Hôpital : L’été 2022 sera chaud…

lundi 30 mai 2022.
 

Les mois d’été sont toujours synonymes de difficultés dans le monde de la santé, en particulier à l’hôpital. Une partie du personnel prend, tour à tour, des congés nécessaires et mérités. Pourtant les services d’urgences ne désemplissent pas, surtout dans les régions touristiques. L’hôpital tourne au ralenti mais les soignants assurent toujours la continuité des soins.

Cette année ne sera pas comme les autres. Si le plus gros de la pandémie semble derrière nous, le crack sanitaire est encore devant car notre système de santé implose littéralement sous nos yeux. Actuellement, une centaine de services d’urgences sont fermés, partiellement ou complètement, faute de personnels. La situation, totalement inédite, s’aggrave chaque jour. De même, des lignes de SMUR, des maternités, des blocs opératoires, des services ferment, au moins temporairement, pour les mêmes raisons.

Cette situation était prévisible. Voilà deux décennies que les soignants alertent de la dégradation de leurs conditions de travail alors que le paramètre budgétaire est devenu prioritaire sur tout autre considération. Le cadre contraint de l’ONDAM (Objectif National de Dépense de l’Assurance Maladie) impose au système de santé une cure d’austérité qui aggrave la situation année après année. La volonté délirante de vouloir faire des hôpitaux des entreprises rentables en les « modernisant » avec des objectifs de « performance » a conduit à un sous-effectif chronique et à une « gestion des lits en flux tendus ». Le soin des personnes est remplacé par des actes techniques dont les cadences ne cessent d’accélérer, vidant les métiers du soin de leur sens. Ce taylorisme de la santé a installé une maltraitance institutionnelle des patients comme des soignants, brisant les corps comme les esprits. Enfin les réformes « de la nouvelle gouvernance » ont donné les pleins pouvoirs aux directeurs d’hôpitaux pour imposer par la force cette organisation industrielle du soin, au détriment du projet médical.

Après s’être longtemps battus, seuls, pour conserver un système de santé de qualité, le désespoir gagne les rangs des soignants. Les applaudissements et les promesses d’un autre système sont loin derrière. Les manifestations de soignants réprimées violemment et le SEGUR de la Santé ont fini d’achever les derniers espoirs de voir un changement radical se produire. Aujourd’hui les soignants s’en vont silencieusement. Demain, lorsque l’été sera chaud, nous compterons les morts.

Le ministre de la Santé de la NUPES devra envoyer un signal très fort dès son arrivée pour arrêter l’hémorragie…

Docteur Khelfaou Karim


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