont déjà à l’arrêt pour cause de maintenance ou de corrosion. C’est-à-dire la moitié du parc. Les fortes chaleurs et la baisse du débit des fleuves va nuire au bon fonctionnement des réacteurs restants. On ne refroidit pas une centrale avec de l’eau chaude. On réchauffe la rivière en pompant pour refroidir, en rejetant de l’eau plus chaude et en diminuant le débit. Il y a par exemple 4 centrales dans la vallée du Rhône. Or, plusieurs de ses départements sont déjà placés en alerte sécheresse. La sécurité d’approvisionnement est là aussi menacée. Le nucléaire est sensible à la détresse hydrique. Il est temps d’y penser.

Ce qui se déroule sous nos yeux n’est qu’un aperçu de la nouvelle donne climatique. Je le redis : nous devons nous adapter d’urgence. Cela suppose une bifurcation de nos modes de production et de consommation. L’inaction de Macron nous a mis au pied du mur de la crise de l’eau. Avec la Nouvelle Union populaire, les premiers mètres cubes d’eau seront gratuits, les gaspillages et mésusages empêchés et les canalisations rénovées. C’est clair ? C’est aussi le sens du bulletin de vote des 12 et 19 juin.


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