Portrait : Michel Larive, député insoumis de l’Ariège

mardi 31 mai 2022.
 

Michel Larive, député de la 2ème circonscription de l’Ariège, est candidat à sa succession. Il nous a accueillis dans son local à Pamiers pour un entretien ce mardi, avant de nous emmener à la réunion publique qu’il organisait à Dun. On a parlé culture, diplomatie, services publics et éducation populaire, entre autres. Pour l’insoumission, il est revenu sur son parcours, ses cinq années à l’Assemblée nationale à tenir la tranchée avec les autres députés insoumis et sur les combats qu’il lui reste à mener. Neuvième épisode de notre tour de France des campagnes insoumises. Portrait.

« Altermondialiste avant l’heure », l’engagement politique de Michel Larive commence très tôt

Les vies de Michel Larive sont multiples. Quel métier n’a-t-il pas fait ? Attaché technico-commercial, comédien, président d’un festival de théâtre, formateur en insertion, gérant d’une société qui fabriquait des parapentes et des vêtements de pilotage, gérant aussi d’une école de pilotage, professeur de mathématiques et de physique-chimie… « Pas mal de choses… » chuchote-t-il en souriant.

Des vies multiples qui ne l’ont pas empêchées de s’engager politiquement : « J’ai toujours été impliqué politiquement, à gauche bien sûr ! ». Son engagement politique commence très tôt. Michel Larive se décrit comme un « altermondialiste avant l’heure. » À leur création en 1984, il s’engage chez Les Verts, parti disparu en 2010 pour donner naissance à EELV. Il les a très vite quittés quand ils lui ont expliqué la possibilité d’un « capitalisme vert ». Il rit.

La campagne du référendum de 2005 est déterminante dans son engagement politique. « En 2005, je défendais le ‘non’ au référendum. J’ai entendu Jean-Luc. Je me suis dit qu’il avait des choses plus intéressantes à dire que les autres. Il suffirait qu’il soit un peu plus écolo et ce serait pas mal. Et il l’est devenu ! En 2008, j’étais aux débuts du Parti de gauche.

Michel Larive s’est présenté à presque toutes les élections depuis 1995. « Mon engagement politique ne date pas d’hier ! », s’exclame-t-il. Candidat aux élections municipales de 1995 à Saint-Girons, candidat aux élections cantonales de 2001, sans étiquette, mais soutenu par Les Verts, élu au Conseil municipal d’Arrout suite aux élections municipales de 2008, candidat du Front de Gauche en Ariège pour les élections législatives de 2012, et finalement élu député LFI en 2017 dans la 2ème circonscription d’Ariège.

Un moment marquant ? Un combat auquel il pense en premier ? « Mes plus belles victoires, elles sont humaines », nous explique-t-il. « Quand j’ai pu sauver des gens qui fuient leur pays parce qu’il est en guerre ou parce qu’ils crèvent la faim, faire sauter des OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français). Ces gens-là arrivent aujourd’hui à dormir sans peur, tranquillement. Ça, ce sont mes plus belles victoires, mes victoires humaines. »

La culture, « un antidote absolu à l’obscurantisme et un moyen d’élévation des sociétés »

Président du festival des Théâtrales en Couserans, co-fondateur de l’Agence de développement de l’économie culturelle en Couserans, comédien… Michel Larive insiste auprès de nous sur son parcours dans le monde de la culture, parallèle à son parcours politique. Celui-ci lui confère une connaissance certaine du milieu artistique et culturel, qu’il a ardemment défendu durant ses cinq années dans l’hémicycle.

La culture ? Miche Larive peut en parler pendant des heures. Pendant cinq ans, il la défend à l’Assemblée nationale. En 2020, il publie Res-cultura Res-Publica, un manifeste pour une politique culturelle qui explique notamment comment la culture s’inscrit dans la République. Pour lui, la culture est avant tout « un antidote absolu à l’obscurantisme et un moyen d’élévation des sociétés, un fait républicain. » « Il n’y a pas d’industrie culturelle, il y a des industries des supports culturelles », complète-t-il.

Il n’hésite pas à tacler Roselyne Bachelot, aujourd’hui exe-ministre de la Culture et présentée à l’époque comme une prise de guerre par Emmanuel Macron. « Quand je regarde Bachelot, je me dis que je peux être ministre de la Culture. Elle n’a rien fait ! Pour être ministre de la culture, ça ne sert à rien de connaître par cœur le répertoire français du théâtre. Ce qu’il faut connaitre, c’est les gens, c’est comment la culture est construite et comment tu fais pour qu’elle devienne éminemment républicaine. Comment tu fais pour que, d’un commun culturel, tu passes à une culture en commun ? »

Dans l’hémicycle, Michel Larive est la locomotive insoumise sur toutes les questions liées à la culture. On peut citer trois propositions de lois (PPL), qui témoignent de son combat dans ce domaine. Une PPL « instaurant un domaine public commun afin de lutter conte la précarité des professionnels des arts et de la culture », une PPL « visant à la création d’un centre national des artistes-auteurs », une PPL « visant à l’institution d’un fond de soutien à la création artistique »… Dans l’exposé des motifs de la première PPL, il cite Isaac Le Chapelier qui dénonçait, concernant l’accès aux arts et à la culture, « une administration vicieuse […] dont l’unique système semble être de blesser les droits de tous pour servir quelques intérêts particuliers ».

