Gérard Miller « Macron n’avait pas prévu l’accord de la gauche : profitons-en ! »

jeudi 26 mai 2022.
 

Nouveau quinquennat, nouvelle Première ministre, l’accord de la NUPES qui réunifie la gauche : le psychanalyste et éditorialiste Gérard Miller est l’invité de #LaMidinale.

Sur la nomination d’Elisabeth Borne

« Je me dis qu’Emmanuel Macron a été chercher dans son vivier. Vraisemblablement Macron a choisi quelqu’une qui le ferait le moins d’ombre possible, si ce n’est qu’il y a encore du soleil à l’Élysée. La thèse du Président est ‘je ne veux voir qu’une tête : la mienne’. Donc quand je regarde Borne, c’est un peu comme quand on va au musée Grévin, où il y a des pièces un peu mystérieuses où on voit apparaitre des fantômes. Quand je vois Borne, je vois E.Macron. Donc je serai pour qu’on l’appelle Elisabeth Borne-Macron. »

« Aujourd’hui, il y a une vraie dépolitisation. Elisabeth Borne est une technocrate, quelqu’une qui a un point de vue technique. Le Président a non seulement décidé qu’on ne lui fasse pas d’ombre, mais en plus il ne faut pas faire de politique. »

« Cette expression ‘venir de la gauche’, je la trouve irrésistible : quand vous menez une politique de droite pendant des années, on peut considérer que vous venez de gauche mais que vous êtes maintenant de droite. »

« C’est une première ministre de la continuité, mais j’irais même plus loin : selon moi, c’est Castex puissance 10. Castex a fait très peu de politique, Madame Borne c’est encore pire si j’ose dire, car je crois vraiment aux vertus de la politique. »

Sur l’urgence écologique dans le quinquennat à venir

« Un jour où l’on posait à Jacques Lacan, l’une des très célèbres questions de Kant : qu’est ce qui est permis d’espérer. Lacan répondait : espérer ce que vous voulez. Donc je ne vais pas désespérer les gens, mais je crois pour le coup qu’il n’y a strictement rien à espérer de ce quinquennat. Je crois aux logiques politiques. Et, le Président de la République a une logique qui donne très peu de marge de manœuvre à son action. Il a beaucoup de pouvoir et très peu de marge de manœuvre. »

« Il n’y a rien à espérer, sauf si, Madame Borne devient la Première Ministre avec la moins forte longévité de la Vème République. Si en effet elle n’a pas le temps de mettre à profit son poste pour réaliser les dégâts que j’imagine qu’elle fera. »

Sur la Nupes

« Cette Nupes est un événement majeur de la Vème république. Ce qui était impossible avant, devenu possible après, nous confronte tous à quelque chose sur quoi nous n’aurions pas parié 10 centimes. Cela bouleverse la donne. Si on aime qu’il y ait de la surprise et du mouvement : c’est de ce côté que cela se passe. »

« La rapidité avec laquelle cela s’est passé, nous donne le sentiment qu’il se passe quelque chose, disons de prometteur. »

Sur la composante sociale-démocrate de la Nupes

« Avant Mitterrand, au début des années 70, les socialistes ont souvent été infréquentables dans leur histoire. Quand j’étais jeune étudiant, nous crions contre Jules Moch : matraqueur des ouvriers. C’était un ministre comparable à Castaner. Il y avait avant Mitterrand des socialistes de droite. »

« Mitterrand a réussi à mettre de côté cette histoire-là, mais chassez le naturel, il revient au galop. Grâce à Hollande et Valls, les socialistes ont redécouvert quelque chose qui était en eux, c’est à dire de se situer pas très loin des hommes de droite »

« Ce que fait Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui, c’est qu’il permet à un certain nombre de socialistes de retrouver ce qu’il y a de meilleur dans les socialistes, c’est-à-dire de retrouver une dimension de gauche. »

« Mitterrand avait réussi, notamment avec l’alliance avec les communistes, à insister un tant soit peu sur leur côté de gauche, même si on peut dire que cela s’est relativement effacé avec les années durant son septennat. »

« J’ai toujours voté socialiste au deuxième tour. Mais je votais toujours au premier tour plus à gauche que les socialistes. »

« Aujourd’hui, je me considère évidemment plus à gauche que les socialistes mais aussi plus à gauche que la NUPES. Ça me fait sourire lorsque l’on me dit que la NUPES, c’est l’extrême gauche. »

« Je trouve particulièrement intéressant d’avoir des socialistes dans l’alliance : l’histoire de la gauche s’est faite avec des gens qui ne se ressemblaient pas, voire qui s’étaient détestés tout un temps. »

« La dynamique n’aurait pas été la même s’il n’y avait pas eu les socialistes. »

Sur la dissymétrie dans l’union de la gauche

« Lorsque le Parti socialiste se crée en 1971 et lorsque Georges Marchais arrive à la tête du Parti communiste en 1972, les communistes pèsent 20% et près de 5 millions d’électeurs, soit l’étiage de leur meilleur score à la libération. »


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