Mettre le macronisme à la retraite !

vendredi 3 juin 2022.
 

Le pouvoir d’achat surplombe, à raison, la campagne législative. Mais l’électeur ferait bien de ne pas se laisser endormir par les trémolos macronistes à propos des retraites. Car le réveil serait brutal.

M. Macron veut repousser l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Il envisagerait aussi un nouvel allongement de la durée de cotisation pour accéder à une retraite sans décote, au-delà des 43 annuités actuelles. La commission européenne pousse pour une nouvelle offensive : elle l’a encore écrit dans ses « recommandations » du 23 mai !

La question de la retraite est socialement centrale. Repousser l’âge de départ est injuste : cela pénalise plus ceux qui ont commencé à travailler tôt et eu les carrières les plus rudes. C’est cruel : 25% des plus pauvres sont déjà morts à 62 ans ! C’est particulièrement sournois : la moitié des personnes partant à la retraite aujourd’hui ne sont déjà plus au travail mais au chômage, au RSA, en invalidité etc. Repousser l’âge de départ est donc une machine à précariser encore.

Il est pourtant possible de financer le rétablissement du droit au départ à 60 ans avec 40 annuités comme le propose le programme de la NUPES : en payant les femmes comme les hommes, en augmentant le nombre de personnes au travail (donc les cotisants) et leurs salaires (donc les cotisations), en soumettant à cotisations des revenus aujourd’hui exonérés (dividendes, heures supplémentaires etc.) et au besoin en augmentant marginalement le taux de cotisation de 0,25 point par an. C’est donc d’abord une question de partage des richesses.

Mais le débat sur l’âge de la retraite n’est pas qu’une question sociale. C’est aussi une question philosophique. A quoi sert le temps d’une vie ? Le temps hors le travail dans le cadre capitaliste est-il du temps « perdu » ou du temps « libre » ? On nous dit qu’il faut « travailler plus longtemps » pour ne pas augmenter les cotisations. Mais augmenter le temps passé à cotiser n’est-ce pas aussi une hausse de cotisation ?

Surtout, c’est nier l’apport social, l’utilité « gratuite » des retraités. Combien de bénévoles d’associations ? Combien de conseillers municipaux, adjoints et maires ? Combien de grands-parents gardant leurs petits-enfants ? Et demain, que faudra-t-il payer si cette société non-marchande assise en partie sur le droit à la retraite devait disparaître ? Combien de « cotisations » forcées pour

payer ce que les associations ne pourront plus fournir en loisir, culture, sport ? Quel coût pour les services marchands et autres cabinets de conseils qui remplaceront les élus locaux ? Combien de frais de garde à régler aux magnats du service à la personne ? A l’arrivée, quelqu’un payera. Mieux vaut que ce soit pour des cotisations permettant une retraite digne et une société de l’entraide que pour enrichir des actionnaires dans une société où tout est marchandise. Voilà un bel enjeu pour le vote des 12 et 19 juin. En faisant gagner une majorité de la NUPES, mettons Macron et son monde à la retraite !

Matthias Tavel


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