Un député aux combats internationaux

On compte de nombreuses photos dans le local de Michel Larive. Il s’est déplacé partout dans le monde. Il s’arrête devant chacune d’entre elles pour nous raconter où il était et pourquoi. Il faut dire que c’est un député qui mène de nombreux combats internationaux. Il est membre de l’UIP, l’organisation mondiale des Parlements nationaux. Il a d’ailleurs fait en sorte que Cuba puisse y re-rentrer. Dans ce cadre, Michel Larive est président d’un groupe de travail « science-technologie », qu’il a fondé, dans lequel tous les continents sont représentés.

« On travaille sur une charte éthique internationale de l’usage des techno-sciences pour lutter contre le transhumanisme, la surveillance faciale, etc », nous explique-t-il. In fine, cette charte éthique fera partie de l’arsenal juridique de l’UIP. Elle sera une base pour que les parlementaires du monde entier puissent légiférer sur ces sujets. « Normalement, elle va être adoptée à Kigali en novembre », nous confie-t-il, confiant. Déplorant que « les politiques et les scientifiques ne se parlent pas », il fait tout pour que la discussion ait lieu dans ce cadre. Il s’associe également avec des philosophes pour réfléchir à toutes ces questions : « Je veux savoir comment le philosophe justifie une pensée qui va nier l’humain lui-même. »

Michel Larive évoque également l’année de la science fondamentale qui aura lieu cette année au Vietnam. L’objectif ? « Installer la science dans la diplomatie et la diplomatie dans la science. » Il nous parle aussi des « ‘schools for peace’, où, dans des universités, on fait travailler des chercheurs juifs et palestiniens ensemble. » Un député aux combats internationaux, aux quatre coins du globe.

Michel Larive dénonce la casse « immense » des services publics en Ariège

Michel Larive constate chaque jour la casse des services publics en Ariège. Il est vent debout contre cette situation qui fait souffrir les habitants, en plus de les isoler de plus en plus. « C’est immense la casse des services publics ici. Dans nos écoles rurales, on envoie des gens qui n’ont jamais été instituteurs. Comme dans les quartiers populaires, on a une désertification des services publics. Mais pour nous, tu ajoutes la mobilité, la distance. » Situation qu’il n’a pas manquée de dénoncer lors de la réunion publique organisée à Dun ce jour-là.

Au-delà de la casse des services publics, leur dématérialisation pose aussi beaucoup de problèmes. Comment les gens peuvent-ils y accéder alors qu’il n’y a pas de réseau dans certaines zones du département ? Se posent à la fois la question de la fracture numérique et celle de la fracture générationnelle, pour nos aînés qui utilisent difficilement un ordinateur. « Comment tu respectes la continuité et l’égalité des services publics ? On casse deux des trois principes de base » qui les constituent.

Lors de sa réunion publique à Dun, Michel Larive dénonce sans ménagement la casse des services publics en Ariège et ses conséquences sur les habitants du département. Il parle aussi de pouvoir d’achat, d’écologie, de relocalisations et alerte sur le risque de voir le président de la République appliquer son programme.

« C’est la dernière chance. Avec ce qu’ils nous préparent, il sera trop tard ! Moi, je suis en fin de droits… Bosser 20h pour obtenir son RSA, vraiment ?! », nous explique Éric, un militant de Dun, à la fin de la réunion publique. Michel Larive peut compter sur la motivation complète des militants locaux. À Dun, ils sont 20 militants actifs. « Nous les gens, ils nous suivent parce qu’on est dans les luttes, on s’engage, on fait du lien social » nous explique Bernard.

Homme passionné de culture et de diplomatie, multi-casquette et défenseur des territoires ruraux comme l’Ariège, les insoumis peuvent être fiers de compter dans leurs rangs Michel Larive, un député portant autant de luttes. « On est monté dans un train duquel il sera difficile de descendre. Jean-Luc, il ne peut plus descendre, moi ça va être très compliqué. », nous dit-il en souriant à la fin de notre entretien.

Face au danger de voir Emmanuel Macron garder les mains libres et un Parlement à sa botte, Michel Larive va tout donner pour être réélu député du peuple. Mettre fin à une casse sociale sanglante, à la destruction des services publics, se battre pour l’urgence écologique, défendre la culture et porter la voix de la France à l’international… Il sera de tous ces combats. Rendez-vous les 12 et 19 juin dans les urnes.

Par Nadim Février

Pendant la crise sanitaire, la casse du service public crevait les yeux. « Pendant le Covid, je me souviens d’un infirmier de bloc opératoire qui avait les larmes aux yeux. Il m’avait dit : fais quelque chose, il va arriver des conner***. », nous raconte-t-il. « La casse des services publics a une implication terrible dans la vie des gens. Elle a mis en place un phénomène d’exclusion terrible. Le réflexe des gens, c’est essayer d’aller chercher le coupable. Au lieu d’aller le chercher là où il est, ils ont été le chercher à côté d’eux : le migrant, le jeune, le marginal… »


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